L'Algérie ambitionne de cultiver et de produire son propre blé et, partant, devenir un pays exportateur de céréales et autres produits agricoles pour tout le continent, et même plus. Une telle ambition requiert toute une stratégie basée sur des paradigmes nouveaux, des programmes innovants et une ouverture accentuée du marché aux investissements étrangers IDE. En effet, l'investissement du secteur privé, y compris les IDE dont l'apport technologique, financier et autres n'est plus à démontrer, compte pour beaucoup dans la nouvelle stratégie esquissée par les pouvoirs publics. L'exemple du projet de partenariat que vient de passer le géant agricole italien Bonifiche Ferraresi (BF) avec un groupe privé algérien, en l'occurrence Copre Sud, illustre cette volonté de l'Algérie d'aller de l'avant pour diversifier et fructifier ses échanges avec l'Europe. Cela illustre aussi cette nouvelle vision de la coopération stratégique entre l'Algérie et l'Italie de transcender les cadres classiques de projets de partenariat, centrés essentiellement autour de l'énergie. Autant dire que le bonheur des italiens passe par les projets de coopération avec l'Algérie. Et vice versa. La société italienne BF vient, ainsi, de décrocher le gros lot avec ce projet qui vise à consolider les bases d'une stratégie qui s'inscrit dans le cadre de la sécurité alimentaire des deux pays. Plus de 900 hectares de terres agricoles sahariennes sont, ainsi, réservées à ce projet d'envergure de production de blé dur dans le grand Sud algérien. C'est le ministre italien de la Souveraineté alimentaire et des Forêts, Francesco Lollobrigida, de passage à Alger qui a finalisé ce dossier, conjointement avec son homologue algérien, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdedlhafid Henni. Ainsi, est née la société mixte, baptisée BF Algérie en l'occurrence, en partenariat avec la société Copre Sud, de Benmaâlem Imed Ben Hocine. En plus de vouloir diversifier les partenariats européens, l'Algérie entend également se défaire du carcan des hydrocarbures et de l'énergie pour élargir les perspectives des investissements directs étrangers (IDE). À ce propos, il convient de rappeler la stratégie de l'Etat de consentir les investissements nécessaires pour l'émergence d'une céréaliculture réelle dans le sud du pays. D'où cette décision du gouvernement de mettre à disposition plus de 200.000 ha de terres agricoles nouvellement aménagées, au profit des investisseurs privés dans le but de permettre l'éclosion d'une production céréalière à même de transformer le Sud algérien et permettre une envolée de ce secteur. Cela est d'autant important, que le ministre de l'Agriculture avait déclaré, au mois d'avril écoulé, que l'objectif de lancement de ces programmes 200.000 ha d'exploitations aménagées, «est d'atteindre d'ici à la fin de l'année prochaine un million d'hectares de terres cultivées en céréales dans le sud du pays», confiait Henni. Il faut croire que l'Algérie demeure tributaire des 70% d'importations de blé destinés à la consommation interne, avec un important déficit enregistré au niveau de la production nationale de céréaliculture, en raison de facteurs endogènes et exogènes. Pour 2021, l'Algérie a déboursé environ 2,25 milliards de dollars pour l'importation de blé destiné à la consommation nationale. D'où cet impératif des hautes autorités du pays de mettre un terme à cette situation et de passer à un objectif d'autosuffisance à court terme, en optant pour une accentuation des programmes d'investissements privés, notamment, ceux axés sur la céréaliculture dans le Sud du pays. Dans ce cadre, les responsables du secteur agricole ont centré ces programmes de production de céréaliculture dans les wilayas d'Adrar, El Ménéa, Timimoune, Ouargla, Illizi et Djanet où d'importants aménagements ont été consentis par l'Office national des terres agricoles (Onta). Selon des estimations de la FAO, la production céréalière de l'Algérie est évaluée à 4,1 millions de tonnes de blé, au titre de la campagne 2022/2023. La réserve de blé du pays est estimée à environ 73% du stock global, soit près de 3 millions de tonnes. En conclusion, une transformation organique et fonctionnelle du secteur agricole impliquant une révolution au niveau des paradigmes est à même de rétablir de nouveaux équilibres dans le pays.