Les chefs des diplomaties russe et américaine ont eu un nouvel entretien téléphonique hier, après de nouvelles invectives autour de la crise ukrainienne, l'Occident affûtant ses armes économiques dans l'espoir de faire enfin céder Moscou. Dans ce contexte très tendu, deux Premiers ministres européens, dont le Britannique Boris Johnson, se déplaçaient hier à Kiev pour afficher leur soutien. Pendant ce temps-là, à Moscou, le président Vladimir Poutine accueillait son allié hongrois Viktor Orban. Après un échange écrit entre les deux rivaux de la Guerre froide, l'heure est de nouveau à la discussion orale, avec un entretien téléphonique entre le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. La Russie, accusée par les Occidentaux d'avoir massé plusieurs dizaines de milliers de militaires à la frontière de l'Ukraine en prévision d'une possible invasion, dément toute velléité belliqueuse, mais conditionne toute désescalade à une liste d'exigences, nécessaires pour garantir sa sécurité, notamment l'assurance que l'Ukraine ne sera jamais membre de l'Otan et que l'Alliance retire ses forces sur les positions de 1997. Washington a rejeté cette demande la semaine dernière, tout en laissant la porte ouverte à des discussions sur d'autres sujets sécuritaires, comme le déploiement de missiles ou des limites réciproques aux exercices militaires. L'échange téléphonique d'hier intervient au lendemain de vifs débats au Conseil de sécurité de l'ONU entre la Russie et les Etats-Unis. L'ambassadeur de Russie aux Nations unies, Vassily Nebenzia, a accusé Washington de chercher à «créer l'hystérie» et à «tromper la communauté internationale» avec ses «accusations infondées». Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield a estimé que le déploiement de plus de 100.000 militaires russes autour de l'Ukraine menaçait «la sécurité internationale». Assurant détenir des «preuves», elle a accusé Moscou de vouloir déployer début février plus de 30.000 militaires supplémentaires au Bélarus, allié du Kremlin et voisin de l'Ukraine. Les Etats-Unis ont ordonné dans ce contexte aux familles des employés du gouvernement américain en poste au Bélarus de quitter le pays. Parallèlement, les manoeuvres diplomatiques continuent, tout comme les préparatifs de sanctions contre le premier cercle du pouvoir russe et des proches du Kremlin ayant des avoirs au Royaume Uni et aux états-Unis, notamment. «Nous n'allons pas battre en retraite et nous tenir au garde-à-vous en écoutant les menaces de sanctions américaines», a répliqué à toutes ces menaces l'ambassade russe à Washington. Les Européens souhaitent ne pas être en reste des efforts diplomatiques menés par Washington. Sur le front militaire, les mouvements se poursuivent également. Plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces derniers jours l'envoi de nouveaux contingents en Europe orientale.