Le 1er novembre 1954: An I de la révolution. Elle durera plus de sept longues années. Elle aura macéré depuis le début de la colonisation, en 1832, jalonnée par des soulèvements qui finiront par être réprimés, puis par des luttes de leadership et des positions politiques qui feront éclater un Mouvement national fracturé. La scission du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) signera la naissance du Front de Libération nationale. C'est sous sa bannière que sera lancé ce mouvement insurrectionnel exceptionnel, cette révolution fabuleuse, le 1er novembre 1954, qui ne prendra fin officiellement, que le 5 juillet 1962 après la signature des accords d'Evian le 19 mars 1962 qui porteront le sceau d'un de ses chefs les plus emblématiques: Krim Belkacem. Le 1er novembre 1954 n'est pas le fruit du hasard, il est né d'une spoliation, d'une dépossession effrénée des Algériens de leur terre, les réduisant à une condition de sous-hommes. Au statut «d'indigène». Ceux qui s'y sont opposés subiront une répression sauvage qui servira de ferment à une improbable révolution. Elle aura pourtant bel et bien lieu., dans le sillage de la défaite de Diên-Biên-Phû (ville du nord du Vietnam), tombeau de l'armée coloniale française et des velléités d'indépendance en Tunisie et au Maroc. Le bruit des armes n'allait pas tarder à retentir en Algérie. Seule option désormais pour arracher son indépendance, d'autant plus que l'armée coloniale a montré qu'elle n'était pas invincible. Le revers retentissant, qu'elle a subi au Vietnam l'atteste. 1er novembre 1954: il y a 66 ans l'Algérie allait s'enflammer. Des casernes, des commissariats, des unités industrielles... sont attaquées dans la nuit du 31 octobre à travers le pays. Ceux qui ont planifié ce «baptême du feu» qui embrasera le pays n'avaient pour la plupart d'entre eux pas plus de 35 ans. À ce moment-là, personne ne savait que le sort du mythe de l´Algérie française était désormais définitivement scellé. Les Français auront beau se démener pour garder sous leur coupe ne serait-ce qu'un pan de ce territoire qu'ils ont occupé pendant plus d'un siècle. Ils ne lésineront sur aucun moyen: tortures atroces, liquidations physiques, désinformation...Toute une panoplie qui consiste à à faire échec au 1er novembre sera déployée. C'était sans compter sur la détermination farouche des chefs de la révolution. Ben Boulaïd, Krim, Ben M'hidi, Boudiaf, Didouche, Bitat, Ait Ahmed, Zighoud...ont décidé d'en faire une date phare de l'histoire de l'Algérie contemporaine. Une date pour l'éternité qui restera gravée dans le marbre. Symbolisée par la déclaration du 1er Novembre. «À vous qui êtes appelés à nous juger (le premier d'une façon générale, les seconds tout particulièrement), notre souci en diffusant la présente proclamation est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure l'Indépendance nationale...» stipule le texte rédigé par le journaliste Mohamed El Aïchaoui, tombé au champ d'honneur dans les montagnes de Zbarbar en Wilaya IV,sous la dictée de Mohamed Boudiaf, Larbi Ben m'hidi et Didouche Mourad, figures emblématiques, de la révolution. Un repère qui doit servir de boussole à une Algérie qui aspire à du sang neuf. À une jeunesse qui brûle d'impatience pour la mener au bout de l'objectif que lui ont fixé ses aînés: l'accès à une démocratie qui puisse assurer une justice sociale équitable, les mêmes droits et devoirs pour tous. Une date qui vient rappeler le dur combat et le long chemin qui ont conduit l'Algérie à l'indépendance. Un sillon tracé par une poignée d'hommes et de femmes qui sont parvenus à changer le cours de l'Histoire avec comme seules «munitions», le courage et la foi. La foi en la justesse de leur combat. Avec au bout de cette «aventure romantique», la défaite d'une des armées les plus puissantes de la planète. Une liberté retrouvée à laquelle ils n'ont pas assisté et qui nous a été confiée comme une relique précieuse.