On a jugé l'entraîneur français avant même qu'il fasse ses preuves. Dans sa quête de réhabilitation vis-à-vis de son public, l'équipe nationale de football a franchi, ce dimanche, un palier important. Appelée à passer un test important en Guinée, elle s'en est sortie avec un match nul des plus mérités face à un adversaire que l'on présentait comme l'épouvantail du groupe 8 de la phase de qualification à la CAN-2008. Dans tous les écrits et commentaires qui ont précédé cette confrontation, l'unanimité s'était faite autour d'une supériorité du Sily national face à un Onze algérien promis à un sale après-midi. Quand on affronte chez elle l'équipe qui occupe la 22e place de la hiérarchie mondiale et la 4e à l'échelle africaine, il est évident que l'on part avec un énorme handicap surtout lorsqu'on fait valoir des classements internationaux teintés de médiocrité. Il est indéniable que ce match nul a valeur de victoire pour des Verts que l'écrasante majorité des observateurs donnait perdants. Des Verts qui lors de leurs dernières sorties avaient atteint le fond avec une double élimination en Coupe du monde et à la CAN-2006 marquée notamment par des défaites qui vont longtemps ternir leur image de marque comme le 3-0 encaissé à Annaba face au Gabon et le 5-2 enregistré face aux Nigérians à Oran. Le résultat de Conakry apparaît comme une bouffée d'oxygène dans l'ambiance suffocante d'un football algérien qui n'en finit pas de compter ses échecs. Mais c'est aussi une sorte de victoire pour Jean-Michel Cavalli, l'entraîneur de l'équipe nationale celui que certains ont voulu présenter comme un parfait inconnu aux compétences réduites. Nous ne disons pas que Cavalli est celui qu'il fallait pour notre football mais on n'a pas le droit de juger quelqu'un avant qu'il n'ait fait ses preuves. Nous restons, par ailleurs, convaincu que les problèmes dont souffre le football algérien ne sauraient se suffire du recrutement d'un entraîneur étranger dut-il être le meilleur au monde. La discipline traîne tellement de carences et elle accuse un si grand retard qu'il est nécessaire de voir bien au delà de l'équipe nationale si l'on veut opérer son redressement. Du reste, cette équipe nationale doit être l'aboutissement du processus, une sorte de cerise sur le gâteau pour un travail bien accompli. Mais là, le scénario auquel on assiste se résume à vouloir monter un Onze national sur du vide, un vide sidéral né des années d'errements où aucune politique sportive digne de ce nom n'a été élaborée. Pour sa part, la FAF est forcée de se plier à ce jeu, pas amusant du tout, où tout est focalisé sur l'équipe nationale à laquelle on exige des résultats dans un football où on ne trouve ni centre de formation ni club ayant un patrimoine où il puisse ériger sa base d'entraînement. Un football où le champion d'Algérie en titre n'a même pas de stade pour recevoir ses adversaires en Champion's League africaine. Un football qui dispose de stades mais très mal entretenus et où on demande à ses joueurs, insuffisamment formés, de passer d'une surface en tartan à une autre en gazon naturel de très mauvaise qualité. Un football dont les entraîneurs souffrent d'un manque d'encadrement et ne sont pas recyclés en permanence. Un football où les jeunes catégories sont délaissées et dont l'équipe nationale juniors est composée d'éléments dont aucun d'eux n'émarge dans l'effectif seniors de son club. Un football où les clubs déstructurés bénéficient de rentrées d'argent public ou parapublic à qui on demande de mettre le paquet sur les jeunes, mais qui font joujou avec cet argent dans des opérations de recrutement de joueurs sans talent, le tout après des assemblée générales, pliées en un tour de main, où l'opportunité des dépenses n'est jamais débattue. Ce ne sont là que quelques aperçus de la situation d'une discipline qui a longtemps rendu les armes en termes de résultas sportifs probants. Alors, dans un tel contexte, il serait mal venu de croire que le nul enregistré à Conakry puisse signifier le début de l'embellie de ce football. Il reste qu'il y a un hommage à rendre aux joueurs et à leurs entraîneurs, notamment Jean-Michel Cavalli qui sort grandi de l'épreuve. Ils ont d'autant plus de mérite que la préparation à ce match ne s'est pas faite dans les meilleures conditions avec les fameuses 14h00 de vol jusqu'à la capitale guinéenne. Ajoutons à cela l'état défectueux du terrain, l'absence de joueurs comme Ziani et Brahami qui auraient pu apporter un plus et l'exclusion (deux cartons jaunes) de Anthar Yahia à 12 minutes de la fin du match. Les Guinéens qui n'avaient pas perdu chez eux depuis douze ans et qui n'avaient pas pour habitude de gaspiller des points, sont même passés à côté d'une défaite que personne n'aurait contestée. Puisque Daham et ses coéquipiers de la ligne d'attaque algérienne ont eu plusieurs opportunités de marquer. Disons qu'il y avait bien longtemps que les Verts n'avaient pas si bien joué. La dernière fois où ils avaient laissé une bonne impression c'était à la suite d'une courte défaite, le 3 juillet 2004, à Abuja, face à l'équipe du Nigeria dans le cadre des qualifications à la Coupe du monde et à la CAN-2006. Ils sont loin d'avoir gagné leur billet pour le Ghana avec ce match nul mais ce résultat est susceptible de leur remonter le moral et surtout de les réconcilier avec leurs supporters qui risquent d'être nombreux pour aller les voir (ce sera en Algérie) lors de leur seconde sortie africaine contre la Gambie entre le 6 et le 8 octobre prochain. D'ici à là, ils devront garder les pieds sur terre en sachant que la bonne prestation d'Abuja de juillet 2004 avait été suivie par le cauchemardesque Algérie-Gabon de Annaba. Et même si Jean-Michel Cavalli ne parvient pas au bout du compte à qualifier cette équipe pour le Ghana, nous resterons sur notre principale idée qui veut que le problème de l'équipe nationale ne se situe pas dans son entraîneur mais bien dans un manque d'approche visionnaire pour donner à ce football les moyens et la politique qui conviennent à son redressement.