Une délégation sioniste a participé à une réunion de l'UNESCO à Riyadh, première visite publique de représentants de l'entité sioniste en Arabie saoudite, sur fond de spéculations au sujet d'une possible normalisation entre les deux pays. Poids-lourd du Moyen-Orient et gardienne des lieux saints musulmans, l'Arabie saoudite ne reconnaît pas l'Etat hébreu et n'a pas adhéré aux accords d'Abraham de 2020, négociés par les Etats-Unis, contrairement à ses deux voisins, les Emirats arabes unis et Bahreïn. Une réunion élargie du Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO se tient actuellement en Arabie saoudite. L'Arabie saoudite a déclaré à plusieurs reprises qu'elle s'en tenait à la position de la Ligue arabe, vieille de plusieurs décennies, qui consiste à ne pas établir de liens officiels tant que le conflit avec les Palestiniens n'est pas résolu. Ces derniers mois, Riyadh et Washington se sont entretenus sur les conditions posées par l'Arabie saoudite pour progresser sur la voie de la normalisation, notamment des garanties de sécurité et une assistance pour un programme nucléaire civil doté d'une capacité d'enrichissement d'uranium. Selon des informations de presse, une délégation palestinienne s'est rendue à Riyadh la semaine dernière pour discuter de la voie à suivre si ces deux pays devaient officialiser leurs relations. L'Arabie saoudite a besoin de savoir si les dirigeants sionistes «s'activent pour que des progrès tangibles soient réalisés dans la résolution du conflit israélo-palestinien», avait déclaré en août Hesham Alghannam, analyste saoudien de l'Université arabe Nayef pour les sciences de la sécurité à Riyadh. Malgré l'absence de relations, l'Arabie saoudite avait annoncé en juillet 2022 l'ouverture de son espace aérien à «tous les transporteurs», y compris ceux de l'entité sioniste. A l'époque, le royaume avait nié que cette mesure soit le signe d'un processus de normalisation. Le même mois, un sommet en Egypte entre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le roi de Jordanie Abdallah II et le président palestinien Mahmoud Abbas a «discuté des efforts américains visant à parvenir à la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et l'Etat hébreu et des exigences de l'Autorité palestinienne dans la cadre de la signature d'un tel accord», avait alors indiqué une source palestinienne proche du dossier. L'Egypte et la Jordanie, premiers pays arabes à avoir signé un traité de paix avec Israël, respectivement en 1979 et en 1994, sont les grands alliés régionaux de Riyadh. L'Arabie saoudite tente de revitaliser son économie tributaire du pétrole et cherche à transformer le royaume en un centre mondial d'affaires et de tourisme dans le cadre du programme de réforme Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane. Elle a entrepris plusieurs démarches diplomatiques, surtout un rapprochement surprise avec l'Iran, huit ans après la rupture des liens entre les deux puissances rivales régionales. Le fait que la visite israélienne ait été coordonnée par l'UNESCO suggère que des «obstacles» subsistent sur la voie de normalisation, a estimé Aziz Alghashian, analyste saoudien et expert des relations bilatérales.