Dérivé des chansons de stade, ce style laisse entendre des chansons fédératrices qui racontent les maux de la jeunesse. Ce n'est ni du raï, encore moins du rap, du chaâbi ou de la chanson orientale, mais un concentré de tout ça. Ils sont de nombreux chanteurs qui ont poussé ces dernières années comme des champignons suivant la tendance pour entonner ces morceaux qui deviennent très vite des tubes. Si côté musique, ce style a pris du galon en se professionnalisant, c'est un peu beaucoup grâce aux deux producteurs Tarek Bourahli et Tarik Hachemane, qui ont pris le taureau par les cornes et ont décidé d'investir dans ces artistes-là. Un créneau porteur. Suivront les clips qui sont popularisés par la plateforme YouTube. Ces clips sont réalisés, notamment par Amine Boumediène et Alla Benyahia, insufflant ainsi à ces chansons un certain dynamisme, une aura mélodramatique, parfois, à la sauce des feuilletons ramadhanesques, mais aussi une fraîcheur et une qualité de l'image au top! Et si Djalil Palermo, le représentant par excellence du style musical, le zen9awi, s'est produit, lui, en dernier, vendredi passé, ce n'est pas pour rien! Ils étaient, en effet, des centaines, entre familles, jeunes et moins jeunes à être venus l'acclamer. Bien que le théâtre de Verdure n'était pas entièrement rempli, il aura suffi de voir l'arrivée de Djalil Palermo pour que tout le public se lève et se mette à fredonner ses chansons qu'il connaît par coeur. La fureur de vivre Avant lui, c'est d'abord DJ Tarik qui réchauffera les platines avant la venue du grand DJ oranais, Randall, pour ne pas le nommer. Lui, il sera l'exception puisqu'il se produira, un peu avant tout le monde, juste avant de dérouler la playlist de ces chanteurs, estampillés «Zenka9awi» qui font fureur en ce moment. Randal allie le son du patrimoine à l' électro avec douceur et harmonie. Il est vraiment sensationnel. Nous l'avons déjà dit il y a deux ans. Ceux qui vont suivre c'est déjà une autre histoire. Il s'agit de Foufina Torino, mais aussi cheb Wahid qui égrèneront leurs tubes devant un public conquis d'avance à leurs morceaux des plus entraînants. À noter que la plupart des artistes «Zenkawi» ont tous un point en commun, c'est leur nom, car la plupart sont fans des équipes de foot italiennes, à l'instar de Moh Milano, comme certains du Mouloudia ou de l'USMA. Ce méga- spectacle sera étrenné cependant, vers 20h30/ 21h alors qu'il était annoncé vers 19h. Une habitude, en cette période estivale, chez les organisateurs, d'attendre que la nuit tombe pour faire jouer de leur éclairage....Durant la soirée, deux lauréats au baccalauréat ont été récompensés et un hommage, surtout, a été rendu aussi à l'un des inventeurs du style Zen9awi, le défunt compositeur Saïd Bouchelouch. Ce dernier a, en effet, composé pour beaucoup de chanteurs, notamment Kader Japoni ou encore Reda Taliani. Il composera aussi des musiques de feuilletons télé dont «kouloub fi Sira3», mais aussi des chansons pour les Verts. D'ailleurs, un de ces morceaux diffusés en live a fait vibrer le théâtre de verdure où tout le monde s'est mis à danser. Un hommage qui a eu lieu en présence de sa famille. Agé, de 31 ans, Djalil Palermo avoue pour sa part, avoir commencé la musique au stade, il s'est initié dans un groupe qui s'appelait Palermo, mais aujourd'hui il se plait à changer de registre, car il se dit aimer «la création». Et de souligner: « Dans deux ans, je vais peut-être ne plus chanter du sentimental et faire autre chose. J'aime changer.». Djalil Palermo explique que le style Zen9aoui existe depuis 15 ans: «C'est juste que nous, on l'a revisité, à notre manière en lui insufflant une nouvelle identité. Chacun chante de son côté, mais sous la même bannière. Le Zenkaoui c'est vieux, ce sont des chants de stades. Tout le monde peut le chanter.» À propos du succès de ce genre de musique, Djalil Palermo estime ne pas trop l'apercevoir. «Mon but c'est pas ça. Mazel inchallah. J'espère voir d'autres jeunes chanter du Zenkaoui, qu'on pourra aider pour qu'ils puissent apporter plus que nous. On leur ouvre les portes.» À rappeler que Djalil Palermo chante depuis 2005. Souvenez-vous de «Djazayer ya yemma». L'artiste comme beaucoup d'ailleurs, a surfé sur la vague des supporters de foot. Des chansons qui auront emporté un franc succès, vu le «one two trisme» bien criant des Algériens. Depuis, nos chanteurs «zenkawis» ne se sont pas arrêtés, mais continuent assidûment leur bonhomme de chemin, entre chansons commerciales et plus ou moins «engagées». Car, oui, ça leur arrive d'être plus coriaces et revanchards. Leurs chansons reflètent en tout cas un certain malaise de la société. Le cri d'une jeunesse mal-aimée Aujourd'hui, ils se font ainsi, malgré eux, les porte-paroles d'une jeunesse malmenée et perdue. Ce flambeau rouge, feu des revendications sociopolitiques sous leurs airs bien dansants. Se refusant toutefois d'être «moralisateurs», ces derniers estiment qu'ils se doivent parler des jeunes et de leur quotidien. D'ailleurs, cliché ou pas, ces derniers, dont l'âge ne dépasse pas la trentaine, chantent en arabe derja et la langue française ne fait pas partie de leur vocabulaire... Ils refusent même de l'utiliser. Ils font partie pour ainsi dire de cette nouvelle génération frileuse quant à la langue de Molière. Ceci étant dit, leurs mots ne sont pas empreints de vulgarité ni de violence comme au niveau du rap, ce qui explique l'engouement grandissant du public envers ce style de musique. À propos du mot «kahoui» (marron) qui fait polémique en ce moment, partagé entre ceux qui l'attribuent à une couleur de peau et les autres qui le traduisent comme un simple adjectif définissant un certain comportement non civilisé, Djalil Palermo ne trouve pas trop à en dire. Affirmant avoir vu la vidéo de Anes Tina qu'il qualifie d'«ami», Pour Djalil Palermo, il en va de soi que cette polémique, stérile à ses yeux, a été exagérée et montée de toutes pièces par certaines pages people du «social média». Il estime: «J'ai vu la vidéo et j'ai trouvé cela normal. Il n' y a rien de spécial. Moi, je n'utilise pas ce mot, qui peut être d'ailleurs, employé entre des potes, mais pour moi, c'est comme lorsqu'on parle de quelqu'un de ''cavi'' ou de ''chabrek'' c'est comme ça que je l'ai compris.».Djalil Palermo nous confie, enfin, qu'il est artiste indépendant aujourd'hui bien qu'il continue à demander conseil par exemple à Tarek Hachemane. « Mais je me produis tout seul en indépendant» avoue t-il. Côté projet, Djalil Palermo sortira bientôt un nouveau morceau en duo avec Yasmine Amari intitulé «Ghir enti ouana». À noter que le 18 août, le public a rendez-vous avec Didine Canon 16, même endroit, même heure.