Les prix des produits alimentaires, dont les fruits et légumes, ont enregistré, hier, une forte hausse sur les marchés, au moment où le pays est confronté à une crise sanitaire aux conséquences multiples. A l'origine de cette flambée soudaine, l'Association nationale des commerçants et artisans (ANCA) a évoqué une frénésie des achats des produits de consommation liée à la propagation du coronavirus, ainsi que les aléas climatiques et le phénomène de la spéculation. A titre d'exemple, «le prix de la pomme de terre a augmenté ces dernières 24 heures de 30 DA/kg sur le marché de détail, notamment dans les wilayas du Centre. Face à l'inquiétude croissante que suscite le Covid-19, les consommateurs ont fait des achats de légumes, dont l'oignon et la pomme de terre en grandes quantités ces trois derniers jours. Beaucoup d'Algériens ont fait des stocks de sept à dix jours. Evidemment, cela a influé sur les prix des produits alimentaires», a souligné Hadj Tahar Boulenouar, président de l'ANCA, joint hier par téléphone. Autre explication : les aléas climatiques. «Avant-hier, la région de Oued Souf, dans la wilaya d'El Oued, premier fournisseur national de pommes de terre, a été touchée par une tempête de sable. La récolte de la pomme de terre et le transport étaient à l'arrêt», a-t-il indiqué. Ce dernier a aussi dénoncé des «spéculateurs qui profitent de l'aubaine pour augmenter les prix» des produits alimentaires. «Des spéculateurs sont allés jusqu'à colporter de fausses nouvelles, selon lesquelles les marchés de gros et de détail allaient être fermés. En agissant ainsi, ils espéraient pousser les citoyens à acheter en grandes quantités et dicter ainsi leur loi en matière des prix», a-t-il fustigé, appelant les Algériens à éviter les achats de précaution qui pourraient déboucher sur une pénurie des produits alimentaires. Alors que le président Tebboune a promis «de mener une campagne pour démasquer les spéculateurs qui stockent des produits de consommation en vue de créer des pénuries», le président de l'ANCA a recommandé de contraindre l'ensemble des producteurs agricoles de passer par les marchés de gros, et de suivre le parcours des transporteurs de produits alimentaires. «Il faut une coordination entre les directions du commerce et celles de l'agriculture pour garantir la stabilité de l'offre et de la demande», a-t-il souligné. Celui-ci a prédit une baisse prochaine des prix des produits agricoles. «Les stocks des produits alimentaires sont très suffisants pour satisfaire la demande pour les prochains mois. De plus, nous sommes toujours en période de récolte s'agissant de la pomme de terre. Je peux garantir qu'il n'y aura pas de pénurie ou de rupture de stocks des produits alimentaires. Il n'y a aucune raison que les citoyens s'affolent», a relevé Hadj Tahar Boulenouar, dont l'organisation sensibilise ses adhérents à observer les mesures préventives pour contenir la propagation du coronavirus, notamment le port de gants et la désinfection et le nettoyage des espaces commerciaux. Lundi dernier, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, avait affirmé que ses services pouvaient intervenir pour plafonner les prix et déterminer les marges bénéficiaires en «cas de nécessité absolue», allusion au coronavirus. «On ne peut pas plafonner les prix, car le marché est libre. L'Etat a seulement le droit de plafonner les prix des produits subventionnés. En revanche, on peut se mettre d'accord sur le plafonnement des marges bénéficiaires», a nuancé notre interlocuteur.