À quelques encablures de l'entame de son mandat de membre non permanent au Conseil de sécurité, l'Algérie met plus en avant l'urgence de réformer cet organe des Nations unies. Le plaidoyer algérien prend tout son sens à la lumière de l'inertie et de l'impuissance de ce Conseil de sécurité à faire cesser les bombardements sionistes contre Ghaza. Si le fonctionnement de cet organe obéit à des enjeux de puissance, l'Algérie fait de la défense des opprimés un principe. Et appelle à réparer cette injustice que les puissants font subir à l'Afrique. Cette finalité passe par la réforme du Conseil de sécurité. Pour l'Algérie, c'est une urgence. D'où l'appel du président Tebboune à traiter le dossier avec «la plus grande diligence», appelant à redresser «l'injustice historique» faite au continent africain. Dans son allocution, lue en son nom, hier, à Oyala (Guinée équatoriale) par le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, lors des travaux du 5e Sommet du Groupe des 10 de l'UA concerné par le dossier de la réforme du Conseil de sécurité, le président Tebboune a nommé les responsabilités. Comme il a défini les priorités pour le continent africain. Il a d'emblée indiqué que ce sommet se tient dans un contexte international et régional riche de défis et de risques, sur fond d'une «crise sévère qui a frappé le système de sécurité collective, d'autant que le Conseil de sécurité des Nations unies a été frappé récemment d'une paralysie quasi complète». Pour le chef de l'Etat, la succession effrénée des crises et des conflits, leur accumulation inédite et leur pullulement, à la lumière de «l'inertie» de la communauté internationale qui peine à les endiguer, impose à cette dernière, aujourd'hui plus que jamais, de traiter le dossier de la réforme du Conseil de sécurité avec la plus grande diligence et beaucoup de rigueur. Il a cité «la situation de crise qui prévaut dans le continent africain, notamment dans la région sahélo-saharienne qui pâtit des fléaux du terrorisme, du crime organisé et de la propagation des foyers de tension et d'instabilité, outre la grande tragédie que vivent les Palestiniens, et qui prend, de jour en jour, des proportions alarmantes, du fait de l'impuissance de l'ONU à faire cesser les crimes de l'occupant sioniste et ses violations des règles du droit international, qu'elle a elle-même décidées». De ce fait, cette situation «a fait remonter à la surface la question de la réforme du Conseil de sécurité», a-t-il plaidé relevant que l'enjeu de cette réforme ne se résume plus à l'augmentation du nombre des membres des pays émergeants, en tête desquels l'Afrique, mais va bien au-delà, Il a considéré que «la pérennité de l'ONU multipolaire est désormais mise à l'épreuve, face à l'ampleur que prennent la logique de l'égalité des forces, le phénomène de la polarisation et les critères de sélectivité et discrimination en matière de l'impératif respect des règles du droit international». Une raison pour le président Tebboune de déplorer «les tiraillements sévères et les scissions d'envergure dessinent, désormais, les contours du système des relations internationales». Il a considéré que la position unifiée du continent africain devrait affirmer l'impératif de développer une approche qui permette à cet organe onusien central de se mettre à l'abri des tiraillements et de la polarisation, et de focaliser davantage sur le rôle qui lui est dévolu et la responsabilité qui lui incombe. Tebboune a affirmé que la position africaine unifiée devrait appeler avec insistance à redresser l'injustice faite au continent africain, étant le seul absent et oublié dans la catégorie des membres permanents au Conseil de sécurité, et le moins représenté dans celle des membres non permanents, alors qu'il est concerné par plus de 70% des points et questions inscrits à l'ordre du jour du Conseil. «Pour l'Afrique, il est primordial que le projet de réforme du Conseil aille au-delà de l'augmentation du nombre des membres pour inclure toutes les questions liées, particulièrement, aux méthodes et modes de fonctionnement du Conseil, à l'utilisation du droit de veto et à l'interaction entre le Conseil et les organes centraux des Nations unies. Il a fait savoir que l'élargissement de la composante ne garantit pas nécessairement, à lui seul, l'efficacité escomptée, tant que les règles régissant le fonctionnement du Conseil demeurent inchangées, pas enrichies, ni promues. L'Afrique «doit exiger, avec insistance, à ce que l'on se conforme impérativement à l'AG des Nations unies et aux négociations gouvernementales menées sous son égide, en tant que cadre unificateur et consensuel pour la prise en charge du dossier de la réforme du CS, et par conséquent rejeter toute tentative de remettre en cause la crédibilité de ce cadre ou de le dénigrer au profit d'initiatives ou de plans parallèles promus en dehors de notre organisation onusienne», a soutenu le président de la République. Il a réaffirmé l'attachement permanent de l'Algérie et son engagement constant envers la position africaine commune, telle que stipulée dans le «Consensus d'Ezulwini» et la «Déclaration de Syrte». Le président Tebboune a affirmé que l'Algérie oeuvrera, au cours de son prochain mandat au Conseil de sécurité, en coordination avec ses frères africains de la Sierra Leone et du Mozambique.