La population se prémunit contre la rudesse du temps, à sa manière, et chacun selon ses moyens... Mais, il est une catégorie, pour qui l'épreuve de la saison hivernale est un vrai supplice. Il s'agit de la communauté des sans domicile fixe. Ces parias des temps modernes qui trouvent en la rue, avec toutes ses cruautés, un succédané à leur détresse. Entre ciel et terre, ils élisent domicile sur un bout de trottoir avec, en guise de couverture, de vieux bouts de tissus et de cartons. Victimes expiatoires des contingences de la vie, ils ont, matin et soir, rendez-vous avec l'implacable indifférence que leur vouent leurs semblables. Plus personne presque, ne se soucie de leur cas. Pourtant, on ne peut pas dire qu'ils passent inaperçus de par une présence physique assez encombrante pour ne pas être remarquée et dans des endroits chocs à défaut d'être chics, à l'image des alentours du Théâtre régional d'Annaba, la Gare ferroviaire, sous les arcades du marché couvert, et les arcades du Cour de la révolution, ainsi qu'à l'intérieur des immeubles etc. La société civile prompte à prêter de manière pas trop exagérée, son flanc aux réunions de salons surchauffés, ne souffle mot sur la condition désespérée de cette armée de sans-grade. Cela, en dépit du fait que la mission civique, et à plus forte raison, humanitaire, de voler au secours de ces défavorisés et déshérités, relève de ses attributions fondamentales. Mais, est-il encore légitime d'espérer quoi que ce soit de sa part, lorsque certains de ses représentants n'agissent que pour se mettre en valeur et flatter un ego en mal de reconnaissance? Seul l'Etat, à travers ses démembrements, prend encore et toujours sur lui la charge de s'occuper de cette frange de damnés, et ce, en lui portant l'assistance nécessaire par le biais de la direction de l'action sociale (DAS). Malheureusement, qu'a fait cette institution pour ces opprimés? Réunion après réunion, regroupant ainsi les principaux concernés par cette question sensible, en fin de chaque séance, quelles décisions ont-ils prises, quelle mécanique de prise en charge pour ces SDF a été mise au point? Toutes ces réunions sont censées se traduire par des propositions de programmes, tels le recensement des sans domicile fixe, le ramassage, la prise en charge médicale et sociale avant l'étape cruciale de la tentative de leur réinsertion, notamment pour les jeunes dont l'âge varie entre 8 et 17 ans, et dont la ville d'Annaba en compte plus d'une cinquantaine, s'entremêlant ainsi aux centaines d'adultes qui pullulent dans les rues et ruelles de la ville. Dans le même ordre d'idées, quel rôle joue le Croissant-Rouge algérien, en matière d'aide à ses SDF; apparemment rien. Tout compte fait, l'essentiel n'est pas là. Il réside dans la capacité qu'auront ces organismes à respecter leurs engagements et à aller au bout de leurs promesses. Cela n'est pas rien, notamment quand on se rappelle que l'année dernière plusieurs projets ont été initiés et pas un de réalisé. Puisse cette année être bénéfique pour ces démunis en réchauffant leur corps et coeur en cette période glaciale.