L'Expression: Vous avez toujours fait preuve d'optimisme durant toute cette longue période de stress hydrique qui a frappé la wilaya. On ne vous a jamais vu perdre votre sang-froid, espérant, depuis le début de cette crise un dénouement heureux...Peut-on dire que c'est votre nature? Abdelkarim Smaïl: C'est ma nature, en effet, mais fondée sur une certaine expérience. Après la pluie, le beau temps. Mais la réciproque est tout aussi vraie. Les pluies sont arrivées avec beaucoup de retard, mais elles sont là et nous ne pouvons que nous en réjouir. L'oued Lakhel était en crue hier soir. Il a même débordé légèrement de son lit. Ce sont les résultats des dernières heures de fortes pluies enregistrées du côté de Dirah, de Sour el Ghozlane et de Aïn Bessem par où il passe. Dans quelle mesure ce dernier épisode pluvieux a impacté les trois barrages? Les apports n'ont pas été importants et pour que les trois barrages reviennent à leur ancien niveau, il faut du temps et le même rythme de pluviométrie soutenu. Mais nous pensons qu'avec ce qu'ils ont reçu, cela nous permettra de maintenir notre programme qui est d'assurer la population de la couverture de ses besoins en AEP, et les périmètres irrigués de la dotation dont ils ont besoin pour leurs cultures Pour être précis, à quel taux de remplissage sont nos trois barrages, après toutes ces précipitations que nous avons eues en mai et juin? Encore, une fois, pas grand-chose au regard de leurs capacités respectives. Le barrage de Koudiet Acerdoune qui est alimenté par Oued Isser a bénéficié d'un apport de 4 648 000 m3 ce qui a permis d'augmenter son volume pour le porter à 13 922 000 m3. Soit un taux de remplissage de 2,18%. Ce qui peut paraître insignifiant par rapport à la capacité réelle de ce grand barrage qui est de 640 millions de m3. Ces apports ont été moins importants encore pour les deux autres barrages. Ceux de Tilezdit ont été de 3 337 000 m3 portant par là son volume à 58 489 000 m3, soit un taux de 36,79%. Quand on sait que ce barrage alimente trois wilayas (Bouira, Bordj Bou Arréridj et M'Sila) avec seize communes pour notre wilaya, et qu'en plus il permet d'irriguer la plaine d'El Esnam qui s'étend sur 5 442 ha, on reste quand même confiant. Avec ses 2 994 600 m3 qui est son niveau actuel, le barrage de Oued Lakhal, d'une capacité qui avoisine les 30 millions est celui qui a le moins bénéficié de ces pluies, puisque l'apport enregistré est de 1 436 000 m3, soit un taux de remplissage de 11%. Tout petit qu'il semble être, pourtant, par rapport aux deux autres, il alimente trois daïras: Aïn Bessem, El Hachimia et Sour El Ghozlane. Ce qui nous permet de maintenir notre programme pour toute l'année. C'est-à-dire? C'est-à-dire que nous continuerons à gérer la situation comme avant ces apports, sans trop de crise. Sauf que s'il n'y avait pas eu toutes ces pluies, qui sont de vrais dons du ciel, la crise aurait été beaucoup plus sévère. En clair, les communes, au sud de la wilaya, comme Hadjr et Dirah, continueront à recevoir une fois par semaine de l'eau courante. Pour le reste des autres communes, quatre fois par semaine. Faut-il le rappeler, La wilaya de Bouira a besoin de 64 000 m3 d'eau traitée chaque jour. La commune de Bouira en reçoit 55 000/J. Pour Sour El Ghzlane, Aïn Beseem et El Hachimia en reçoivent 20 000 chacune Il y a les nappes souterraines.À combien peut-on estimer les apports? À 38 500 m3. Mais nous pensons exploiter ses ressources de façon à augmenter nos capacités de production. C'est dans cette optique que nous avons lancé un programme de forage. Sur les 51 projets qu'il comporte, 15 sont déjà en service. En attendant, nos 51 camions-citernes et nos 24 citernes tractables se tiendront mobilisés pour intervenir ponctuellement là où le besoin se ferait sentir Ainsi, grâce à tous ces apports pluviométriques et à tous les moyens que vous mettrez en oeuvre pour renforcer vos réseaux, vous nous promettez un été assez tranquille? Un été tranquille, oui, mais qui l'aurait été peut- être moins sans le bénéfice de toutes ces précipitations providentielles.