Joe Biden a été officiellement investi mardi par les démocrates pour la présidentielle américaine le 3 novembre où il affrontera Donald Trump qui l'a accusé d'être la «marionnette» de l'aile gauche du parti. Dans un vote sans surprise, la majorité des délégués démocrates a choisi l'ancien vice-président pour défier le milliardaire républicain, au deuxième jour de la convention du parti organisée à Milwaukee (nord) mais entièrement virtuelle en raison du Covid-19. «Merci du fond du coeur», a réagi dans un message vidéo en direct M. Biden, 77 ans. Il doit accepter cette nomination, aujourd'hui, lors du discours de clôture de la convention qui fera entrer la campagne électorale dans le vif du sujet. Deux autres anciens présidents, Jimmy Carter, 95 ans, et Bill Clinton, 73 ans, ont été les vedettes de la deuxième soirée. Tous deux ont accusé le locataire de la Maison-Blanche d'avoir installé le «chaos». Alors que le pays est plongé dans une grave crise économique et sanitaire, «le Bureau ovale devrait être un centre de commandement. Au lieu de cela, c'est le coeur de l'orage. Il n'y a que le chaos», a affirmé M. Clinton. Jimmy Carter a pour sa part salué l'expérience, la personnalité et la décence» de Joe Biden «pour nous rassembler et restaurer la grandeur de l'Amérique». L'étoile montante au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, figure de l'aile gauche du parti et farouche opposante du président, n'a eu droit qu'à une brève intervention. La femme de Joe Biden, Jill, devait s'exprimer en fin de soirée. Elle devait évoquer le courage de son mari qui a vécu deux drames, la mort de sa première femme et de sa fille dans un accident de voiture en 1972, puis son fils aîné Beau décédé d'un cancer en 2015. Pour marquer la capacité de Joe Biden à unifier les modérés des deux camps, la convention devait aussi diffuser les messages de républicains respectés: l'ancien général Colin Powell, ministre de la Défense de George W. Bush, et Cindy McCain, la veuve du sénateur décédé en 2018 John McCain, héros de la guerre du Vietnam que M. Trump détestait. Barack Obama devait s'exprimer hier soir, après la colistière de M. Biden, Kamala Harris. Soucieux de ne pas laisser les démocrates accaparer toute l'attention médiatique, Donald Trump sillonne les Etats-Unis, concentrant ses efforts sur les Etats-clés. Après le Minnesota et le Wisconsin lundi, il s'est rendu mardi dans l'Iowa et en Arizona. Il a renouvelé, à cette occasion, ses attaques chaque jour plus agressives envers celui qu'il affuble systématiquement du surnom moqueur de «Sleepy Joe» («Joe l'endormi»). «Joe Biden est la marionnette de la gauche radicale», a-t-il lancé, pour mobiliser son électorat conservateur. «Cela va au-delà du socialisme». «La Chine veut absolument qu'il gagne! L'Iran veut absolument qu'il gagne!», a-t-il lancé sous les applaudissements, se posant un négociateur intraitable. Pour la soirée d'ouverture de la convention, l'ex-Première dame Michelle Obama, qui bénéficie d'une cote de popularité inoxydable dans le camp démocrate, s'était livré lundi à un réquisitoire sur le bilan de M. Trump et dénoncé son «manque total d'empathie».Accusé d'avoir creusé le fossé entre deux Amériques, une «rouge» (républicaine) et une «bleue» (démocrate), Donald Trump a répondu du tac au tac sur Twitter. «Les gens oublient combien notre pays était divisé sous ObamaBiden», a ajouté le président, en difficulté dans les sondages. M. Trump a confirmé qu'il prononcerait son discours à l'issue de la convention républicaine depuis les jardins de la Maison-Blanche, le 27 août. Affirmant avoir «sauvé des millions de vies» et assurant être en train de reconstruire «une économie encore plus forte qu'avant», il a balayé les critiques sur sa gestion de la pandémie de coronavirus qui a fait plus de 170.000 morts aux Etats-Unis. Donald Trump, qui a largement bâti son succès de 2016 sur son goût des estrades, sa capacité à jouer avec les foules, s'est aussi moqué du message enregistré de Michelle Obama. «Contrairement à Michelle Obama, je serai en direct. C'est toujours beaucoup mieux en direct», a-t-il ajouté, évoquant son discours.