L'Algérie a été classée, dernièrement, par le Programme alimentaire mondial (PAM), comme le premier pays d'Afrique à assurer sa sécurité alimentaire. Bonne nouvelle, certes, mais il faut dire aussi que si les Algériens réussissent à manger à leur faim, ils le font de plus en plus difficilement. Les raisons sont multiples. Il y a la crise économique mondiale, aggravée par la pandémie de coronavirus, les difficultés financières de l'Algérie, l'inertie de la machine économique et ses conséquences sur le taux de chômage, la valeur du dinar ou encore le niveau de vie, mais aussi et surtout, le phénomène de la spéculation. Et c'est ce dernier qui complique le plus la vie des familles algériennes. Car, les prix des fruits, des légumes ou encore de la viande blanche (la rouge étant inaccessible depuis bien longtemps déjà), sont tellement «brûlants», que plus personne n'ose s'aventurer dans un marché. Et rien ne justifie de telles augmentations. Certains tentent des explications, en faisant référence à la crise mondiale or, lorsqu'on parle de la hausse des prix sur les marchés internationaux ou encore l'augmentation du coût du fret maritime, cela ne peut nullement concerner la tomate récoltée à Chlef ou la pomme de terre transportée de Aïn Defla. Et même lorsqu'il s'agit de produits nécessitant des matières premières importées et dont les prix ont, certes, flambé sur les marchés internationaux, la hausse appliquée à l'unité, reste bien au-delà des dépenses générées par les nouveaux prix mondiaux des entrants. En fait, en Algérie, tous les produits de large consommation, notamment le sucre, les féculents et les produits d'entretien ont connu une envolée de prix d'au moins 40% depuis le début de cette année. Cela est devenu récurrent. D'année en année, les prix augmentent sous différents prétextes, que ce soit la dérive du dinar, les ajustements des prix des carburants ou encore la pandémie de coronavirus. Mais ce qu'il faut relever, c'est que lorsque ces causes disparaissent et en dehors des prix des fruits et légumes, il n' y aura jamais un retour aux prix d'avant. C'est là, la raison principale pour laquelle, le niveau de vie de l'Algérien ne s'améliore pas. Car, toutes les augmentations de salaires dont il bénéficie ne lui permette, en réalité, que de rattraper une inflation qui aura déjà eu d'énormes conséquences sur son pouvoir d'achat. Si les familles algériennes restent prises en étau entre l'inflation concrète et la spéculation, l'Algérie ne maintiendra pas longtemps sa place dans le classement du PAM. La flambée inconcevable des derniers jours, qui a poussé les ménagères à organiser une journée de boycott du poulet, samedi dernier, a été relevée même par le président Tebboune. En évoquant la hausse des produits de large consommation, à l'occasion du lancement des travaux de la réunion gouvernement- walis, le chef de l'Etat a accusé, immédiatement, les spéculateurs. «Certains parasites et intrus du commerce ont misé sur la spéculation pour provoquer cette augmentation des prix», avait assuré Abdelmadjid Tebboune, avant d'annoncer que «des lois dissuasives ont été mises en place pour criminaliser la spéculation alimentaire». Reste à espérer que ces lois répressives auront l'impact souhaité et mettront, enfin, un terme à la spéculation.