Pendant trois jours, les spécialistes abordent la problématique relative à l'utilité sociale du théâtre. Théâtre, ville et citoyenneté, c'est le thème choisi par l'Etablissement Arts et culture pour les journées d'étude théâtrales de la ville d´Alger. Ouvertes avant-hier, au Théâtre de verdure à Alger, ces rencontres consacrées au quatrième art se veulent une occasion propice pour aborder la problématique relative à la crise que vit le théâtre. «Pour cette rencontre autour du thème Théâtre, Cité et Citoyenneté, s'interroger sur les articulations possibles, voire évidentes, a conduit en effet à soulever des questions d'histoire, de sociologie, de philosophie et de politique. Mais ce qui est apparu en filigrane de nombreuses communications, c'est la problématique de l'utilité sociale du théâtre», lit-on sur le document distribué à la presse. Aussi, ces rencontres, dont la clôture est prévue pour aujourd'hui, se déroulent avec la participation d´enseignants universitaires, d´académiciens, de dramaturges et critiques connus pour leurs contributions en dramaturgie. Dans une allocution d´ouverture, le directeur de l´établissement Arts et culture, M.Rédouane Mohamedi, a indiqué que cette initiative est le fruit des concertations avec le mouvement de proximité qui a cerné les activités culturelles de nature à redynamiser l´art, notamment le théâtre, en tant que mode d´expression de la relation liant le citoyen à sa ville. «Le théâtre, précise M. Mohammedi, est le premier art mis à contribution par l´Etablissement dans la mise en place d´un mouvement de continuité et d´interaction entre citoyens et artistes évoluant au sein d´une même ville.» Universitaire et journaliste connu pour ses écrits sur l´histoire du théâtre, M.Ahmed Cheniki a souligné l´importance du théâtre depuis l´antiquité, citant à titre d´exemple la Grèce où cet art a prospéré au rythme du développement de la ville d´Athènes dont la société prenait conscience des changements qui l´affectaient au quotidien sur les planches du théâtre. M.Cheniki a déploré le fait que seuls des experts français ont répondu à l´invitation de l´Etablissement Arts et culture qui a pourtant adressé des invitations à des dramaturges arabes. Le premier jour de cette manifestation culturelle a été marqué par l´intervention de Mlle Fouzia Akak qui a mis en relief le rôle de l´école dans l´épanouissement du goût artistique chez l´enfant, notamment en matière de théâtre, estimant que le premier art favorise l´apprentissage de la culture citoyenne. Pour sa part, M.Bouziane Benachour, écrivain et journaliste, a retracé le développement du théâtre national, notamment après 1988, estimant que les mutations politiques et sociales du pays ont contribué à son développement et favorisé la «rupture avec les pratiques du passé.» Aussi nombre d´intervenants ont commenté ces propos en estimant que «le théâtre n´a pas accusé une rupture entre ancienne et nouvelle génération, mais un progrès dicté par les mutations de la société.» Les journées théâtrales se poursuivront jusqu´à mercredi prochain avec l´animation de plusieurs conférences portant notamment sur le concept de citoyenneté et une table ronde sanctionnée par une pièce de théâtre intitulée Les fous sages et interprétée par la troupe théâtrale de la ville de Koléa. Par ailleurs, la journée d'hier a été également animée par d'autres hommes de théâtre, à l'instar du metteur en scène français Jean Yves Picq. Pour ce dernier, «il s'agit de donner au théâtre public la possibilité de rendre compte de la complexité de l'économie contemporaine».