Le pays des Pharaons a perdu de son influence sur les lourds dossiers de l'heure. «L'Algérie est loin d'être un modèle en matière d'ouverture démocratique », déclarait à partir de Rome, il y a une année le président égyptien Hosni Moubarak. Ce dernier répondait à la question d'un journaliste, par rapport au projet américain de Grand Moyen-Orient (GMO), faisant de l'Algérie un exemple dans les pays arabes, dans le domaine de la bonne gouvernance et de l'ouverture démocratique. Une appréciation qui exprime, non seulement une rivalité «légendaire» entre les deux pays, aussi bien au sein de la Ligue arabe, que sur le plan international. Cette fois, le président Hosni Moubarak, contrairement à ses habitudes, est arrivé sur la pointe des pieds à Alger, sachant que sa visite n'a pas été annoncée la veille. Il a été accompagné par deux ministres et non des moindres, celui des Affaires étrangères, Ahmed Abou El Ghaït et celui de l'Habitat, Ala' Eddine Amine Al Maghrabi et de Zakaria Hocine Azmi, le chef de cabinet du raïs. Après un bref entretien en tête à tête, le président de la République a offert un déjeuner en l´honneur de son hôte. Cette visite permettra aussi aux deux présidents de passer en revue les relations bilatérales. La présence du ministre égyptien de l'Habitat au sein de la délégation est significative. En effet, les Egyptiens sont impliqués dans plusieurs projets d'habitat en Algérie, à travers notamment l'entreprise Arab Contractors, qui est actuellement en phase d'achèvement de projets de l'Aadl. En somme, la visite du chef de l'Etat égyptien exprime une reconnaissance à l'égard de l'Algérie pour le rôle joué ces dernières années. Le président égyptien est désormais conscient que notre pays est devenu une escale incontournable dans la région. Surtout dans une conjoncture caractérisée par l'ébullition de la scène arabe, avec notamment la poursuite de l'hécatombe en Irak et dans les territoires palestiniens. Ainsi, la réforme de la Ligue arabe, le soutien aux causes palestinienne et irakienne font de l'Algérie un pays à l'avant-garde du combat pour la liberté. Par ailleurs, selon des observateurs au fait de la scène égyptienne, le pays des Pharaons a perdu beaucoup de terrain, et certains évoquent même le manque d'influence du Caire sur les lourds dossiers de l'heure. A travers cette visite, le président Moubarak, outre les questions d'intérêt commun, est aussi intéressé par les conseils du chef de l'Etat par rapport aux crises qui secouent le Moyen-Orient, comme le nucléaire iranien et la crise irakienne. Concernant ce dernier point, nous apprenons de sources concordantes que Hosni Moubarak va faire le tour des capitales arabes pour les convaincre d'envoyer leurs troupes en Irak, en vue de rétablir l'ordre. Il s'agit de remplacer les troupes américaines qui continuent de s'enfoncer dans le bourbier irakien.