les responsables ont tenu à mettre le paquet pour en finir, définitivement, avec cette situation. Ironie du sort! Les deux principaux barrages qui alimentent en eau la wilaya de Tlemcen, à savoir le barrage d'Elmefrouche et celui de Beni Bahdel sont desservis par deux oueds appelés Oued Enachef et Oued El Atchane, signe prémonitoire pour une région qui a connu depuis trois décennies un cycle de sécheresse chronique, et qui a eu pour conséquence de rabattre complètement la nappe phréatique et aggraver foncièrement le déficit en eau des grands centres urbains. Annuellement, ce sont près de 15 millions de mètres cubes d'eau qui sont absorbés par les électro-pompes des 200 forages réalisés à travers la wilaya. Une situation qui a obligé, naguère, les responsables du secteur, à mettre en oeuvre un programme de distribution d'eau des plus sévères, allant d'une fréquence d'une fois par semaine jusqu'à une fois tous les vingt jours. Situation bien pénible pour une région appelée, naguère, le château d'eau de l'Oranie. Soucieux du devenir de la région, les responsables de la wilaya ont tenu à mettre le paquet pour en finir, définitivement, avec cette situation piteuse qui n'a que trop duré. Depuis septembre 2004, période qui a coïncidé avec la visite, à Tlemcen, du ministre des Ressources en eau, Abdelkader Sellal, un programme de gros calibre, a été mis en place pour juguler les effets néfastes de la situation et renforcer le potentiel des eaux conventionnelles de la wilaya. A ce sujet, quatre grands projets destinés à mobiliser la ressource sont projetés et qui auront pour objectif de régler d'une manière définitive ce problème d'eau. Le premier projet entrant dans le cadre de ce programme, réside dans la réalisation de deux stations de dessalement d'eau de mer localisées à Sidna You Chaâ (Ghazaouet) et Tasfout (Honaïne). Fonctionnant avec système d'osmose inverse, ces deux équipements développent une capacité de traitement de 200 000 m3/j. D'un montant de 200 millions de dollars, elles desserviront une population estimée à 650 000 habitants. Le second projet, d'envergure, dont les travaux ont déjà démarré, réside dans la réalisation d'une opération de transfert d'AEP du barrage de Sekkak vers le groupement urbain du Grand Tlemcen. D'une enveloppe de 300 milliards, ce projet qui comprend une station de traitement, des stations de pompage, des réservoirs et une conduite de 33 km, avec diamètre 500, assurera un volume d'eau de 100 000 m3/j, dépassant ainsi, les besoins actuels qui sont de l'ordre de 65 000 m3/j. Avec la réalisation de ces deux projets, le groupement urbain de Tlemcen qui comprend les communes de Tlemcen, Mansourah et Chetouane soit une population de 350 000 habitants, tournera définitivement une page douloureuse de son passé où trois décennies, cette région de la wilaya a vécu des moments pénibles et a connu les affres d'une sécheresse chronique qui a altéré sévèrement la nappe phréatique locale transformée, du reste, en un énorme morceau de gruyère. Le troisième projet qui a été réalisé, consistait en la dépollution du barrage de Hammam Boughrara et la réalisation d'un projet de transfert d'AEP de cet ouvrage vers la ville de Maghnia. Avec une capacité de traitement initial de 12 000 m3/j pour atteindre, par la suite, un rythme de croisière de 60 000 m3/j, ce projet a atteint un double objectif. Le premier but a permis de sauver le barrage qui avait atteint un degré de pollution très important suite au déversement des eaux usées et rejets provenant du Maroc et de l'unité de maïserie de Maghnia. C'est une initiative locale qui a permis de sauver le barrage qui faillit être irrécupérable. Concernant l'opération de transfert c'est l'entreprise italienne Condotte qui a réalisé l'ouvrage en un temps record. D'un coût global de 140 milliards et un délai de réalisation de 6 mois, ce programme a permis à Maghnia d'avoir l'eau H24. «On ne badine pas avec le déficit en eau. A Tlemcen, on a mis tout le paquet pour desservir toutes les régions de la wilaya en eau. Notre souci central est d'effacer cette pénurie d'eau et de mobiliser la ressource afin d'en finir définitivement avec ce problème d'eau», fera remarquer, M'nouri Abdelouaheb, wali de Tlemcen, dans une déclaration à la presse locale. Et d'ajouter: «Nous avons terminé avec Maghnia et nous allons orienter nos efforts pour régler le problème que connaissent les régions de Tlemcen et la partie sud de la wilaya». A ce sujet, il indiquera qu'un quatrième projet est préconisé avec l'exploitation de la nappe phréatique située dans le Chott El Gherbi, afin d'alimenter les régions de Sebdou et Sidi Djillali. Disposant d'une ressource souterraine très importante, cette opération permettra de renforcer l'AEP de la zone steppique qui connaît, elle aussi, un déficit en eau. Parallèlement à ces projets de gros calibre, la wilaya a initié six forages rentrant dans le cadre du programme d'urgence dans les zones déficitaires notamment à Tlemcen, Nedroma, Bab El Assa. A cela, il faudra ajouter le renfort des forages réalisés dans le champ captant de Zaouia doté d'un débit de 300 litres/seconde. Néanmoins, ce que redoutent les responsables du secteur demeure la vétusté du réseau qui se trouve dans un état bien dégradé ainsi que la gestion de la ressource. Certaines régions sont encore à la traîne.