Il y a du mouvement dans la sphère patronale. Deux années après l'élection du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les rapports de force au sein des représentations patronales semblent s'acheminer vers un nouvel équilibre majeur. En effet, ils sont plusieurs patrons d'entreprises, représentant différentes filières d'activités économiques et industrielles, à avoir formulé le voeu de se faire représenter par une nouvelle organisation patronale. C'est ainsi, qu'un nouveau sigle ayant fait consensus, visiblement depuis un certain temps déjà, vient de naître dans le giron des patrons d'entreprises. En conclave (assemblée générale constitutive) au Centre international des conventions (CIC), des patrons d'entreprises ont convenu de mettre sur pied leur propre organisation patronale. Le choix des membres fondateurs de cette organisation, s'est porté sur la personne de Kamel Moula, directeur général des laboratoires Vénus, en sa qualité de président pour un mandat de trois années. L'assemblée générale constitutive a également mandaté 29 chefs d'entreprises, en leur qualité de membres du bureau exécutif. Les raisons d'un tel branle-bas de combat? En fait, il serait peut- être judicieux d'attendre pour se prononcer sur les motivations propres ayant préludé à cette naissance. Néanmoins, selon le communiqué ayant sanctionné les travaux de création du Conseil du renouveau économique algérien (Crea). C'est désormais l'appellation de cette nouvelle organisation patronale qui, apparemment, ne compte pas faire de la figuration, se fera sûrement entendre dans les toutes prochaines semaines. Cela est d'autant plus plausible que la nouvelle organisation, compte des patrons d'entreprises publiques et privées. Si l'on en croit les termes du communiqué rendu public, hier, le Crea se positionne déjà au-dessus de la mêlée, en annonçant une adhésion totale «à la démarche entreprise pour la construction d'une Algérie économiquement nouvelle», lancée par le chef de l'Etat. Le Crea vient donc en soutien aux réformes socio-économiques lancées par le président de la République, en se constituant en tant que «force de proposition et d'action à l'effet de créer un renouveau économique, ainsi que de disposer d'infrastructures solides pour permettre au pays de s'inscrire dans le processus de globalisation de l'économie mondiale». Les responsables de cette nouvelle organisation patronale, entendent placer la barre haute en assignant un rôle d'interlocuteur fort et incontournable à leur organisation. Fédérés dans ce nouveau sigle patronal, les chefs du Crea se projettent déjà dans les débats d'opportunités et d'actualité économiques et sociales de grande importance. Il vise à ériger leur nouvelle organisation au rang «d'acteur capable d'établir un dialogue permanent et constructif avec les pouvoirs publics pour offrir aux Algériens de l'emploi, des produits et services de qualité ainsi que du pouvoir d'achat, et soulever les difficultés rencontrées par les opérateurs économiques dans l'exercice de la création de valeur». Une feuille de route bien remplie et bien fournie, puisqu'il s'agit d'innover en proposant des solutions à des crises socio6économiques chroniques et récurrentes, bien réelles. Aussi serait-on tenté de s'interroger sur la nouveauté ou la particularité que le Crea pourrait apporter aux maux et aux problèmes posés dans le cadre de la recherche des solutions à la crise économique actuelle? Quelles seront les formules que le Crea pourrait apporter, en guise de feuille de route de sortie de crise? Appuyant les efforts du gouvernement, ainsi que «la volonté ferme du président de la République d'établir un climat des affaires serein et attractif et de sa démarche entreprise pour la construction d'une Algérie économiquement nouvelle», la nouvelle organisation patronale énumère ses propres défis. En vérité, en guise de défis, le Crea évoque des thèmes génériques, relatifs aux grands axes de travail du gouvernement. Il s'agit, notamment «d'une agriculture et une pêche fortes et diversifiées, ainsi que des infrastructures et moyens logistiques permettant aux opérateurs d'optimiser les échanges». Le communiqué évoque aussi, «une industrie manufacturière fortement intégrée, performante, et fondée sur la haute valeur ajoutée, une économie de l'innovation exploitant tout le potentiel de la jeunesse de notre pays, des services et un système bancaire modernes, et enfin un mix énergétique exploitant au mieux nos ressources notamment renouvelables, et un secteur minier comme nouveau pilier des exportations et de la transformation». Le Crea prône également un rôle dans le sillage des efforts diplomatiques, en se constituant comme «outil de promotion de l'Algérie». Se réclamant des rangs des patriotes, investis de l'éthique et la déontologie requise, prônant la transparence, les auteurs du communiqué sanctionnant les travaux constitutifs appellent les opérateurs à se fédérer autour de ce nouveau projet, pour «réaliser tout le potentiel de notre pays qui possède toutes les cartes en main pour affirmer sa position de puissance régionale».