La situation tourne au vinaigre en Ukraine et les bruits de bottes se font entendre sur la frontière avec la Russie, où des milliers de soldats russes sont parqués depuis maintenant plusieurs semaines. Hier, la tension est montée d'un cran, après que les pays de l'Otan ont décidé de dépêcher d'importants renforts militaires en Europe de l'Est. En effet, face aux activités militaires de la Russie sur sa frontière avec l'Ukraine, l'Otan a décidé de placer ses forces en attente, tout en envoyant des navires et des avions de combat pour renforcer leur défense en Europe de l'Est. C'est ce qu'a annoncé, hier, l'Otan, dans un communiqué, non sans provoquer les foudres des Russes qui ont aussitôt accusé les Etats-Unis et l'Otan "d'exacerber" les tensions. "L'Otan continuera de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger et défendre tous les alliés, y compris en renforçant la partie orientale de l'Alliance. Nous répondrons toujours à toute détérioration de notre environnement de sécurité, notamment en renforçant notre défense collective", a expliqué le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg. Plusieurs pays de l'Otan ont envoyé des avions de chasse et des forces navales en Europe de l'Est, dont le Danemark, l'Espagne, la France et les Pays-Bas. "Les Etats-Unis ont également clairement indiqué qu'ils envisageaient d'accroître leur présence militaire dans la partie orientale de l'Alliance", précise l'Otan. Plus tôt dans la journée, Washington et Londres ont ordonné l'évacuation des familles de leurs diplomates en poste à Kiev ; un geste qualifié d'"incompréhensible" par les Européens, qui ont aussitôt demandé des explications au secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Face à ce que l'UE a qualifié de "dramatisation", Antony Blinken devait intervenir, par visioconférence, pendant une réunion des ministres des Affaires étrangères des vingt-sept qui devait se tenir hier après-midi. "Le secrétaire d'Etat Blinken nous expliquera les raisons de cette annonce. Nous n'allons pas faire la même chose, car nous ne connaissons pas les raisons spécifiques", a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, à son arrivée pour la réunion avec les ministres de l'UE consacrée aux tensions entre la Russie et l'Ukraine. La décision de Washington a été jugée "prématurée" et "excessive" par les autorités ukrainiennes. En somme, les Européens exigent d'Antony Blinken de les informer des "pourparlers francs" qu'il a tenus, vendredi dernier, avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Russes et Américains ont convenu d'un nouveau rendez-vous et Antony Blinken s'est engagé à "coucher des idées sur le papier" en réponse aux demandes de Moscou pour la sécurité en Europe. La Russie, faut-il le rappeler, exige un engagement écrit sur le non-élargissement de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie et demande un retrait des forces et des armements de l'Alliance atlantique des pays d'Europe de l'Est ayant rejoint l'Otan après 1997, notamment la Roumanie et la Bulgarie. Ces demandes ont été jugées inacceptables par les Occidentaux. En tout cas, la situation sécuritaire est jugée préoccupante en Europe de l'Est et la tension était, hier, à son paroxysme, faisant planer de sérieuses craintes quant à une possible confrontation militaire.