Ce n'est pas, à proprement parler, le grand démarrage du mégaprojet de la mine de fer de Ghar Djebilet, mais ça y ressemble. Algériens et Chinois ont planté, hier à Tindouf, les premiers éléments du décor du mégaprojet. Les cadres de Feral, société publique chargée de l'exploitation du gisement, ceux du groupe Sonarem (ex- Manel), conduits par leur P-DG Mohamed Sakhi Harami, une délégation du partenaire chinois de Feral, le Consortium CMH, ont fait le déplacement jusqu'au «trou» de Ghar Djebilet. Le but du voyage de 160 km sous la chaleur torride de Tindouf consistait à voir de visu la première «descenderie», profonde de 12 mètres, de la mine de Ghar Djebilet. Les Chinois n'ont pas fait le déplacement pour faire du tourisme. Menés par leur P-DG, ils sont venus avec, dans leurs bagages, les résultats des études de laboratoire du minerai de fer extrait de la mine de Ghar Djebilet. Il faut savoir que Feral a fait transférer plusieurs cargaisons de ce minerai à des laboratoires chinois pour analyse et traitement du minerai qui contient à l'état naturel du phosphore à un taux de 0,8%. Les standards internationaux recommandent 0,1%. Les techniciens du Consortium CMH, ont réussi à purifier le fer en ramenant sa teneur en phosphore à 0,1%. C'est donc la raison de leur présence autour du «trou». Ils sont porteurs d'une bonne nouvelle, à savoir que la mine de Ghar Djebilet est officiellement exploitable, voire même, rentable. C'est une première certitude. Mais cela ne constitue pas pour autant l'exploitation immédiate de la mine. Encore faut-il conforter les résultats de laboratoire aux données réelles sur le terrain. Ce sera la seconde phase de ce gigantesque projet. Une unité de traitement du minerai dans les conditions optimales d'exploitation. Il est prévu de débuter avec une capacité d'un million de tonnes. Cette opération ne risque pas de remettre en cause les résultats de laboratoire. L'objectif est de monter en cadence et être au rendez-vous de la finalisation de la ligne de chemin de fer Ghar-Djebilet-Béchar, a indiqué le P-DG de Sonarem, lors d'une conférence de presse à l'issue de la signature du mémorandum entre Feral et CMH. Le partenariat algéro-chinois n'est pas le seul autour de la mine de Ghar Djebilet. Une autre unité de traitement est également prévue à Béchar. Il s'agit de celle de l'entreprise turque Tosyali. Sa production est destinée à alimenter son usine de Bethioua. Ce projet, qui est déjà sur les tablettes de la compagnie turque, est une autre pièce d'un immense puzzle de 100 hectares. C'est la superficie réservée par la wilaya de Béchar destinée à recevoir beaucoup d'usines sidérurgiques. Cette perspective est d'autant plus envisageable que l'objectif de production de Feral se situe à 20 millions de tonnes en 2026, et à terme, autour des 50 millions de tonnes annuellement, vers 2040. Ce qui suffirait à alimenter un maximum d'unités de transformation du minerai de Ghar Djebilet. Mais ces perspectives très optimistes ne sauraient connaître une concrétisation, sans la réalisation d'une ligne de voie ferrée entre Ghar Djebilet et Béchar d'une longueur de 1050 km. Cette réalisation impérative pour l'entrée en service du complexe sidérurgique devra voir le jour en 2026, ou au plus tard en 2027, affirme le P-DG du groupe Sonarem. On apprendra que la première tranche de ce chemin de fer sur 170 km, au départ de Béchar, est déjà en cours de réalisation. Une deuxième tranche, partant de Tindouf est en phase d'étude, souligne-t-on de même source. C'est dire donc que le projet de rattachement de la mine à la zone de traitement est en phase active. D'où l'intérêt formulé par les Chinois et les Turcs. Les premiers sont passés à l'action en signant avec Feral un mémorandum d'entente portant sur la réalisation de l'unité pilote de traitement du minerai ferreux. Ghar Djebilet n'est assurément pas une vue de l'esprit. C'est véritablement un immense projet structurel qui voit les éléments de sa concrétisation sortir de terre. Hier, l'Algérie a mis une pierre supplémentaire de ce chantier du siècle et sa réalisation dans les délais décidés constitue un challenge grandeur nature pour le pays et un gage de sérieux pour son émergence économique. Faire comme les plus grandes nations des Brics est un objectif. À travers ce chantier gigantesque, l'Algérie se lance un défi de taille...