La sécurité intérieure va évoluer vers la création d'une superstructure rattachée à la présidence. Après les diverses approches sécuritaires tentées par la direction générale de la sûreté nationale (Soltane, gmac, brigades pédestres de quartier, etc.), la section «BRI» semble être la nouvelle star de la police. Lancée il y a seulement quelques mois pour contrer le déferlement du crime organisé en milieu urbain, la Brigade Recherches et Intervention a déjà opéré dans plusieurs affaires importantes, mais souvent tenues secrètes eu égard à leur nature délicate ou interne. Opérationnelle en tous lieux, avec extension de compétence illimitée, et qui englobe l'ensemble du territoire national, la BRI est devenue depuis peu le «coup de poing» de Ali Tounsi, le patron de la police. C'est ainsi que l'appellent ceux qui, de l'intérieur, ont déjà reçu un coup sur la tête. Car cette section spécialisée dans les grosses affaires fait aussi fonction de «police des polices», avec à l'actif, plusieurs interventions internes, et qui ont ciblé des officiers ou des agents impliqués directement ou indirectement dans des affaires liées à la corruption ou à d'autres motifs. L'arrestation à Bachdjarah de dix terroristes armés il y a moins d'un mois, a été une des plus récentes des interventions de la BRI. Cette intervention s'était opérée en douce, sans effusion de sang et sans qu'un seul coup de feu ne soit tiré. Son style effacé et son efficacité lui ont valu d'ailleurs d'être un des partenaires privilégiés du département Recherches et Sécurité dans les affaires délicates. Les technologies de pointe semblent être le label des nouvelles structures policières. Les progrès faits par les services scientifiques de la police judiciaire démontrent bel et bien, et état d'esprit. La gendarmerie, de son côté, aura son centre de criminalistique et de criminologie avant la fin de l'année. Dirigé par le colonel Smaïl Hattab, le centre traitera la balistique, le portrait-robot et les grandes affaires criminelles et n'aura plus à se référer aux résultats d'autres centres de police. Une formation de dix-huit mois dans mes plus grands centres européens et américains a été dispensée aux jeunes officiers de la gendarmerie qui intégreront le centre. Une centaine d'officiers viennent de terminer leurs études et sont rentrés en Algérie il y a quelques semaines pour prendre en charge les différentes structures du nouveau centre. Hormis les services de sécurité dits «classiques», des sources affirment qu'on avance aujourd'hui vers quatre grandes structures qui interviendront dans les affaires exceptionnelles, spéciales, délicates, ou lors de contextes très particuliers. Il s'agit de l'Onrb, la BRI, le GIS et le GIR les deux premières appartenant à la police, les deux dernières au DRS et à la Gendarmerie nationale. Les services de la police seront maintenus en l'état, avec une précision: ils seront appelés à se perfectionner chaque année lors de stages et formations programmés à ce sujet. Cette nouvelle reconfiguration, assure-t-on, est justifiée par le contexte postterroriste et les nouvelles formes de criminalité qui ont émergé depuis 2001-2002. En 1992, le GIA a été créé alors que la législation algérienne ne connaissait pas encore le terme «terroriste». La création de l'Office national de la répression du banditisme, constitué de structures d'élite du départementRecherches Sécurité, de la police et de la Gendarmerie nationale, est vite remplacé par une coordination de la lutte antisuversive, structure opérationnelle de l'armée et du renseignement. La décomposition du djihad et les démembrements du terrorisme post-GIA ont généré de nouvelles formes de criminalité, qui, depuis 2002, font florès parmi les bandes organisées au centre du pays, à l'est et au Sahara jusqu'aux confins de la bande du Sahel. Des milliards de dinars sont ainsi chaque année engrangés : braquage de banque, détournement de matériel (hospitalier et agricole), attaques de bases-vie au Sud et kidnapping d'enfants et de parents de gros commerçants et industriels suivis de demandes de rançon: c'est le règne du «gangsterroriste», une forme de criminalité atypique à cheval entre le terrorisme , le banditisme et le crime organisé, forme de criminalité rendue d'autant plus complexe qu'elle met en connexion plusieurs groupes dont l'objectif diffère mais qui établissent des «relations de complémentarité», et sont liés par des convergences temporaires d'intérêts. Selon une source sécuritaire de haut rang, «l'Algérie évoluera d'ici à l'horizon 2008 vers la création d'une direction de la sécurité nationale, structure qui sera rattachée à la Présidence de la République et dont le patron, sorte de « Monsieur Sécurité nationale», chapeautera une bonne dizaine de services spéciaux.