La communauté internationale a condamné, hier, «le coup de force» au Mali qui s'est déroulé dans la soirée de lundi et exigé la libération immédiate et sans conditions du président de la transition, Bah Ndaw, et de son, Premier ministre, Mokhtar Ouane. L'Algérie, chef de file de la médiation internationale au Mali, a exprimé, hier, son «ferme rejet» de toute action visant à changer le gouvernement par la force, appelant les acteurs maliens à privilégier le dialogue pour un déroulement paisible de la transition. «L'Algérie suit avec une trèsgrande préoccupation les derniers développements intervenus en République du Mali et souligne son ferme rejet de toute action de nature à consacrer un changement de Gouvernement par la force, en violation du principe cardinal de l'Union africaine en la matière», souligne le ministère des AE. Elle «appelle tous les acteurs concernés à faire preuve d'un sens de responsabilité et à privilégier le dialogue afin de préserver le déroulement paisible et pacifique de la transition et de maintenir la paix et la stabilité dans le pays» relève-t-il, «réaffirmant son soutien aux autorités maliennes de transition, sous le leadership du chef de l'Etat, M. Bah N'Daw, et soulignant qu'«elle n'a cessé d'apporter un appui multiforme en vue d'aboutir au retour définitif de l'ordre constitutionnel, sur la base des engagements souscrits aux termes de la Charte de transition adoptée le 12 septembre 2020, et entérinée par l'ONU, l'UA et la Cédéao». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a, lui, appelé dans un tweet «au calme» et à la «libération inconditionnelle» des dirigeants civils. Guterres, a exprimé sa profonde préoccupation face à «la conduite sous contrainte» du président de la transition et du Premier ministre par des soldats au camp militaire de Kati, près de Bamako. Il a assuré que «son représentant spécial travaille avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Union africaine (UA) et les acteurs internationaux soutenant la transition politique en cours». La situation était tendue lundi soir au Mali. Selon des diplomates à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait tenir une réunion d'urgence dans les prochains jours sur la situation au Mali. Le Conseil européen a, dans un communiqué, condamné «avec fermeté l'enlèvement du président de transition du Mali et du Premier ministre et a appelé à leur libération immédiate». Le Conseil a prévenu que «l'Union européenne était prête à envisager des mesures ciblées à l'encontre des dirigeants politiques et militaires faisant obstruction à la transition au Mali». Dans un communiqué commun, le Comité de suivi de la transition composé de la mission des Nations unies au Mali (Minusma), de la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao), de l'Union africaine et de l'Union européenne a affirmé «le ferme soutien aux autorités de la transition». Ses membres ont fermement condamné «la tentative de coup de force», exigeant «la libération immédiate et inconditionnelle» des autorités et rappelant que les militaires qui les détiennent seront tenus «personnellement responsables de leur sécurité». «La communauté internationale rejette par avance tout acte imposé par la contrainte, y compris des démissions forcées», a précisé le communiqué alors qu'une délégation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) conduite par l'ancien président nigérian Jonathan Goodluck arrive, aujourd'hui, à Bamako. Le président en exercice de l'Union africaine (UA), Félix Tshisekedi a «fermement» condamné «toute action visant à déstabiliser le Mali», appelant «tous les acteurs de la transition politique malienne à la retenue ainsi qu'au respect de la Constitution». Les militaires maliens mécontents du nouveau gouvernement annoncé par les autorités de transition ont arrêté lundi le président et le Premier ministre, dans un coup de force secouant le pays, plongé depuis plusieurs années dans une crise profonde. Le coup de force a été mené quelques heures après une réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) consacrée à la situation au Mali, lors de laquelle le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, a appelé les acteurs maliens à faire preuve de «persévérance» afin d'avancer dans le processus de transition et d'obtenir des résultats con-crets dans la mise en oeuvre de la feuille de route de décembre portant, entre autres, sur la mise en oeuvre de l'Accord de paix, issu du processus d'Alger. Boukadoum a souligné que «la célébration ce mois-ci du 6e anniversaire de l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, offrait une nouvelle occasion d'évaluer les progrès accomplis jusqu'à présent pour relever les multiples défis auxquels le pays est confronté».