La Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a réagi, hier, en déplorant l'usage excessif de la force à l'encontre des manifestants qui ont crié leur colère face à l'aggravation des conditions de vie et ont fait l'objet d'arrestations arbitraires. Dans son communiqué, la Manul a ainsi tenu à exprimer son «inquiétude concernant les rapports sur les violations des droits de l'homme et les abus en cours dans la ville de Syrte, à quelque 450 km à l'est de Tripoli, qui comprennent le meurtre d'un civil, l'arrestation arbitraire de plusieurs autres et l'entrée de force illégale dans des propriétés privées». Dans toute la Libye, la Manul dit «avoir relevé une augmentation significative des rapports de violations des droits de l'homme, y compris des arrestations et des détentions arbitraires, des restrictions à la liberté de mouvement et d'expression, ainsi qu'au droit de réunion et de protestation pacifiques». Elle a conclu en lançant un appel pressant «au calme, à l'application de l'Etat de droit et à la préservation des droits de tous les citoyens à exprimer pacifiquement leurs opinions». Comme aussi, elle a renouvelé sa position concernant la nécessité d'une relance du dialogue politique, assortie d'un cessez-le-feu durable, seule voie à même de permettre à la Libye de sortir de la crise actuelle et de restaurer les institutions capables de répondre aux attentes du peuple libyen. Le 21 août dernier, à la surprise générale, le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale libyen (GNA), reconnu par les Nations unies, Fayez al-Serraj, et le président de la Chambre des représentants, basée à Tobrouk, Aguila Saleh, ont simultanément divulgué un accord de cessez-le-feu immédiat sur l'ensemble du territoire libyen, préalable à l'amorce d'un dialogue «inclusif» qui doit permettre de mettre fin au conflit qui endeuille la Libye et d'ouvrir la voie à l'organisation prochaine d'élections législatives puis à une présidentielle, conformément à la feuille de route validée par le Conseil de sécurité de l'ONU en décembre 2018. Malgré le climat de grogne sociale inhérent à la détérioration des conditions de vie, le chef du GNA Fayez al Serraj a pris plusieurs mesures dont la nomination d'un nouveau ministre de la Défense et un nouveau chef d'état-major des armées. Dans deux décrets distincts, il a élevé le colonel Salah Eddine al-Namrouch au portefeuille de la Défense tandis que le colonel Mohamed Ali al-Haddad, promu général, devient le chef d'état-major des forces du GNA. Le premier était déjà vice ministre dans un secteur sans ministre désigné tandis que le second, originaire de Misrata (200 km de Tripoli), commandait la zone militaire de la Tripolitaine, tout en ayant des attaches avec les puissantes milices qui ont chassé Daesh de Syrte et les forces du maréchal Haftar de l'Ouest du pays. Concertées lors d'une réunion d'al-Serraj avec les quatre autres membres du Conseil présidentiel, ces décisions constituent une des réponses apportées au mécontentement populaire qui s'exprime dans la capitale et dans d'autres villes de la Tripolitaine, face à une corruption ravageuse et à une détérioration continue des conditions de vie. C'est ainsi que la mesure concernant le ministre de l'Intérieur, Fathi Bachagha, suspendu par le GNA, a été prise alors qu'il se trouvait en Turquie pour des entretiens avec le ministre turc de la Défense et d'autres responsables. Il a été accueilli en fanfare samedi, à sa descente d'avion, dans l'aéroport de Tripoli, par les milices de Misrata...