En déclenchant la Révolution dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, ils ne croyaient pas venir à bout de la colonisation française au bout de sept ans et demi. Ils ne pensaient pas également qu'ils venaient de signer la plus grande leçon de courage et d'engagement patriotique. Ils venaient de baliser la voie de la libération de l'Algérie du joug colonial. 69 ans plus tard, la leçon de Novembre reste intacte. Si l'élan de la Révolution répondait à l'impératif du moment, la leçon Novembre va bien au- delà. Elle n'est pas réductible dans le temps, ni dans un espace donné. Tout peuple en quête de liberté et d'émancipation peut se reconnaître dans les valeurs et le message de Novembre. C'est une référence pour de nombreux pays, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, qui se sont lancés dans la quête de leur indépendance. Preuve en est la place qu'occupe l'esprit de la glorieuse révolution dans la conscience de ces peuples. Ces derniers sont admiratifs de ce qu'a pu faire la Révolution algérienne devant l'occupation française appuyée par des forces européennes. À tel point qu'une complicité s'est érigée entre l'Algérie et les leaders de mouvements révolutionnaires des années 50 et 60. «Les musulmans vont en pèlerinage à La Mecque, les chrétiens au Vatican et les mouvements de Libération nationale à Alger», a déclaré, en 1968, Amilcar Cabral, fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert. Cette formule résume le regard que portaient tous les révolutionnaires sur l'Algérie. Autrement dit, l'esprit Novembre a sonné le déclenchement de la Révolution pour les Algériens, mais il a sonné également l'éveil des consciences de tous les peuples opprimés et qui subissaient les affres du colonialisme abject. L'ensemble des chefs des mouvements de libération se référaient à l'esprit de la Révolution algérienne tant le combat de celle-ci était noble. Mais surtout porteur de valeurs humaines. C'est que les chefs historiques de la Révolution et les populations qui l'ont portée avaient un sens très élevé du sacrifice pour que le pays puisse retrouver sa souveraineté. «Faites en sorte que la Révolution soit projetée dans la rue et vous verrez comment les masses populaires en feront la leur et l'embrasseront», avait recommandé Larbi Ben M'hidi à ses compagnons. Didouche Mourad, tombé au champ d'honneur en janvier 1955, mettait déjà en avant les valeurs de la Révolution et l'enjeu de la transmission. «Si nous devions tomber en martyrs, nul doute que ceux qui viendront après nous, oeuvreront à la pérennisation de nos valeurs révolutionnaires et à la transmission aux générations montantes. Dans quelques instants, nous nous engagerons dans la bataille de l'honneur et du martyr», a-t-il affirmé. Dans ce qui s'apparente à une prophétie, Didouche dira: «Nous donnerons à l'ennemi la preuve éclatante de notre capacité à libérer notre peuple et notre patrie, grâce à notre totale disponibilité au martyre.». C'est dire à quel point ces hommes avaient fait de Novembre ce moment de résilience dont l'esprit traverse le temps et les territoires. Jusqu'à constituer une source d'inspiration pour tous ceux qui luttent. Pour nous Algériens, comme pour ceux qui ont eu à subir l'ordre colonial, le mois de Novembre est synonyme de grandeur, de bataille, de luttes pour l'honneur de son pays. C'est le mois qui a vu l'Algérie créer ses mythes et ses symboles et donnant du sens à des valeurs qui ne peuvent être défendues qu'en temps de liberté et d'indépendance. Dans l'ambiance qui précédera la Déclaration du 1er Novembre et le déclenchement de la Révolution, les petits calculs ont disparu, les ambitions personnelles n'avaient pas de place. Novembre était la grandeur que tout paraît accessoire. Près de 70 années plus tard, ses valeurs demeurent intactes. Sa leçon est inusable. Son message est éternel. Il est encore une source d'inspiration pour les Algériens et tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de la Révolution algérienne.