Mais que se passe-t-il dans le secteur de l'éducation nationale ? Le mystérieux mouvement de protestation du corps enseignant survenu ces derniers jours, a donné lieu à plusieurs interrogations. Depuis le 6 octobre dernier, des enseignants relevant du palier du primaire principalement, observent une grève cyclique intervenant chaque lundi. Rien de bien particulier a priori, sauf que cet appel au débrayage a été lancé anonymement sur les réseaux sociaux (Facebook). Aucun des nombreux syndicats que comprend le secteur de l'éducation n'a donné le mot d'ordre. C'est ce que confirmera le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura. Ce dernier, a ainsi manifesté son étonnement quant au taux de suivi de cette grève lancée de façon ambiguë. Le plus surprenant est de constater que « quand ce sont des syndicats de l'éducation qui appellent à ce type d'actions, l'écho n'est pas souvent favorable chez les enseignants du primaire », fera remarquer Boualem Amoura à l'Expression. « Or, là, de nombreux enseignants répondent présents », a-t-il ajouté. Il attirera encore l'attention sur le fait que les enseignants ayant pris part à ce mouvement, n'ont pour la plupart, « jamais manifesté un quelconque intérêt pour les revendications du personnel enseignant ». « Pourquoi maintenant » ? S'est –il interrogé. Il jugera par là, qu'il s'agit sans doute de parties incitées par des motivations politiques, établissant même le lien avec l'élection du 12 décembre prochain. Il accusera par ailleurs ces mêmes parties de vouloir discréditer les syndicats qui ne cessent d'activer réellement sur le terrain. Le but serait d'après lui, de détourner l'attention sur les vrais problèmes du secteur. Notre interlocuteur soulèvera en outre, que le suivi a été nettement plus conséquent au niveau des wilayas de l'Est. Cela dit, le SG du Satef s'est dit perplexe quant à l'évolution de ce mouvement sur le moyen et long terme. « Je suis convaincu que ce phénomène ne durera pas et s'essoufflera vite», a-t-il assuré. Pourquoi ? Boualem Amoura explique que les instigateurs de ce « mouvement » font preuve d'un « amateurisme évident » en termes d'organisation. Il soulèvera d'ailleurs que dans la wilaya de Constantine, les enseignants grévistes avaient observé un rassemblement au niveau de l'académie, emmenant avec eux leurs propres élèves qui brandissaient des pancartes portant sur les revendications socioprofessionnelles des enseignants. Ce qui est en soi « inadmissible », a-t-il estimé. Boualem Amoura dira enfin, qu'il s'agit d'un « non-événement » et qu'il est très peu probable que le phénomène prenne de l'ampleur. Mais en attendant, de nombreux enseignants ont affirmé qu'ils comptaient débrayer chaque lundi, malgré les menaces de sanctions, émanant de la tutelle. Sans oublier le fait que, le débrayage a été suivi dans différentes wilayas, ceci dit, à des degrés variables. On citera par exemple Tizi Ouzou, où un nombre d'enseignants a tenu un rassemblement devant la direction locale de l'éducation. Dans la wilaya de Guelma, un taux de suivi de 51,57% a été enregistré avec 1 440 enseignants grévistes sur un total de 2 780 enseignants exerçant dans le palier primaire, selon les responsables locaux de la direction de l'éducation. A Batna, peu d'enseignants ont répondu à l'appel de grève, notamment au chef-lieu de wilaya. A Annaba, le mouvement de grève a été suivi dans trois établissements d'enseignement primaire sur les 70 écoles primaires que compte le chef-lieu de wilaya, avec un taux de suivi qui ne dépasse pas les 2%, selon les responsables de la direction de l'éducation. Les revendications soulevées sont inhérentes à la pédagogie et à l'organisation du travail au sein des écoles, la surcharge des classes et le fait de dépendre de deux tutelles, à savoir la direction de l'éducation en tant qu'employeur et les communes à qui incombe la gestion des écoles, en l'occurrence.