La police tunisienne a fermé, hier, le siège du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une mesure dénoncée comme «illégale» par son président, deux jours après sa dissolution sur décision du chef de l'Etat, Kais Saied.»Des forces de la police ont empêché hier tout accès au siège du CSM», a déclaré Youssef Bouzakher, président de cet organe de supervision judiciaire. «Nous ne savons pas qui a pris cette décision illégale mais la police déployée a dit appliquer des instructions», a ajouté Bouzakher. «Cette fermeture illégale prouve que nous avons atteint une étape dangereuse où le pouvoir exécutif s'empare des institutions de la magistrature en utilisant la force», a-t-il déploré. Le président Saïed a annoncé la dissolution du CSM, organe qu'il accuse de partialité, dans la nuit de samedi à dimanche. «Le CSM appartient au passé», avait-t-il déclaré, critiquant une instance corrompue et qu'il accuse d'avoir ralenti des enquêtes sur les assassinats, en 2013, de deux militants de gauche. Le CSM, instance indépendante, créé en 2016 pour nommer les juges, est composé de 45 magistrats, pour les deux tiers élus par le Parlement et qui désignent eux-mêmes le tiers restant.