Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, proche allié de la Russie, a appelé, hie, à une «trêve» en Ukraine et à des pourparlers «sans conditions préalables» entre Moscou et Kiev. «Il faut s'arrêter maintenant, avant que ne commence l'escalade. Je prends le risque de suggérer une cessation des hostilités», a dit Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, lors d'un discours à la nation. «Il est possible - et il le faut - de régler toutes les questions territoriales, de reconstruction, de sécurité et autres à la table des négociations sans conditions préalables», a-t-il ajouté. Loukachenko, qui juge l'Occident et l'Ukraine responsables du conflit, a également dit redouter une guerre «nucléaire» à cause du soutien occidental à Kiev, alors que Vladimir Poutine a annoncé plus tôt son intention de déployer des armes nucléaires «tactiques» au Bélarus. «À cause des Etats-Unis et de leurs satellites une guerre totale a été déclenchée» en Ukraine, a-t-il dit, estimant que dès lors, «des incendies nucléaires guettent à l'horizon». «Vous comprenez et savez tous qu'il n'y a qu'une seule solution: les négociations! Des négociations sans conditions préalables», a-t-il martelé. Soulignant que le «complexe militaro-industriel tourne à plein régime en Russie» et que l'Ukraine était «inondée d'armes occidentales», Loukachenko s'est inquiété d'une «escalade» prochaine qui fera de nombreux morts. Le Bélarus n'est pas directement partie prenante au conflit en Ukraine, mais il a prêté son territoire à l'armée russe pour son offensive sur la capitale ukrainienne l'année dernière et pour mener des frappes, selon Kiev. Moscou et Minsk ont également mené des exercices conjoints et créé un groupement militaire composé de soldats des deux pays. Le président russe Vladimir Poutine a annoncé, voici quelques jours, la livraison au Bélarus des armes nucléaires «tactiques», une annonce qui a provoqué «l'inquiétude» en Ukraine et en Occident. La Russie et l'Ukraine avaient mené des pourparlers en 2022 mais ceux-ci avaient tourné court face à l'intransigeance des deux camps. Les tentatives de médiation ultérieures n'ont pas donné de résultats. Moscou estime que le conflit ne peut s'arrêter que si Kiev cède à ses revendications, en particulier que l'Ukraine accepte l'intégration de cinq régions russophones au territoire russe. De son côté, Kiev estime que le préalable à la paix est le retrait des forces russes de son territoire, sans exception. Hier, le Kremlin a exclu de stopper son offensive contre l'Ukraine malgré l'appel à la trêve de son principal allié, le dirigeant bélarusse Alexandre Loukachenko. «Au sujet de l'Ukraine, rien ne change: l'opération militaire spéciale se poursuit, puisque c'est le seul moyen d'atteindre les objectifs fixés par notre pays aujourd'hui», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Par ailleurs, les graves violations des droits humains sont devenues «scandaleusement routinières» treize mois après l'offensive lancée par la Russie contre l'Ukraine, a dénoncé hier le Haut-Commissaire des droits de l'homme, Volker Türk. Partout en Ukraine, «les gens sont confrontés à des souffrances et à des pertes massives, à des privations, à des déplacements et à des destructions», a dénoncé M. Türk, devant le Conseil des droits de l'homme, soulignant aussi les effets persistants et profonds sur le reste du monde, notamment au plan alimentaire et énergétique.