«I really can't assist the court» (je ne peux vraiment pas aider la cour) a répondu le procureur au juge, hier, à la mahkama de la prison de haute sécurité de Belmarsh où a eu lieu l'audience de Lotfi Raïssi. En effet, après avoir été le «gros» suspect des événements du 11 septembre jusqu'à l'inculpation de Zacarias Moussaoui, il ne reste plus l'ombre d'une évidence au dossier. «Cela fait près de quatre mois que j'attends que vous rameniez une quelconque preuve. A chaque fois vous dites que nous continuons nos recherches. Je pense que le gouvernement américain est en train d'utiliser la justice britannique. Sa malhonnêteté dans cette affaire est flagrante. Je vais garder Raïssi encore en détention jusqu'au 12 février prochain, date de la prochaine audience. Et si vous ne le chargez d'aucun crime relatif au terrorisme, je serai dans l'obligation de le libérer.» Pour une fois, la patience du juge Timothy a commencé à se perdre: «Les deux charges que vous avez présentées jusqu'à présent n'ont aucune relation avec le terrorisme et sont très mineures pour faire l'objet d'une extradition.» Dans la salle réservée au public au premier étage de la mahkama, la famille de Lotfi Raïssi commence à respirer. Le sourire se lit sur tous les visages. L'espoir de la libération prochaine de Lotfi renaît. Dehors, juste en face de l'entrée du building, une dizaine d'Algériens brandissent dans le calme des pancartes où nous pouvons lire: «Lotfi est innocent» ; «Quelle honte» ; «Où sont les droits conventionnels de Raïssi?» La presse présente en masse se rue pour prendre en photos et filmer les manifestants jusqu'à ce que Sonia, la femme de Lotfi, lise un statement et réponde aux questions des journalistes. «Aujourd'hui vous êtes témoins d'une mascarade. Mon mari n'est détenu que parce qu'il est Algérien et musulman. Les Américains s'acharnent injustement contre lui. Ils ont honte de reconnaître leur erreur initiale et ne savent plus quoi faire. Ils ont détruit notre vie. Notre avenir. Le rêve de Lotfi est devenu un cauchemar. Rendez-moi mon mari», déclare Sonia avant d'éclater en sanglots. Rabéa, la mère de Lotfi s'est adressée, quant a elle, à l'opinion publique internationale affirmant qu'elle s'est adressée au Président de la République algérienne pour qu'il puisse intervenir auprès des Américains, car son fils n'est qu'une victime des événements du 11 septembre. «Il est en prison uniquement parce qu'il est détenteur du passeport vert. Les Américains se sont vraiment trompés. Il faut qu'ils sachent qu'il n'y a pas que des terroristes en Algérie. Cela fait presque dix ans que nous combattons ce phénomène. Les Américains, qui ont instruit les kamikazes sont libres. Et si Lotfi avait instruit l'un d'entre eux, il est sûr et certain que c'est la chaise électrique qui l'attend. Dieu merci, il n'a eu a en connaître aucun». La personne accusée d'être Hani Hanjour, le pilote qui s'est écrasé sur le Pentagone, était parmi les manifestants. Cette fois-ci, il portait une casquette et des lunettes pour ne pas être reconnu. Il est Algérien et vit illégalement en Grande-Bretagne. «S'ils veulent que je témoigne, je suis là. Si on m'expulse pour la cause de Lotfi, je suis prêt.» Mais les Américains ne parlent plus de cette fameuse photo... Il n'y a que la non-déclaration d'une opération au ménisque dans le formulaire d'entrée dans une école de pilotage aux States. Enfin, la quinzaine d'Algériens présents à l'audience regrettent amèrement l'absence totale d'un quelconque membre de la mission diplomatique algérienne. «Malheureusement, ils ne sont préoccupés que par le...»