En dépit de la hausse des prix du pétrole, la situation économique en Algérie reste fragile. C'est ce que relève la Banque mondiale dans son dernier rapport intitulé «Redresser l'économie algérienne après la pandémie». Relevant que le rebond de la production de gaz naturel (25,4%) et de gaz naturel liquéfié (12,1%), au cours des 8 premiers mois de 2021, l'institution financière souligne que l'envolée des recettes d'exportation d'hydrocarbures a contribué à réduire nettement les besoins de financement extérieur et permet de stabiliser, à court terme, les besoins croissants de financement domestique. Néanmoins, elle relève qu'à l'inverse, la reprise dans le segment hors hydrocarbures de l'économie s'est essoufflée au 1er semestre de 2021, demeurant largement incomplète, tandis que les risques inflationnistes se concrétisent. Et cela bien que le déficit du compte courant ait été résorbé au 1er semestre de 2021, alors que les exportations ont grimpé en flèche et que la croissance des importations est restée atone, aidée par une amélioration des termes de l'échange en Algérie. Bien que certaines composantes du PIB réel aient affiché des augmentations considérables en glissement annuel au de 2ème trimestre de 2021 par rapport au 2ème trimestre de 2020, celles-ci n'ont pas permis un retour au niveau d'activité antérieur à la pandémie, note la Banque mondiale. À cet égard, le rapport explique qu'«après une forte reprise au deuxième semestre de 2020, portée par le rebond de l'investissement et de l'activité dans le secteur de la construction, le PIB s'est contracté aux premier et deuxième trimestre de 2021, suivant l'essoufflement de l'activité dans les secteurs de la construction et des services. «Au premier semestre de 2021, le PIB et le PIB hors-hydrocarbures demeuraient, ainsi, 3,1% et 3,9% inférieurs à leur niveau antérieur à la pandémie, respectivement, relève le document, qui ajoute qu' «au 1er semestre de 2021, la consommation réelle privée et publique est restée inférieure à son niveau pré-pandémie» et cela bien que «l'investissement soit supérieur de 1,3% à ce niveau, les stocks ont chuté parallèlement et l'accumulation brute est ainsi restée inférieure, de 22%, à son niveau pré-pandémie». En outre, le rapport, de la Banque mondiale souligne qu'«en l'absence d'une mise en oeuvre rapide de l'agenda de réformes, la reprise sera fragile et les soldes budgétaires et extérieurs se détérioreront à moyen terme. Nous prévoyons que la croissance du PIB réel atteindra 4,1% en 2021, puis diminuera progressivement, à moyen terme, compte tenu de la nature progressive de la mise en oeuvre de l'agenda des réformes structurelles annoncées pour relancer l'investissement et la croissance dans les segments, hors hydrocarbures, de l'économie». Aussi, l'institution financière préconise «un programme de réformes structurelles rapide et décisif pour relancer la croissance». La mise en oeuvre de réformes structurelles visant à accroître la compétitivité, tout en rétablissant les équilibres macroéconomiques et en protégeant les ménages algériens, sera essentielle pour favoriser l'indépendance de l'Algérie vis-à-vis des recettes des hydrocarbures, indique le rapport. Des progrès insuffisants dans la mise en oeuvre des réformes structurelles et des politiques en faveur d'une reprise durable dans le secteur privé pourraient menacer la croissance et retarder la transformation structurelle de l'économie algérienne qui l'éloignerait de sa dépendance vis-à-vis des recettes des hydrocarbures. Tandis qu'une une augmentation temporaire de la consommation publique soutiendra la croissance à court terme. Par ailleurs, la Banque mondiale plaide pour un rééquilibrage de la politique monétaire à même de financer la reprise et le déficit public tout en maîtrisant la montée des pressions inflationnistes.