La Kabylie est loin d'être l'enfer que décrivent certains même si des problèmes existent. «La wilaya de Tizi Ouzou n'est ni plus ni moins concernée par la violence que les autres régions du pays.» Ainsi, disait le nouveau wali lors de sa rencontre conviviale avec la presse. Certes, il fut un temps, désormais assez lointain, où la région ne connaissait pratiquement pas de vols et encore moins d'entorses aux bonnes moeurs. Prude et conservatrice, la wilaya est désormais classée au hit parade des villes connaissant le fléau du vol et de l'arnaque sans compter qu'avec la décennie dite «rouge», d'autres activités ont vu le jour. C'est ainsi que, selon des sources, même s'il est vrai que là où la police existe, les actes délictuels ont tendance à baisser, il reste que dans beaucoup d'endroits et notamment les zones rurales des vols et autres «dépassements» sont enregistrés. L'APW a déjà tiré des conclusions et demandé depuis au moins deux mandats si ce n'est plus, «la fermeture des lieux de débauche». De l'avis de nombreux élus, «ce sont ces lieux qui participent et d'une manière prépondérante à l'éclosion des violences et autres agressions». En effet, la wilaya compte de nombreux bars et autres tripots clandestins favorisant, outre la consommation de l'alcool, celle de la drogue, sans compter la présence de filles de joie qui, non seulement, agressent l'environnement mais seraient à la base de nombreux dérapages. Le chômage des jeunes gens et l'absence d'une politique de loisirs renforcent ces dérives. Comme d'aucuns signalent également le fait que ces montées en cadence des vols et autres agressions trouveraient leur origine dans la décision de délocalisation de certaines brigades de gendarmerie. Cette affirmation est d'ailleurs démentie par le wali qui disait, avec raison, que la lutte contre la délinquance n'est pas une affaire de renforcement de la répression mais plutôt, d'abord et avant tout, de création d'emplois. La région est aujourd'hui exsangue et a perdu beaucoup de ses entrepreneurs suite aux événements qu'elle a connus. La priorité serait donc de faire revenir ces entrepreneurs et d'attirer également les investisseurs. En attendant, les vols à la tire, les vols à l'arraché et les casses de logements isolés, par exemple, font florès. A Tizi Ouzou-ville, il est, certes, moins «dangereux de circuler ou d'exhiber son mobile qu'ailleurs», mais il reste que dans beaucoup d'endroits de cette ville et dans l'intérieur de la wilaya, les choses commencent à «être pesantes». Sur la côte et dans les villes et villages côtiers, ce sont les vols de voitures qui font fureur. Il ne se passe pratiquement pas de semaine sans que l'on ne signale un vol de véhicule, souvent depuis le garage du propriétaire. Ailleurs, ce sont les «faux barrages» souvent montés par des bandits qui imitent les terroristes ou travaillent en coordination avec les derniers membres actifs du Gspc, qui tendent des embuscades et dépouillent les citoyens de leurs biens avec, en prime, assez souvent le vol du véhicule le plus attirant. Les vols de voitures font la une de la presse de temps à autre et des responsables semblent voir là des réseaux qui s'étendent au-delà de la wilaya. D'ailleurs, la police a mis fin à plusieurs réseaux de voleurs de véhicules et, lors de ces démantèlements, il est apparu que des tentacules existent. La wilaya n'est, certes, pas un coupe-gorge, loin de là, et la police semble faire correctement son travail. Mais il reste que, profitant du relief de la région propice aux coups de main et de l'absence de la police dans plusieurs communes et aussi avec l'éparpillement des 1400 villages dispersés sur les flancs et sur les côteaux du Djurdjura, les mauvais garçons font tranquillement leurs «affaires». La solution semble toute trouvée avec la réglementation des bars et autres lieux ainsi qu'avec la multiplication de l'emploi et le choix d'une politique de loisirs bien étudiée. La Kabylie n'est pas l'enfer, mais si les responsables ne réagissent pas et très vite, elle peut le devenir.