Un échange de prisonniers concernant des centaines de détenus de la guerre au Yémen débutera, demain, a affirmé un responsable du gouvernement yéménite, dans un contexte d'espoirs de paix grandissants dans ce conflit qui dure depuis plus de huit ans. Près de 900 prisonniers, dont la plupart combattaient avec les rebelles Houthis soutenus par l'Iran chiite, seront transférés entre le Yémen et l'Arabie saoudite, pays sunnite qui dirige une coalition militaire appuyant depuis 2015 les forces gouvernementales yéménites, a ajouté ce responsable. Cet échange de prisonniers, le plus important depuis octobre 2020, durera trois jours, a déclaré Majid Fadael, porte-parole officiel de la délégation gouvernementale chargée de négocier l'échange. Les Houthis vont libérer 181 prisonniers parmi lesquels des Saoudiens et des Soudanais, en échange de 706 personnes détenues par les forces gouvernementales, conformément à un accord annoncé le 20 mars en Suisse. «Toutes les dispositions ont été prises pour mettre en oeuvre le processus d'échange convenu», a tweeté M. Fadael. Des vols aller-retour «auront lieu le premier jour du processus d'échange», a-t-il précisé, entre Sanaa, la capitale du Yémen aux mains des rebelles Houthis, et Aden, la ville du sud du pays dont le gouvernement a fait sa capitale provisoire. «Nous espérons que la prochaine opération de libération des détenus au Yémen aura lieu ces prochains jours. Mais, vu la complexité d'une telle opération, nous ne sommes pas en mesure de confirmer une date particulière», a déclaré Jessica Moussan, conseillère en relations avec les médias au CICR.» Nos équipes sont sur le terrain en vue de faciliter le transfert et le rapatriement sûrs des détenus et fourniront plus d'informations» dès qu'elles pourront, a-t-elle dit. L'accord d'échange a été conclu quelques jours après l'annonce du rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran, deux pays rivaux du Moyen-Orient qui entendent rétablir leurs relations diplomatiques après une interruption de sept ans. La trêve de six mois au Yémen, conclue sous l'égide de l'ONU et qui a officiellement pris fin en octobre, tient encore largement, offrant un répit à une population de quelque 30 millions d'habitants qui dépend essentiellement de l'aide. Cette semaine, une délégation saoudienne s'est entretenue avec les dirigeants Houthis à Sanaa dans l'espoir de «stabiliser» la trêve et de rechercher un dialogue inter-yéménite en vue d'une «solution politique globale», selon l'ambassadeur saoudien Mohammed Al-Jaber. Washington a salué les «efforts extraordinaires de l'Arabie saoudite pour élaborer une feuille de route plus complète en vue de mettre fin à la guerre», lors d'un appel entre Jake Sullivan, conseiller de la Maison-Blanche, et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. Selon des analystes, l'Arabie saoudite cherche un moyen de sortir de la guerre au Yémen pour se concentrer sur des projets nationaux visant à diversifier son économie dépendante du pétrole, dont elle est le premier producteur mondial. Après les vols d'aujourd'hui entre Sanaa et Aden, les prisonniers seront transférés demain et samedi entre Riyadh et Abha, en Arabie saoudite, et les villes de Sanaa, Mocha et Marib, au Yémen, a encore dit M. Fadael. D'après les Houthis, 13 prisonniers sont déjà arrivés à l'aéroport international de Sanaa samedi, en échange d'un prisonnier saoudien libéré plus tôt. «Plus de 1 050» prisonniers ont été libérés lors du dernier important échange, en octobre 2020, selon le CICR. Mohammed al-Bukhaïti, membre du conseil politique des Houthis, a déclaré que les discussions avec la délégation saoudienne portaient désormais sur «la levée totale du blocus, le retrait de toutes les forces étrangères du Yémen et la libération de tous les prisonniers». La coalition dirigée par l'Arabie saoudite contrôle tout l'espace aérien et maritime du Yémen, y compris les zones tenues par les rebelles, les Houthis dénonçant un «blocus». «Ce qui nous importe maintenant, c'est de parvenir à une paix globale», a ajouté M. Bukhaïti. Mais dans un tweet, il a également mis en garde contre «le retour de la guerre... d'une manière plus acharnée» si les négociations échouent.