Sous couvert d'une lutte antiterroriste, les capitales occidentales n'hésitent pas à bafouer les libertés individuelles. Après la plainte déposée par un Algérien contre quatorze policiers espagnols pour torture, M.Hassan Laribi, député du mouvement El Islah vient de saisir le président de la République pour un autre dépassement de la part des autorités espagnoles. Ce coup-ci, c'est l'appareil judiciaire qui est mise en cause. L'affaire concerne M.Ahmed Ibrahim, 62 ans. Un homme d'affaires algérien qui croupit dans la prison de Valladolide depuis le 4 avril 2002. Un des principaux chefs d'inculpation qui lui a valu l'incarcération «est d'être le financier présumé d'Al Qaîda en Europe et de participer au financement des activités terroristes». Ce dernier est accusé de vouloir propager un discours religieux extrémiste. La justice espagnole, selon M.Hassen Laribi, qui a rencontré l'inculpé, s'est basée sur des documents et des matériels CD-ROM trouvés chez Ahmed Ibrahim contenant des enregistrements de discours tenus en public par des savants musulmans, durant la période du pélerinage 1989-1990. «Selon les rapports de police, ces enregistrements sont, dans l'ensemble, à caractère modéré et sont commercialisés dans les médias occidentaux», ajoute-t-il. L'équipement informatique saisi chez Ahmed Ibrahim était utilisé, selon ses avocats, initialement pour mettre en place un projet de création d'une encyclopédie sur l'Islam, mis à la disposition des internautes, lequel n'a jamais abouti. Après quatre années de détention préventive, l'homme d'affaires algérien a été condamné à 10 ans de prison ferme, après avoir procédé, en 2001, au gel des avoirs et au blocage des comptes bancaires. Cette même justice s'est rétractée en 2003 en décidant de dégeler ces même comptes. «La justice espagnole démontre par ses propres efforts qu'Ahmed Ibrahim n'a participé à aucune transaction financière illégale ou répréhensible et encore moins au financement des activités terroristes». En prenant cette décision, «la justice espagnole abandonne donc, de fait, une des principales accusations prononcées à l'encontre d'Ahmed Ibrahim: l'aspect financier n'est plus évoqué dans la sentence». Les avocats de l'inculpé, en analysant tous les points évoqués dans le dossier, se sont aperçus qu´«il y a un manque d'impartialité dans cette affaire». «Un grand nombre d'indices non vérifiés ainsi que des soupçons ont été utilisés afin d'accuser Ahmed Ibrahim». lit-on sur le site web dédié à ce dernier. «Le procès aurait pu être plus équitable en fournissant tous les éléments demandés par la défense et en évitant de mettre en avant des éléments indirects, inutiles dans cette affaire», témoigne la défense. Celle-ci demande à la justice espagnole de comprendre l'importance du respect des droits d'un présumé innocent revendiquant un procès équitable. Ahmed Ibrahimi n'est pas la seule personnalité arabe condamnée en Espagne pour appartenance au groupe terroriste. Un journaliste d'Al Jazeera purge sept ans de prison ferme pour pratiquement les mêmes chefs d'inculpation, sans oublier des dizaines de personnes dans le même cas qui n'ont pas été médiatisées. Sous couvert d'une lutte antiterroriste, les capitales occidentales n'hésitent pas à bafouer les libertés individuelles. Les autorités espagnoles font souvent recours à la détention préventive, surtout après les attentats de Madrid en 2004. Hassan Laribi évoque dans sa lettre adressée à M.Abdelaziz Bouteflika, les conditions difficiles dans lesquelles sont emprisonnés de jeunes Algériens condamnés dans différentes affaires.