La Russie a écarté hier toute nouvelle mobilisation pour grossir ses troupes, après le départ des hommes du groupe paramilitaire Wagner d'Ukraine, où Kiev a fait état de «combats acharnés» dans quatre zones de la ligne de front tout en assurant avoir progressé dans le sud.»Le président de la Fédération de Russie (Vladimir Poutine) a clairement, de manière compréhensible et spécifique, dit qu'il n'y aurait pas de nouvelle mobilisation», a déclaré hier, à l'agence officielle TASS, Andreï Kartapolov, à la tête du Comité de Défense de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.»Il n'y a aucun besoin de mobilisation aujourd'hui et dans un avenir proche», a-t-il ajouté, déclarant qu'»il n'y a pas du tout de menace de diminution du potentiel de combat» à moyen et long terme, et que Moscou dispose d'effectifs au sein des forces armées russes pour les remplacer. Le 13 juin, quelques jours avant la mutinerie du groupe paramilitaire, Poutine avait lui-même écarté l'idée d'une nouvelle mobilisation: «il n'y a pas un tel besoin aujourd'hui», avait-il déclaré à des journalistes, selon le site du Kremlin. Après sa mutinerie avortée en Russie en juin, le patron du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a accepté de s'exiler au Bélarus à la faveur d'une médiation menée par Minsk, allié de Moscou. Aux termes de cet accord, les combattants de Wagner ont le choix de partir au Bélarus, de retourner à la vie civile, ou de s'engager dans l'armée russe régulière. Prigojine a assuré que son soulèvement ne visait pas à renverser le pouvoir, mais à sauver Wagner d'un démantèlement par l'état-major russe, qu'il accuse d'incompétence dans le conflit en Ukraine. Les forces russes ont avancé dimanche dans quatre zones de la ligne de front dans l'est, mais Kiev a assuré que ses troupes progressent dans le sud, un mois environ après le lancement de la contre-offensive.» Des combats intenses sont en cours», a déclaré hier l'état-major ukrainien dans son compte rendu régulier. Dans la nuit de dimanche à lundi, Moscou a attaqué au moyen de missiles et de drones, a ajouté la même source, sans fournir de précisions sur d'éventuels dégâts ou victimes.»Il y a partout des combats acharnés», «la situation est assez difficile», a écrit dimanche la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar sur Telegram. Les troupes ukrainiennes «travaillent en permanence et sans relâche à créer les conditions d'une avance aussi rapide que possible», a-t-elle ajouté. Dans la banlieue industrielle de Donetsk, la ville d'Avdiivka est bombardée quotidiennement, affirme l'autorité locale ukrainienne. Face aux frappes russes, l'Ukraine dit poursuivre sa contre-offensive lancée il y a environ un mois et qui n'a pas permis de déclencher pour l'instant d'avancée décisive. Elle exhorte ses alliés occidentaux à hâter l'aide militaire promise, à l'approche d'un sommet de l'Otan à Vilnius. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en recevant samedi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, avait critiqué les partenaires occidentaux de Kiev sur le rythme de mise en oeuvre de la formation des aviateurs ukrainiens, habitués aux MiG et Sukhoï soviétiques, au pilotage des F-16. Le chef d'état-major américain Mark Milley, depuis Washington, a répondu que les Etats-Unis et leurs alliés faisaient leur possible pour envoyer ce dont l'Ukraine a besoin. Sur le terrain des exportations de céréales, l'ambassadeur russe aux Nations unies a déclaré ne pas voir «de raisons» de prolonger l'accord qui permet les exportations ukrainiennes malgré le conflit, et qui doit expirer en juillet. Pour Guennadi Gatilov, l'accord conclu en juillet 2022 s'est détourné de ses visées humanitaires pour devenir «un projet commercial», fournissant principalement les «pays à revenu élevé», a-t-il déclaré dans un entretien au média russe Izvestia paru hier. Et les couloirs «sont régulièrement utilisés par les Ukrainiens pour lancer des drones» militaires, a ajouté le diplomate.»Ce que nous voyons aujourd'hui ne nous donne pas de raisons d'accepter le maintien du statu quo.» De leur côté, les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé hier avoir déjoué une tentative d'assassinat du principal dirigeant en Crimée, annexée en 2014, accusant Kiev d'avoir voulu poser une bombe dans sa voiture.»Une tentative d'assassinat du dirigeant de la Crimée Sergueï Aksionov organisée par les services spéciaux ukrainiens a été déjouée», a indiqué le FSB, cité par les agences de presse russes. Un homme a été arrêté dans le cadre de l'enquête.