Comme en écho à l'appel lancé par le président Mohamed Bazoum qui presse les pays occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis, d'agir avant des «conséquences dévastatrices» en cas de réussite du coup d'Etat, le nouveau CNSP créé au lendemain du putsch promet «une riposte immédiate à toute agression». La date butoir fixée par la Cédéao pour revenir à la légalité constitutionnelle est presque atteinte et les militaires nigériens ont, malgré tout, haussé le ton, hier, en dénonçant «les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France». Celle-ci dispose d'un ultime bataillon dans ce pays sahélien après avoir dû quitter précipitamment le Mali et le Burkina Faso. Le président français Emmanuel Macron a considéré, dans une réaction immédiate, que la décision est «illégitime», affirmant que seul un gouvernement et un président élu peuvent prendre de telles mesures. La délégation de la Cédéao a quitté Niamey sans avancée notoire, hier, après que l'organisation régionale eut annoncé de lourdes sanctions envers Niamey, la «résolution amiable» souhaitée par le président du Nigéria Bola Ahmed Tinubu n'ayant pas été trouvée. Au terme d'entretiens à couteaux tirés qui ont eu lieu à l'aéroport de Niamey, les membres de cette délégation n'ont pas été reçus par le chef du CNSP, le général Tiani. En même temps, l'ultime option sur la table, à savoir, une intervention militaire, a suscité une levée de boucliers au Mali et au Burkina qui ont averti qu'elle serait une agression à leur encontre et qu'ils quitteraient sans tarder l'organisation. Bref, il semble que ce soit l'impasse, un peu comme ce qu'on a observé voici deux ans au Mali puis au Burkina voisins du Niger et confrontés comme lui à une montée en puissance des groupes terroristes, notamment Daesh et Al Qaïda, avec toutes les interrogations que cela implique. En convoquant une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao à Abuja, mercredi et jeudi derniers, les dirigeants ouest-africains semblent déterminés à passer à l'action mais les appels à la retenue se sont multipliés aussi bien en Afrique qu'en Russie et aux Etats-Unis. L'Algérie a aussi mis en garde contre toute action militaire aux conséquences imprévisibles, dans un communiqué du MAE publié mercredi dernier. Le CNSP a procédé, hier, au limogeage de quatre ambassadeurs, en France, aux Etats-Unis, au Nigeria et au Togo. Comme ils ont procédé aux coupures des signaux de France 24 et de RFI, médias déjà suspendus au Burkina Faso et au Mali voisins. Il a dépêché des délégations, mercredi, dans ces deux pays avec lesquels les discussions se sont largement intensifiées, pendant que les pays européens concernés, la France en tête avec 577 concitoyens, ont procédé à l'évacuation de leurs ressortissants.