Lors de leur réunion le 05 octobre 2022, l'Opep+ a décidé de réduire sa production à compter du 1re novembre prochain de deux millions de barils par jour et le cours, suite à cette décision a été coté à 93,78 dollars le Brent et 88,03 dollars le Wit pour un cours de 0,99 dollar pour un euro. L'Opep qui est chargée de réguler uniquement le marché pétrolier est composée de 13 pays membres qui sont: l'Arabie saoudite, l'Irak, les Emirats arabes unis, l'Iran, le Koweït, le Nigeria, la Libye, l'Algérie, l'Angola, le Venezuela, le Congo, le Gabon, et la Guinée équatoriale. Les 10 autres pays producteurs réunis au sein de l'Opep+ mais non membres de l'Opep sont: la Russie, le Mexique, le Kazakhstan, Oman, l'Azerbaïdjan, la Malaisie, Bahreïn, Brunéi, le Soudan et le Soudan du Sud. Précisons que trois pays de l'Opep sont exemptés d'un effort de réduction de leur production, à savoir l'Iran, la Libye et le Venezuela. Cette décision ayant été prise de crainte d'une récession importante en 2023 afin d'équilibrer l'offre et la demande, le FMI prévoyant une croissance de 3,2% en 2022, et de 2,9% en 2023, étant de tradition qu'un taux de croissance mondial de 2,5% soit considéré comme une récession de croissance selon Richard Kozul-Wright, directeur de l'équipe en charge du rapport. Les plus grands producteurs de pétrole sont l'Arabie saoudite, la Russie et les USA avec une moyenne fluctuant entre 10/11 millions de barils /j sur une production totale de 99,7 millions de barils/j projection pour fin 2022. Avec 71,5% des réserves mondiales, les pays du Moyen-Orient appartenant à l'Opep représentent une part de marché dans la production mondiale estimée à 41%, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) étant un acteur central du marché pétrolier. Ainsi, il est prévu 842 milliards de dollars de revenus bénéficiant de cours élevés. Et sans compter les importants bénéfices des autres membres non Opep, où pour la Russie par exemple, selon une étude de l'Institut Montaigne de juin 2022, les ventes de pétrole russe ont atteint 179 milliards de dollars en 2021, contre 62 milliards pour le gaz. Précisons que les réserves pétrole-gaz sont fonction à la fois du coût et du vecteur prix international, plus le prix est élevé plus certaines réserves marginales deviennent rentables. Quels sont les sept déterminants du cours des hydrocarbures? Premièrement, l'élément central de la détermination du prix du pétrole est la croissance de l'économie mondiale et les tensions géostratégiques, facteur déterminant du cours du pétrole. Les tensions en Ukraine ont exacerbé les tensions énergétiques avec un taux d'inflation élevé dans la zone euro, aux Etats-Unis, l'inflation devant atteindre en 2022 environ 6,6% dans les pays avancés et 9,5% dans les pays émergents et les pays en développement, ce qui a provoqué un durcissement des conditions financières mondiales et s'étant étendue à de nombreux pays sous l'effet des tensions sur les prix provoquées par les perturbations des chaînes d'approvisionnement et une pénurie de main-d'oeuvre historiquement forte. Selon le rapport de la banque mondiale en date du 15 septembre 2022, la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l'inflation accentue le spectre d'une récession mondiale en 2023 et menace les économies de marché émergentes et en développement de crises financières qui engendreraient des dommages durables. La Russie en 2021 Les investisseurs s'attendent à ce que les banques centrales relèvent les taux directeurs mondiaux à près de 4% jusqu'en 2023, soit une augmentation de plus de deux points de pourcentage par rapport à leur moyenne de 2021. Toujours selon l'étude, si les perturbations de l'offre et les pressions sur les marchés du travail ne s'atténuent pas, ces hausses de taux d'intérêt pourraient porter l'inflation mondiale sous-jacente (hors énergie) à environ 5% en 2023, c'est-à-dire près du double de la moyenne sur cinq ans précédant la pandémie. Pour ramener l'inflation mondiale à un taux conforme à leurs objectifs, les banques centrales pourraient devoir relever les taux d'intérêt de deux points de pourcentage supplémentaires, d'après le modèle utilisé dans l'étude. Mais si cela devait s'accompagner de tensions sur les marchés financiers, la croissance du PIB mondial ralentirait à 0,5% en 2023, soit une contraction de 0,4% par habitant qui correspondrait à la définition technique d'une récession mondiale. La rentabilité des gisements Pour conclure, «si la croissance mondiale ralentit fortement et il est probable que le rythme s'accentue à mesure que de nouveaux pays entrent en récession. Je crains fort que cette tendance se poursuive, avec des conséquences prolongées et dévastatrices pour les populations des économies émergentes et en développement», alerte le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Deuxièmement, le respect des accords de l'Opep+ en n'oubliant pas que trois pays ne sont pas soumis aux quotas à savoir le Venezuela, l'Iran, et la Libye, l'Opep représentant 35/40% et avec les non Opep, selon les périodes, environ 60% de la production commercialisée mondiale avec des coûts relativement avantageux. Troisièmement, du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui a bouleversé toute la carte énergétique mondiale. Les gisements de pétrole et gaz de schistes moyens américains, la rentabilité est entre 60 dollars pour les petits gisements, 40 dollars pour les gisements moyens et pour les grands gisements 30 dollars. Les Etats-Unis, importateur par le passé, sont devenus le plus grand producteur de pétrole brut devant l'Arabie saoudite et la Russie. Selon The Telegraph, les Etats-Unis devraient pénétrer fortement le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL. Quatrièmement, la stratégie expansionniste russe pour le gaz (45.000 milliards de mètres cubes gazeux de réserve) qui pour lever les sanctions s'orientent vers l'Asie avec deux gros consommateurs d'hydrocarbures à savoir l'Inde et la Chine où la Russie a ouvert de nouveaux gisements en Sibérie dont le fameux gazoduc Sibérie-Chine. Cinquièmement, les nouvelles découvertes dans le monde, notamment en offshore,particulièrement en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région), et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d'or noir en Afrique et en n'oubliant pas l'important gisement qui est rentré en production au Kazazthan fin 2016. 4000 milliards de dollars aux énergies renouvelables Sixièmement, l'évolution des cotations du dollar et l'euro, toute hausse ou baisse du dollar, pouvant entraîner un écart de 10/15% ainsi que l'évolution des stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois. Septièmement, le facteur déterminant à moyen terme horizon 2025/2030 avec le danger du réchauffement climatique qui a connu en 2022 avec le dérèglement climatique, incendies d'un côté, inondations de l'autre son pic, est le volet de la nécessaire transition énergétique, ce qui pousse les grands pays comme l'Inde, Chine, USA et l' Europe à revoir leur modèle de consommation énergétique qui est un problème de sécurité mondiale. Il est prévu sur les 30 prochaines années 4000 milliards de dollars d'investissement dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, avec une prévision de réduction de 30/40% de la consommation des énergies fossiles horizon 2030, l'énergie de l'avenir horizon 2030/2040 étant l'hydrogène où la recherche développement connaît un réel essor Selon le rapport de l'ONU, une sécheresse sans précédent frappera l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne entre 2025/2030, posant la problématique de l'eau et de la sécurité alimentaire, ce qui pousse les grands pays Inde, Chine, USA Europe à accélérer la transition énergétique. Il est prévu sur les 30 prochaines années 4000 milliards de dollars d'investissement dans les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, avec une prévision de réduction de 30/40% de la consommation des énergies fossiles horizon 2030, l'énergie de l'avenir horizon 2030/2040 étant l'hydrogène où la recherche développement connaît un réel essor. Car si les Chinois, les Indiens et les Africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l'Europe il faudrait cinq fois la planète actuelle. Quelle conclusion tirer pour l'Algérie? Suite à la décision de l'Opep+ du 05 octobre 2022, la production s'établira à 1,007 million de baril par jour (Mb/j) à partir de novembre2022, à ne pas confondre avec les exportations,devant tenir compte de la forte consommation intérieure pour le pétrole et gaz entre 40/45% en 2021 contre 20/25% entre 2005/2006 et uniquement pour les carburants la consommation nationale en carburants a atteint une quantité totale de 15,6 millions de tonnes selon le président de l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) (source APS 27/06/2022). L'Algérie doit profiter de la conjoncture En cette période difficile de tensions budgétaires, personne n'ayant le monopole de la vérité et du nationalisme, l'Algérie doit mobiliser tous ses enfants sans exclusive, favoriser le dialogue productif, éviter les dissensions inutiles ou pouvoir, opposition et experts non organiques, doivent contribuer au redressement national. L'Algérie doit profiter de cette conjoncture particulière, avec des réserves en devises qui passeraient de 44 milliards de dollars fin 2021 à plus de 50 milliards de dollars fin 2022, devant soustraire aux recettes toutes importations en devises et accélérer les investissements dont les biens sont en devises également. D'où l'urgence du renouveau de la gouvernance et la valorisation du savoir loin des logiques rentières suicidaires favorisant la corruption et dépenser sans compter. Un bon développement allège le poids sur les forces de sécurité; un frein au développement accroît les tensions sociales et donc l'insécurité.