L'importance du Sahel pour l'Algérie sur le plan économique, commercial, humain et identitaire ne date pas d'aujourd'hui. L'Algérie n'a pas attendu l'émergence de la menace terroriste et encore moins les récents bouleversements politiques dans la région. Aussi dire que l'implication de l'Algérie se résume aux initiatives récemment lancées, à savoir le Comité d'état-major opérationnel commun (Cemoc) ou autres mécanismes, serait une aberration historique. « La première implication directe de l'Algérie dans le conflit de l'Azawad? remonte à l'indépendance de l'Algérie en 1962», rappelle Louisa Dris-Aït Hamadouche, politologue et professeure à l'université d'Alger 3, qui souligne qu' aucune des frontières de l'Algérie, hormis la frontière maritime, n'est sécurisée et stabilisée, puisque, à la propagation de groupes armés de l'est au sud de l'Algérie s'ajoutent les réseaux de trafics de drogue à l'ouest. C'est dire l'importance pour l'Algérie de la sécurisation de la bande sahélo-saharienne. Or, gagner la guerre contre le terrorisme dans le Sahel ne passera pas sans une reprise en main réelle des souverainetés touchées par le conflit. La réponse au terrorisme, et aux autres crimes, doit être davantage économique et sociale que militaire. En effet, la solution armée n'a jamais été la réponse au terrorisme. Aussi, le meilleur moyen est de trouver les mécanismes pour contrer la source du problème de radicalisation. Pas de paix durable sans emplois, sans diversification économique et sans savoir. Partant du postulat que les menaces qui pèsent sur le Sahel sont asymétriques, l'Algérie a décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant plusieurs projets d'envergure, à l'instar de la «dorsale transsaharienne à fibre optique» et le mégaprojet de gazoduc transsaharien. Longue de près de 5000 km entre Alger et Lagos au Nigeria, la transsaharienne s'inscrit dans un projet de réseau routier reliant six pays africains, visant à renforcer l'intégration régionale et promouvoir les échanges entre le nord et le sud du Sahara. «La Transsaharienne est une artère économique pour l'Algérie dans le cadre du libre commerce» fait remarquer, récemment, Fayçal Amrouche, wali d'In Guezzam. Un projet aux retombées économiques, mais aussi sociales pour toutes les populations juxtaposant le tracé. Aussi, l'Algérie a placé ce projet parmi les priorités économiques régionales et poussent pour accélérer sa mise en oeuvre dès que possible. Dans cet ordre d'idées, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a indiqué, lors de sa dernière entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, que l'Algérie a convenu avec le Niger pour prendre en charge la réalisation du tronçon du gazoduc qui relie le Nigeria à la frontière algérienne. Il s'agit du dernier tronçon, sur une distance de 7 km, devant relier le poste frontière de la ville d'In Guezzam et la frontière nigérienne. L'intérêt algérien pour ce projet africain tient au fait qu'il est un contributeur majeur à l'activation des échanges commerciaux et des investissements entre l'Algérie et les pays africains, et qu'il constitue une artère économique. En fait, une manière d'amarrer les ports du nord à la profondeur africaine, dans le but d'augmenter les revenus, d'améliorer les taux de croissance et de créer des opportunités d'emploi non seulement pour l'Algérie, mais aussi pour les pays traversés par cette route. Une connexion au continent africain d'autant que l'Algérie compte développer le réseau ferroviaire à même de l'étendre jusqu'à Tamanrasset et vers les pays du Sahel, dont le Niger. Une somme une connexion Nord-Sud. Justement, il n'y a pas que les routes qui connectent les populations. Il y a aussi Internet dans le cadre d'un autre projet multinational nommé «dorsale transsaharienne à fibre optique». L'Algérie a achevé sa partie de la dorsale à fibre optique, plus de 2500 km d'Alger vers la Mauritanie à l'ouest et vers le sud, jusqu'à la frontière avec le Niger. Un projet dans lequel six pays sont concernés. Au même titre que l' autre projet majeur de coopération: le gazoduc transsaharien entre le Nigeria et l'Algérie via le Niger. Ainsi, dans sa lutte contre le terrorisme et l'extrémisme l'Algérie a décidé d'opter pour le «soft security» au lieu du « hard security». De ce fait, les actions du long terme sont plus nombreuses et l'essentiel des investissements ne se résument plus à ceux de la Sonatrach.