«La tolérance ne saurait se réaliser sans le dialogue et le respect de la diversité civilisationnelle». La journée d'étude sur «les valeurs de tolérance dans la pensée arabo-musulmane», organisée, jeudi à l'Université d'Alger, par le mouvement des femmes solidaires avec les femmes rurales a été riche. Riche par le niveau des débats et riche par la qualité des invités conviés à cette journée placée sous le haut patronage du président de la République. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, a ouvert le bal et rappelle que «la tolérance est une partie intégrante de notre culture». Il en veut pour preuve cette confession qu'il a faite devant des centaines d'étudiants: «Mon père s'appelle Aissa, mon fils Zaccaria, dans ma famille il y a les prénoms de Meryeme, Moussa et Daoud, dites-moi s'il y a parmi vous quelqu'un qui a une fille qui s'appelle Fatima et son frère Ahmed» a-t-il dit ajoutant que «c'est là, la meilleure preuve de tolérance et d'acception des autres religions». Une tolérance que les musulmans doivent «faire savoir aux autres et non de nous en convaincre nous-mêmes». Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, a indiqué que l'islam «ne doit pas être un moyen de pression sur les individus» car, a-t-il dit, «ceci entamerait toute sa sacralité». Pour sa part, le président du Haut conseil islamique (HCI) a appelé les intellectuels à se démarquer de l'extrémisme. Sur la même longueur d'onde, le président du Conseil supérieur de la langue arabe, Larbi Ould Khalifa, a indiqué que «la tolérance exige un dialogue où les deux parties doivent être égales pour éviter toute confrontation ou choc». Pour sa part, Mgr Henri Teissier, archevêque d'Alger, a estimé que la tolérance est «un combat» qui se conjugue au quotidien et pas seulement «de belles paroles», soulignant que la question de la tolérance «se pose dans toutes les sociétés». Il a rappelé que l'Eglise catholique a souffert de l'extrémisme. Mgr Henri Teissier a estimé que l'autorisation accordée à l'Eglise catholique à Alger par le ministère de la Culture pour célébrer au Palais de la culture, le10e anniversaire de la mort de l'archevêque Duval «est la meilleure preuve de l'existence des valeurs de tolérance en Algérie». Cette rencontre a régénéré la passion du débat à l'université. Le penseur et chercheur irakien dans les questions stratégiques arabes et internationales, le Dr Abdel Hocine Chaâbane n'a pas mâché ses mots quand il a appelé à séparer la religion de la pratique politique devant un parterre qui n'est pas acquis aux idées laïcistes. Il a condamné ceux qui «veulent faire de l'islam une idéologie qui n'a rien à voir avec l'esprit de sa noble mission», «La tolérance ne saurait se réaliser sans le dialogue, l'acceptation d'autrui et le respect de la diversité civilisationnelle et culturelle», a-t-il ajouté. Le chercheur irakien a rappelé le rôle de la pensée chrétienne dans la diffusion des valeurs de la tolérance et les positions de l'Occident à l'égard de plusieurs questions concernant le monde arabe, notamment «le soutien des intellectuels occidentaux à la cause palestinienne et leur rejet de l'invasion de l'Irak».