Cinq «puissantes» frappes de missiles russes ont touché, hier matin Lviv, grande ville de l'ouest de l'Ukraine d'ordinaire relativement épargnée par les combats. Situés loin du front, Lviv et l'ouest de l'Ukraine sont rarement visés par des bombardements depuis le début de l'invasion russe le 24 février. Le 26 mars, Lviv avait subi une série de frappes russes, dont deux avaient touché un dépôt de carburant et fait cinq blessés, selon les autorités locales. La ville avait aussi été la cible le 18 mars d'une frappe qui avait atteint une usine de réparation d'avions proche de l'aéroport, sans faire de victimes. Et le 13 mars, des missiles de croisière russes avaient visé une importante base militaire à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Lviv, faisant au moins 35 morts et 134 blessés. La Russie a lancé un ultimatum aux derniers soldats ukrainiens de Marioupol, leur demandant de déposer les armes et d'évacuer ce port stratégique du sud-est de l'Ukraine dont la prise constituerait une importante victoire pour Moscou. Les forces russes ont également annoncé avoir bombardé une nouvelle usine d'armement près de Kiev, pour le troisième jour consécutif, mettant à exécution leur menace d'intensifier leurs frappes contre la capitale ukrainienne après la destruction du fleuron de leur flotte en mer Noire. Le ministère russe de la Défense a demandé aux derniers combattants ukrainiens retranchés dans le complexe métallurgique d'Azovstal de cesser les combats dimanche à 03h00 GMT, et d'évacuer les lieux avant 10h00 GMT. «Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d'avoir la vie sauve», a assuré le ministère sur Telegram. «C'est leur seule chance». Au petit matin dimanche, l'état-major ukrainien a indiqué que des frappes aériennes avaient été menées sur la ville par les Russes notamment depuis la région de Donetsk. Il a également dans un communiqué mentionné «des opérations d'assaut près du port», sans autres détails. La prise de cette cité serait une victoire importante pour la Russie car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014. Dans la région de Kiev, le ministère russe de la Défense a annoncé dimanche avoir lancé des missiles de haute précision contre une usine de munitions près de Brovary. Le maire de Brovary Igor Sapojko a affirmé que «certains éléments d'infrastructure ont été touchés» aux premières heures. Au cours des trois derniers jours, les forces russes ont mené plusieurs frappes sur des usines militaires à Kiev et dans sa région. Moscou a prévenu qu'il allait intensifier ses frappes contre la capitale ukrainienne. Une frappe russe avait touché vendredi un complexe de la région de Kiev produisant des missiles Neptune. Et samedi une personne a été tuée et «plusieurs» ont dû être hospitalisées à la suite d'une frappe contre un complexe industriel du quartier de Darnytsky, dans la périphérie de Kiev, qui fabrique notamment des chars, a annoncé le maire de la capitale Vitali Klitschko. Kiev et ses environs avaient été relativement épargnés par les bombardements depuis le retrait de l'armée russe de cette zone fin mars mais la perte du Moskva a déclenché l'ire de Moscou. Les forces russes ont en outre bombardé samedi une raffinerie de pétrole dans l'est de l'Ukraine, à quatre kilomètres de Lyssytchansk, tout près de la ligne de front, selon les autorités locales. Depuis la route longeant le site, des témoins ont pu voir samedi en fin d'après-midi des cuves encore en feu et un long panache de fumée noire poussé par le vent. Dans la région méridionale ukrainienne d'Odessa, «la défense antiaérienne russe a abattu en plein vol un avion de transport militaire ukrainien, livrant un important lot d'armes fournies à l'Ukraine par des pays occidentaux», a affirmé samedi le ministère russe de la Défense. Hier, la télévision publique russe a diffusé des appels de deux prisonniers, identifiés comme des mercenaires britanniques capturés lors de combats en Ukraine, demandant au Premier ministre Boris Johnson de négocier leur libération.