«Le raï fait partie, désormais, du patrimoine universel» dira d'emblée Riyad Aberkane directeur artistique de l'Institut français d'Alger, jeudi dernier, qui évoquera le raï d'antan lors de la soirée spéciale «El Besta». «On s'est dit pourquoi ne pas revenir aux origines. Avant, il y avait Bouteldja Seghir, Bouteyba Seghir, khaled, qui faisait partie du groupe, Lazhar étant jeune.... À l'IFA on a organsié des soirées autour du raï, on l'a fait de façon exceptionnelle. Récemment, nous l'avons fait avec Boubekar Matallah. On est allé à l'innovation, à la création, comme ce que fait le groupe Acid Arabe, Sofiane Saâdi et d'autres...» Et de renchérir: «Le vrai raï on va le vivre ce soir avec des jeunes qui sont passionnés. Il y eut aussi auparavant, la projection d'un film qui s'apelle «Rai is not dead», le concert de Lotfi Attar, dans les jardins, avec Raïna Raï... Aujourd'hui on remonte le temps, avec des titres tels ceux de cheb Mazouzi, cheb Samir....Il s'agit de faire redécouvrir le raï et vous emmener réellement dans le passé pour partager les vraies valeurs du raï. Ce n'est pas celui qu'on écoute, aujourd'hui, avec ces artistes à l'auto-tune. Mais celui des artistes qui chantaient le vécu, le mal- être, l'amour, le partage, la société. C'est ce qu'on va partager avec vous. Les musiciens d' El Besta n'ont pas assisté au succès de début de khaled, de Fadila et Sahraoui, de cheb Mami, de Zahouania ou de Hasni. Il y a des membres dans le groupe qui sont nés après l'assassinat de Hasni et pourtant, ils chantent ses chansons...» Et de préciser que le 03 août, l'institut français d'Alger accueille Djamel Reffes. Accompagné de Mehdi Askeur à l'accordéon, le chanteur rendra hommage à Ahmed Zergui au rythme de la guitare de Sidi Bel-Abbès. Donc à ne pas manquer! En attendant, la salle de l'IFA se souviendra longtemps de l'ambiance chaleureuse qu'a mis le groupe El Besta au sein du coeur du public, et ce, l es 27 et 28 juillet dernier. El Besta est en fait une idée de génie créée par le jeune Walid Cheikh avec lequel on est parti discuter pour en savoir davantage sur la création de cette formation unique en son genre, qui connaît beaucoup de succès en ce moment et prépare d'ores et déjà plein de projets en cours... L'Expression: El Besta, se produit enfin à Alger. Ça fait quoi pour vous en tant que manager qui sort enfin de sa ville d'Oran, fief du raï tout de même? Walid Cheikh: À Alger, je pense qu'il y a plus de fans qu'à Oran. Alger nous suit beaucoup plus. Ça fait plaisir.. Comment a été organisé ce concert? L'Institut français nous a contactés. C'était prévu avant, mais on n'a pas réussi à trouver et à caler une bonne date...Mais aujourd'hui, on est enfin là... Vous avez participé, récemment, au festival du raï. C'était comment? C'était magique! Vous imaginez quatre mille personnes qui chantent à l'unisson avec vous! C'était notre première scène qui dépassait les cent personnes. 4000 personnes qui chantent avec toi. Le théâtre en plein air Hasni Chekroun était plein à craquer et super animé et chantait avec le groupe dans une pure ambiance de folie. C'était magique, voire historique! En plus c'était notre premier festival auquel on a eu l'occasion de participer. Notre première participation à une scène officielle. C'était magnifique! Comment s'est constituée ou est né le groupe El Basta? J'ai, en toute franchise répondu à mon propre besoin d'abord. C'était purement égoïste de ma part. je voulais organiser des soirées autour du vieux raï, mais des soirées indeground. Car j'adore ce genre de soirée. Quand j'ai créé El basta j'ai constaté que tout le monde partageait ce même besoin. Cette même envie. La deuxième raison c'était aussi pour soutenir notre accordéoniste Laaradj qui avait une grande carrière dans le raï puis a connu des soucis. C'est le fils de cheikh Zouaoui, qui fut le berah de cheikha El Djenia. El Djenia c'était la femme de son père. Il a donc grandi dans le raï. Il a eu tôt du succès. Après il lui est arrivé pas mal de crasses et de problèmes. De millionnaire il s'est retrouvé sans le sou. Du coup, on a créé le projet pour le soutenir socialement. En même temps on voulait des soirées rai à ïl'ancienne. El Besta c'est justement un nom qui se réfère aux soirées où il y a du raï, à manger et à boire, en présence d'hommes et de femmes sans oublier l'alcool. Tout ça a formé l'idée d'El Basta. Un mot sur le choix du répertoire musical Ce sont toutes des reprises. Et d'ailleurs le choix des chansons se fait d'une manière très pensée. On fait ce qu'on appelle «une refda». ÇA veut dire deux ou trois chansons qui se suivent et se ressemblent. Si vous l'avez remarqué, il y a «liyah liyah» vient ensuite «datni sekra datni» puis on finit avec «harebani» qui fait le buzz actuellement. On trouve aussi «darou shour darou», «heli lbbab» et «hada mektoubi maâk». Autrement dit des chansons qui se suivent. On sélectionne les chansons qui s'accordent bien entre elles. Pour ne pas casser le rythme. C'est à l'ancienne. Les soirées du raï d'antan, ça se passait comme ça. C'est ça l'esprit dans ces quaâdates. On ne chante pas un morceau, puis on arrête, on appaludit et on recommence. El Besta c'est simple. L'objectif, c'est revivre une certaine époque de la musique raï On veut la faire revivre surtout. Depuis, vous n'arrêtez pas. El Besta a pris la vague? A pris la vague, je ne sais pas. La vraie vague pour moi est quand le raï a été inscrit sur la liste de l'Unesco. Nous, on a commencé avant avec un an et demi environ, je tiens à le préciser. Donc on n'a pas suivi la vague, heureusement. Le public a aimé le groupe d'emblée. Sofiane a aussi une très belle voix.. Comment avez-vous déniché ce grand artiste d'aileurs? Sofiane je le connais depuis que j'étais enfant. On se connaît tous depuis qu'on etait enfant. Sauf qu'ils n'ont jamais joué l'un avec l'autre. J'ai ramené Laâradj pour qui on a crée le projet au départ, il avait un accordéon défectueux, Mohamed l'ingénieur du son est venu le réparer, il est à la base réparateur de téléphone. Il a arrangé l'accordéon. On s'est retrouvé au port, on est tombé sur Sofiane, Laâradj est arrivé avec son accordéon. On a tourné une première vidéo qui a marché sur instgram. On a fait cent milles vues. De là, le percussionniste, Dadi, nous a rejoitns. Cela s'est transformé en soirées inderground. On en fait énormément à Oran et à Mostaganem. On organise des soirées privées à l'ancienne. Vous avez d'autres dates de concerts prévues? Le 07 août on joue en principe à l'Esplanade de Riad El feth avec le festival d'été.. Probablement à Constantine et Annaba. On aimerai aussi faire une tournée en Algérie avant de partir en France car on est très demandé là-bas. C'est une suite logique, là, ou il y a une forte demande, on fait une tournée..C'est juste une question de paperasse... Ce sera organisé par qui? El Besta n'appartient à personne. C'est vraiment quelque chose d'indépendant. On n'a aucun sponsor qui nous suit. On s'autofinance soi-même. On fait de l'autoproduction. Moi je suis le réalisateur puisque je fais de la vidéo et Mohamed, mon ami, est ingénieur du son. Ça veut dire que nous sommes notre propre équipe. On ne prend du financement de personne. Vous arrivez à vous en sortir aujourd'hui? Oui, aujourd'hui, ça va, on arrive à nous en sortir. De toute façon, nous, dans El Besta, chacun travaille de son côté. La musique n'est pas notre métier. Chacun a sa vie. Moi je travaille dans la publicité, Mohamed est réparateur, Sofiane travaille au niveau du port...On essaye de financer le projet avec notre propre argent. On ne suit aucun agenda et on n'appartient à personne. Le fait que le raï soit inscrit à l'Unesco, ça vous donne encore l'envie de continuer? Ça ne change rien. Le projet était appelé à évoluer, avec ou sans l'Unesco. C'est quoi votre ppochaine étape? Il y a des chansons de raï qui sont mortes, qui n'existent même pas sur YouTube et qu' on aimerait les faire revivre par un EP ou un album. On aimerai leur insuffler une nouvelle âme. Elles seront enregistrées non pas en studio, mais en live. Ce sera en soirée, on mettra des micros et c'est comme ça qu'on aimerait les immortaliser. On n'ira pas au studio pour enregistrer des morceaux par pistes. El Besta c'est d'abord l'énergie que dégage le groupe sur scène. On veut sauvegarder ces vieilles chansons qui n'existent plus aujourd'hui.. Après, on compte réaliser notre propre album. Car Sofiane est en pleine écriture et d'autres aussi. Djamel Refaz aussi va nous donner une chanson ou deux pour boucler l'album. Ce sera dans le même genre de son. On gardera la même ligne artistique c'est-à-dire l'accordéon..Même les textes qui seront nouveaux seront teintés par l'ancien cachet du raï Il a sa propre saveur. On est en pleine écriture. Avant de passer à l'enregistrement, on essayera les morceaux sur scène pour voir si ça marche avec le public, en soirées underground surtout. Tout sera autofinancé, par notre propre argent. J'ai refusé pas mal de propositions, notamment de la part d'un grand compositeur de musique, mais aussi de l'IFA, le Britsh council, on veut rester indépendant. Comment comptez-vous récupérer ces inédits qui n'existent plus? Il y a des sources. Notamment de la part d'un de nos amis qui est le fils de Ahmed Zegui.Ce dernier est le père du rai. Khaled s'en est beaucoup inspiré..je citerai «Trig elycée», «Hay delali», «Chaba ya cheba bent bladi».. Ce sont toutes des chansons d'Ahmed Zergui que Khaled a prises et les a enregistrées sous son nom. Mais il n' y a pas que lui, il y a aussi les vieilles chansons de cheikha Djenia...celles de Cheikh Djilali Aïn tedles, cheikh Hamada...on ne connaît pas encore les titres. Le principal est que le public comprenne d'abord ce qu'est El Besta, le concept de sa démarche puis on ira tout doucement...on n'a pas non plus de date précise de sortie de l'album. On préfère tout faire nous-mêmes et s'autofinancer justement pour ne pas avoir de pressions.