Il y a eu d'abord la crise survenue à la suite du détournement de l'Airbus de la compagnie Air France par des terroristes et la décision prise par les Français, d'une part, de convaincre les autres pays européens d'interdire à leurs avions de transport d'atterrir en Algérie et, d'autre part, aux avions «d'Air Algérie» d'aller faire du kiss-landing ailleurs qu'à Orly. L'embargo sur Alger commença ce jour-là. Situation inattendue qui devait s'illustrer par un sévère coup porté à Air Algérie dont les conséquences auraient pu dégénérer plus sévèrement si la chance ne s'était pas placée du côté des plus injustement visés. Résultat, Air Algérie, dont la flotte souffrait d'une profonde vétusté, sera dans l'obligation d'assumer un plan de charge extraordinaire pour ses avions dépassant de loin leurs capacités réelles. Un profond malaise s'installe alors au sein de la compagnie, laquelle sera obligée non seulement d'affréter des avions supplémentaires à coups de millions de devises pour honorer son cahier des charges, mais encore concédera aux meilleurs de ses pilotes des heures supplémentaires payées à prix d'or. Puis ce fut l'embellie. Accusé trop longtemps d'être passif et ses idées peu compatibles avec ce que l'aviation civile algérienne exigeait de mesures efficientes pour sortir de la crise, le ministère des Transports eut l'idée d'accorder coup sur coup à cinq entrepreneurs privés l'agrément de constituer légalement des compagnies de transport aérien fondées sur les lois en vigueur en Algérie et dans le monde avec, bien évidemment, un financement privé. Parmi ces cinq compagnies une seule réussira à se maintenir au-dessus de l'étiage: Khalifa Airways ! Laquelle, depuis deux ans environ, aura contribué à guérir le stress qui s'emparait de l'Algérien chaque fois qu'il était obligé de voyager sur « Air Algérie » plus que jamais monopole d'Etat. Cela étant dit, n'allons quand même pas croire qu'à Khalifa Airways, il n'y a que du meilleur en comparaison des services rendus par la compagnie nationale. Non, bien sûr! Car chez Khalifa aussi et sur ce point des milliers de passagers peuvent en témoigner, la question des horaires de décollage si elle a, connu son embellie dans le cadre du «tout nouveau tout beau» des premiers jours, a eu, aussi, sa part de stress sur ses voyageurs à cause des retards enregistrés après six mois de travail seulement de la compagnie, même s'il faut rappeler la qualité de l'accueil qu'elle a toujours prodigué aux passagers que ce soit dans ses agences ou dans les aéroports desservis par ses appareils. Cela dit, on a toujours accusé Air Algérie de peser d'une lourde main sur les services que les aéroports algériens peuvent apporter à un avion dès l'atterrissage jusqu'au décollage. Khalifa recevait-elle les mêmes services, en bénéficiait-elle au même titre que les autres compagnies? Il semble que ces derniers mois l'équilibre, qui doit en principe exister sur la distribution de ces services à toute compagnie demanderesse, ait péché par un certain parti pris de la part des exécutants. S'agit-il d'une politique délibérée de la part de la direction générale d'Air Algérie? Renseignements pris, il semble qu'aucune mesure de ce type n'ait été prise à l'encontre de Khalifa malgré les contradictions que de tels propos aient pu susciter ici et là, l'un et l'autre directoire ayant compris que des querelles de cette nature entre l'une et l'autre compagnie n'arrangeraient pas les choses. Aussi a-t-on préféré recourir à la maturité des hommes et à leur responsabilité pour redémarrer sur un bon pied. Si bien que ce qui arrive à Air Algérie et à Khalifa Airways, aujourd'hui, et qui n'est rien d'autre qu'une convention indiquant que les deux compagnies travailleront en pool dorénavant de la même manière que ce type de contrat qui liait Air Algérie et Air France, à l'époque où cette dernière desservait Alger et plusieurs villes d'Algérie sans poser des problèmes de sécurité autres que ceux en vigueur dans les autres contrées du monde. Sans doute n'est-il point déraisonnable de croire que la mise en oeuvre du contrat qui vient d'être signé, aura des conséquences positives certaines sur le confort des passagers. Mais, comme Saint-Thomas, nous dirons quand-même: «Attendons pour voir.» A moins qu'il ne s'agisse d'un sauvetage voulu par la puissance publique d'une des deux compagnies, nous n'en serons pas quitte pour autant avec tout ce qui se trame dans l'underground des compagnies aériennes.