Un crime vraisemblablement raciste. Les indices convergent incontestablement vers cette thèse. L'assassin, un jeune blanc de 21 ans, a été arrêté et jeté en prison. Les policiers qui mènent l'enquête privilégient la piste du motif « haineux », ce qui aux Etats-Unis désigne les attaques motivées par l'origine, la religion ou encore l'orientation sexuelle des victimes. Un manifeste retrouvé en possession du forcené, qui circule sur Internet, confirme qu'il s'agit bien d'un crime raciste. Le document fait référence à la tuerie commise par un suprémaciste blanc dans des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande (51 morts, le 15 mars) et met en exergue « une invasion hispanique du Texas ». L'équipée sanglante du tireur, qui a semé la mort samedi dans un centre commercial d'El Paso au Texas, dans le sud des Etats-Unis, repose apparemment sur ces mobiles à caractère xénophobe. Cela s'est soldé par un carnage. 20 personnes venues faire leurs courses ont été froidement abattues. La fusillade, survenue aux abords d'un hypermarché Walmart prisé de la communauté hispanique, a également fait 26 blessés, dont certains se trouvaient dans un état critique. L'assassin a été interpellé puis mis en garde à vue. « Actuellement, nous avons un manifeste de cet individu qui indique qu'à un certain degré il a un lien avec un potentiel crime haineux », a déclaré le chef de la police d'El Paso, Greg Allen, au cours d'une conférence de presse. « Ce manifeste transpire le racisme, l'intolérance et la division », a commenté de son côté Veronica Escobar, originaire d'El Paso, élue du Texas au Congrès américain. « Historiquement, El Paso est une communauté très sûre. Nous sommes en sécurité depuis des décennies et nous continuerons à l'être », a t-elle souligné. Ville frontalière de 680.000 habitants faisant face à la métropole mexicaine de Ciudad Juarez, El Paso compte une population à 83% hispanique, selon des statistiques de 2018. El Paso a connu en moyenne 18 meurtres par an ces cinq dernières années, un niveau bien plus bas que dans d'autres villes américaines d'une taille comparable. Trois Mexicains ont été tués dans la fusillade. Le président Donald Trump a dénoncé une fusillade « tragique » et « un acte lâche ». « Il n'y aura jamais de raisons ou excuses pour justifier le meurtre de personnes innocentes », a-t-il tweeté. Le candidat à la primaire démocrate Beto O'Rourke, originaire d'El Paso dont il a jusqu'à récemment été le représentant au Congrès, a accusé M. Trump d'encourager le racisme aux Etats-Unis. « Nous assistons à une augmentation des crimes haineux chaque année depuis trois ans, sous une administration dont le président traite les Mexicains de violeurs et de criminels », a-t-il dénoncé après avoir rendu visite aux blessés dans un hôpital d'El Paso. « Trump est un raciste et il attise le racisme dans ce pays », a-t-il accusé. D'après certains médias, le tireur s'appelle Patrick Crusius. Il est originaire d'Allen, près de Dallas, à neuf heures de voiture d'El Paso, et s'est rendu à la police après le massacre. Sur une capture d'écran de caméra de surveillance, on le voit entrer dans l'hypermarché armé d'un fusil, les oreilles couvertes d'un casque anti-bruit. « Cette journée, qui aurait dû être normale pour des gens venus faire du shopping, s'est transformée en l'une des plus meurtrières de l'histoire du Texas », a déploré le gouverneur de cet immense Etat, Greg Abbott, lors d'une conférence de presse. Le destin a voulu qu'elle tourne au drame.