La sécurité énergétique est posée de la même manière au niveau des pays du Sud que de ceux du Nord. Le temps qui passe a modifié les moules. Le débat sur la donne énergétique n'est plus circonscrit autour des prix et de la volatilité qui les caractérisent. Ils ne focalisent plus sur la panique «anticipée» de l'épuisement des gisements pétroliers et gaziers. Ils ne se limitent plus aux orientations que lui impulsent les pays de la rive nord au détriment de ceux du Sud dont la majorité sont producteurs. «Tant que la ressource existe, pensons plutôt à l'utiliser au service du développement et de l'intégration». C'est l'une des idées qui ressort du discours prononcé hier, par le président de la République, à l'occasion de l'ouverture de la 10e conférence de la Cnuced sur le négoce et le financement des hydrocarbures en Afrique. Une idée qui recentre le débat énergétique. L'un des objectifs majeurs de l'Initiative africaine pour le développement (Nepad) est de permettre au continent de mieux se préparer à la dynamique impulsée par la globalisation des échanges. Les hydrocarbures ont un grand rôle à jouer dans ce processus. C'est pour ces raisons que l'énergie figure parmi les principales priorités du Nepad. «L'intégration économique» a été la phrase clé et presque redondante du discours. Estimant que «ce secteur est important (...) par ses capacités d'intégration, car il est potentiellement fédérateur et porteur de relations économiques denses et permanentes entre nos pays», le chef de l'Etat a clairement revendiqué des pays industrialisés un traitement d'égal à égal de ceux qui ont les ressources énergétiques. Il n'est plus question de rester en position de quémandeur, mais il faut se hisser au niveau de partenaire. «Notre offre de partenariat dans le secteur des hydrocarbures, comme dans d'autres domaines, se veut ouverte, globale et solidaire avec le reste du monde. C'est parce que nous avons conscience de nos propres responsabilités, et en comptant d'abord sur nous-mêmes, que nous faisons appel à la solidarité internationale, gage d'un partenariat durable et mutuellement profitable», a-t-il dit, annonçant ainsi l'ébauche d'un lobbying énergétique conçu et conduit par l'Algérie. Largement favorisée par la conjoncture, 61 milliards de dollars de réserve de change, l'Algérie entend jouer un rôle prépondérant dans cette nouvelle conjoncture mondiale. L'Algérie occupe déjà une place très importante sur le marché gazier euro-méditerranéen. Elle couvre près du quart des besoins en gaz de l'Europe. Cette part est appelée à se renforcer grâce aux propriétés du gaz naturel que renferme le sous-sol algérien. Une nouvelle découverte a été annoncée, hier, au moment où M.Bouteflika prononçait son discours. Pour clarifier les contours de ce lobbying le président affirme: «Nous entendons saisir ainsi les opportunités liées à la fois aux changements institutionnels du marché énergétique européen et aux forts besoins en électricité de ce marché pour diversifier nos exportations en énergie et jouer pleinement le rôle qui nous revient dans le cadre de la boucle électrique qui se met en place autour de la Méditerranée. C'est dans cet esprit que l'Algérie s'est engagée». Eclipsée par quinze années de terrorisme, l'Algérie saisit l'opportunité pour se réapproprier son rôle de leader régional. Pour ce faire, il faut agir «sur plusieurs fronts complémentaires tant sur le plan intra-africain, que sur le plan régional et intercontinental». Pour le président Bouteflika, il n' y a pas d'autre alternative, car «malgré notre volonté de nous adapter au mouvement de mondialisation, par des mesures d'ouverture, de transparence et de bonne gouvernance , les investissements directs et d'aide au développement émanant de nos partenaires étrangers, qu'ils soient publics ou privés, n'ont pas encore atteint le niveau souhaitable». La problématique de la sécurité énergétique est posée de la même manière au niveau des pays du Sud que de ceux du Nord. A la seule différence qu'en Afrique, l'eau et l'énergie se partagent tristement un problème commun, celui de leur inaccessibilité pour une grande frange de nos populations. Aussi, pour l'Afrique l'un des premiers défis à relever est celui de la sécurité de l'eau. Or, l'énergie peut être mise au service de l'eau. Les Occidentaux ont besoin d'hydrocarbures et les Africains manquent d'eau. Les deux sont condamnés à se mettre en partenariat.