Les Algériens ont passé une fête de l'Aïd assez exceptionnelle. Confinés chez eux du fait de la pandémie de coronavirus et dans l'impossibilité de se déplacer pour les visites familiales, ils se sont rabattus sur les moyens de bord: téléphones, viber, what sap, messenger. Ils ont la possibilité d'user du son et de l'image, mais aux quatre coins du pays, les Algériens ont conscience que cette «prouesse» ne remplacera jamais la tradition séculaire. Et pour cause, les applications ont certes permis aux citoyens de prendre des nouvelles de leurs proches et d'échanger les voeux, mais un goût amer est tout de même resté dans toutes les conversations virtuelles. C'est ce que disent toutes les personnes interrogées par L'Expression. Parmi ces dernières, il en est qui n'avaient pas réussi à parler à l'ensemble des membres de leurs familles, éparpillées dans leur ville ou ailleurs, à travers le pays et dans le monde, pour cause de saturation des réseaux. Un autre motif de frustration qui vient s'ajouter à l'obligation de distanciation sociale imposée par le Covid19. Hier et avant-hier, les routes, les rues, les places publiques étaient quasi désertes. Très peu ou pas du tout d'automobiles. Pas ou presque pas du tout d'enfants joyeux sous les balcons à courir dans tous les sens. Tout ce qui fait la vie en ce jour béni de l'Aïd el Fitr est resté en veilleuse. Les hôpitaux qui ont continué à fonctionner normalement en H24 pour accueillir les malades, rappellent aux Algériens tout le sens de cette fête gâchée. Seule satisfaction, mais que presque personne n'a retenue aura été le comportement très correct des commerçants qui ont respecté leur permanence. «Le programme de la permanence au premier jour de Aïd el Fitr a été respecté à 99,44% par les commerçants réquisitionnés à travers le territoire national», selon un communiqué du ministère du Commerce». Près de 43 000 commerçants pour assurer la permanence ces deux jours de l'Aïd avec obligation de respecter les mesures de confinement imposées dernièrement par le gouvernement. La même source qui a fait la comptabilité du premier jour de l'Aïd, note que le taux de suivi était très élevé, «en dépit de la situation sanitaire que connaît le pays et des mesures rigoureuses de confinement imposées, dont la suspension du trafic routier pour tout type de véhicule, ajoute le même département». Sur le plan national, le même communiqué informe que le suivi «a atteint 100% au niveau de la direction régionale (DR) d'Alger, 99.96% au niveau de la DR de Annaba, 100% au niveau de la DR de Ouargla, 95.25% au niveau de la DR de Béchar et 99.81% à la DR de Blida. Ce taux a, également, atteint 100% au niveau des DR des wilayas de Batna et Saïda». Une prouesse. Les Algériens n'ont pas pu apprécier les voix des fidèles s'élever des mosquées pour Salat El Aïd. Les voix quelque peu nasillardes des imams qui plasmodiaient les formules rituelles aidées par des haut-parleurs, histoire de meubler une fête très particulière, n'ont pas réussi à restituer l'âme des fidèles. L'opération avait quelque chose de trop surfait et augmentait donc la frustration ambiante. Bref, les Algériens ont marqué la fin du Ramadhan, mais pas comme ils l'auraient souhaitée.