Dans une atmosphère toute de respect et de dignité en présence de quelques dizaines de citoyens, les archs venus de plusieurs régions du pays ont rendu hommage au lycéen Massinissa. 18 avril 2001-18 avril 2006, cinq ans après Agouni-Arous, ce petit village au-dessus de l'Ighil Nezman de Fouroulou se souvient d'un autre jeune assassiné dans la brigade de gendarmerie de Beni Douala. Beni Douala avait donc rendez-vous hier matin avec les mânes de Massinissa Guermah ce jeune lycéen qui a été fauché à la fleur de l'âge par les balles de ceux qui en principe devaient le protéger. Son assassinat avait plongé la région dans un enfer où la colère et la répression avaient fait «bon ménage» durant près de trois longues années. Une colère ayant mis la région à genoux économiquement et endeuillé bien des familles. Hier, des délégations des archs venues d'Oum El Bouaghi, de Constantine, de Béjaïa, de Bouira et de Tipasa se sont retrouvées aux côtés de la délégation de Tizi Ouzou pour rendre hommage à Massinissa. Ali Gherbi, l'homme du comité d'El Kseur, était présent aux côtés des délégations après le dépôt des gerbes de fleurs en présence de la famille du jeune martyr et notamment du père encore éploré et de la famille inconsolable d'une perte incommensurable pour eux. Lors des prises de parole devant une assistance relativement moins nombreuse que lors des années précédentes, on devait voir d'abord Khaled le père de Massinissa qui, avec émotion devait dire: «Le combat doit continuer dans l'union et la fraternité.» Le jugement des assassins par des tribunaux civils est également une antienne de Khaled Guermah. Lui succédant, Bezza Benmansour de Béjaïa affirmera que «le processus de dialogue a connu une avancée certaine mais nous n'avons pas abouti à l'objectif. Le pouvoir concède mais ne donne rien ». Abrika, pour sa part, devait s'écrier: «Nous devons lutter pour une Algérie libre, démocratique et sociale, telle que nos aînés de Novembre et telle qu'Abane Ramdane le voulait. Notre conscience n'est pas tranquille tant que les assassins ne sont pas jugés par des tribunaux civils. Certes, nous avons enregistré beaucoup d'acquis: Tamazight est désormais langue nationale, un statut existe pour les victimes, mais nous n'avons pas terminé le combat et donc nous ne sommes pas satisfaits. Nous exigeons l'application sur le terrain du protocole d'accord cosigné avec le chef du gouvernement en date du 15 janvier 2005». Et en achevant sa prise de parole, Abrika devait souligner que les autres régions d'Algérie se doivent de s'associer au combat. Et d'appeler également à la libération du journaliste Mohamed Benchicou. L'assistance se disperse dans le calme et la sérénité avec l'impression d'avoir fait un devoir de mémoire.