Des documents établis récemment par le Pentagone ont classé le Gspc en bonne place dans la liste des organisations terroristes constituant une menace réelle pour les intérêts des Etats-Unis dans le monde. Les documents en question indiquent aussi que, de ce fait, Washington place le Gspc dans la liste des organisations dangereuses que le Pentagone compte combattre et éradiquer. Le journal électronique El-Moheet rapporte dans son édition d'hier que le Pentagone «est décidé à poursuivre ces groupes djihadistes, dont le Gspc algérien, où qu'ils soient, et de détruire leurs bases arrières et leur logistique». Le Gspc revient, ainsi, au premier plan des soucis américains, bien qu'il ait été crédité d'appréciations, «en dents de scie», tantôt faisant de lui une organisation «crépusculaire», tantôt le qualifiant de groupe dangereux. En début 2002, le Gspc figurait parmi les organisations terroristes indexées par le Pentagone comme constituant une menace pour les Etats-Unis. En 2004, le rapport d'Etat américain annuel sur le terrorisme dans le monde rappelle que le gouvernement tchadien a facilité la négociation de la remise par un groupe de rebelles tchadiens au gouvernement algérien du chef d'une faction du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), Amari Saïfi, alias Abderrezak «le Para». En mars, les forces armées tchadiennes avaient mis en déroute, dans le nord du Tchad, des éléments du Gspc menés par le Para, qui a été par la suite fait prisonnier par un groupe de rebelles. Le Para était à la tête de la faction du Gspc qui avait enlevé trente-deux touristes européens en Algérie, pendant l'été 2003. Il avait pris ses prisonniers au Mali, où le gouvernement a contribué à obtenir leur libération. Le rapport annuel précisait en outre, que grâce à l'aide de la formation offerte par les Etats-Unis, ces pays coopèrent de plus en plus pour combattre le Gspc. À la fin de l'année 2004, le Para se trouvait entre les mains des Algériens. Pourtant, le rapport de 2005 est tout autre, et le Pentagone, tout en estimant qu'après la mort de Nabil Sahraoui, la disparition de Hassan Hattab et la capture de Ammari Saïfi, le Gspc était largement défait, écartait aussi, au grand dam des autorités algériennes, l'hypothèse selon laquelle le Gspc serait lié au groupe Al Qaîda. En France, au même moment, la DST estimait que le risque lié à des attentats du Gspc dans l'Hexagone était élevé. Les Etats-Unis avaient en fait commencé à s'intéresser à cette région comprise entre l'Algérie, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, de la «guerre totale» engagée par les Etats-Unis et la dispersion des cadres d'Al Qaîda et de ses sympathisants un peu partout dans le monde. La présence du Yéménite Imad Abdewahed Alouane en Algérie (il avait été abattu à Batna en 2002), via le Sahel puis l'acheminement des 14 touristes kidnappés par le Gspc d'Algérie vers le Mali avaient fini par conforter les experts militaires américains que cette bande du Sahel, deviendra rapidement une «rampe de lancement» pour les futurs groupes armés. La capture des islamistes africains menés par Amari Saïfi dans la zone de guerre du Tibesti a fini par faire croire définitivement que la bande du Sahel, déjà infestée de groupes rebelles, d'opposants armés, de Touareg sécessionnistes et de contrebandiers constitués en bandes mafieuses, risque de se voir encore encombrée d'islamistes qui se retrouveraient aux portes de l'Europe dès qu'ils passeraient les frontières nord du Maghreb. Le plan Pan-Sahel Initiative (PSI) américain est un vaste programme, dont l'objectif est d'endiguer toute menace terroriste venant du Sahel. Pour Washington, toutes les bandes islamistes de la région ne peuvent qu'être alliées à Al Qaîda, et doivent de ce fait, être traquées sans répit et démantelées. A noter que la dernière manifestation du Gspc en Algérie date de moins d'une semaine, avec le «coup de force» de Skikda. Dix personnes, dont neuf gardes communaux, ont été assassinées dans une embuscade tendue par un groupe armé local affilié au Gspc au lieu-dit El Kassa dans la région de Skikda, à 510 km à l'est d'Alger.