Entré dans l'Exécutif à la faveur du dernier remaniement gouvernemental, le nouveau ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane travaillera à éviter à l'Algérie un recours au financement extérieur. Le ministre, qui s'exprimait en marge d'une Journée d'études portant sur «la mise en oeuvre de la réforme budgétaire», a expliqué que ce choix présidentiel poursuit l'objectif de s'éloigner de tout ce qui «pourrait nous entraver dans notre démarche de développement et dans l'indépendance de nos décisions économiques et financières». Pour trouver de l'argent «frais», Benabderrahmane a estimé qu'il existait d'autres pistes. Sans définir ces pistes, le ministre des Finances semble assez à l'aise avec le sujet et argue que le gouvernement a la latitude de financer les besoins budgétaires de l'Etat. Il n'y a pas de secret, en réalité et Benabderrahmane évoque sans surprise «des marges que nous allons exploiter et nous n'allons lésiner sur aucun moyen pour parvenir au financement du déficit et faire face aux besoins budgétaires de l'Etat». C'est dit. Faut-il souligner, à ce propos que le budget de fonctionnement qui fait partie de ces marges a déjà été amputé de moitié. Il reste peut-être l'ouverture du capital de certaines grandes entreprises publiques, à l'exception des plus stratégiques d'entre elles. Mais le ministre n'est pas allé sur cette voie, se contenant de son air placide et visiblement sûr de son affaire. La raréfaction du dinar, suggérée par certains est une fake news, aux dires du ministre. Benabdarrahmane assure que les liquidités circulant dans le système financier national sont «à un niveau acceptable». Il n'y a donc pas de crise de liquidité et les banques ne refusent pas le financement de projets, mais sont plus regardantes à leur efficience. «Les comités de crédit sont fonctionnels contrairement à ce que certains disent», insiste le grand argentier du pays et de souligner sur la mission des établissements financiers appelés à faciliter l'investissement productif. C'est le voeu premier du chef de l'Etat. «Nous allons mettre à disposition tous les outils et les mesures techniques, organisationnelles et juridiques pour faciliter l'investissement», a promis le ministre. Cela passe nécessairement par une mise à niveau du secteur, dont Benabderrahmane a désormais la charge, à travers une réforme sérieuse. À ce propos, le ministre rassure sur le caractère prioritaire d'une réforme profonde du système financier et du système bancaire en particulier. Mais il est entendu que le chantier a déjà usé beaucoup de ministres, sans que l'on voit une évolution notable. Benabderrahmane en donne un aperçu en notant que «ces réformes concernent, notamment la gouvernance des banques et leur restructuration», à l'effet d'obtenir en bout de piste «un système bancaire moderne, notamment via la digitalisation qui devra également concerner les différentes administrations dépendant du ministère des Finances». Ce n'est pas gagné.