Après avoir été sélectionné en faisant sa première cette année à la Mostra de Venise, lors de sa quatre-vingtième session au cours du mois de septembre dernier, puis projeté au Festival International de Toronto, au cours du même mois de cette année, enchaînant les festivals et avant -premières, le film «Bye Bye Tibériade» de Lina Soualem a remporte moult prix. Aussi,il représentera officiellement la Palestine dans la catégorie Longs métrages internationaux des Oscars lors de leur quatre-vingt-seizième session en 2024 lors de la prestigieuse cérémonie qui délivrera ainsi les cinq meilleurs candidats au précieux trophée le 24 janvier 2024. Femmes et transmission Notons qu'avec cette sélection, l'Etat de Palestine aura enregistré films, soumis pour le représenter dans la catégorie du meilleur long métrage international (étranger) de 2003 à aujourd'hui. Récemment récompensé du Prix du jury au festival de Marrakech et en lice pour le meilleur documentaire aux Indépendant Spirit Awards, ce documentaire des plus poignants «offre un regard tendre sur l'héritage palestinien de Lina Soualem». Le film sortira, par ailleurs le 21 février au cinéma en France. «Il était important pour moi de remonter à la source de la transmission et de mettre en avant le parcours de femmes de ma famille, en Palestine dans des contextes de colonisation, de guerre, d'exil et de déplacement» dira Lina Soualem, qui est donc à son deuxième documentaire. «Bye Bye Tibériade» porte, en effet, sur l'histoire de quatre générations de femmes et sur la transmission. «Je suis la première femme de ma famille à être née hors de la Palestine, il était important pour moi de remonter à la source de la transmission et de mettre en avant « le parcours de femmes en Palestine et la façon dont elles ont eu à maintenir leurs histoires, leur mémoire malgré le déplacement et l'exil» ajoutera Lina Soualem. Pour sa mère, Hiam Abbas, l'essentiel à ses yeux était que le film ne soit porté sur elle, mais qu'elle devienne «une figure de voyage parmi d'autres femmes» En effet, Hiam Abbass a quitté Tibériade, son village palestinien, pour réaliser son rêve de devenir actrice en Europe. Elle laissera derrière elle sa mère, sa grand-mère et ses sept soeurs. Trente ans plus tard, sa fille, Lina, réalisatrice, retourne avec elle sur les traces des lieux disparus et des mémoires dispersées de quatre générations de femmes palestiniennes. Entre passé et présent, des images familiales tournées par son père et de rares images d'archives, le film se mettra à explorer ce fil de transmission sur différents lieux de mémoire, où plusieurs femmes ont ainsi pu résister, en plein milieu de la guerre... Plaidoirie pour une Palestine forte et libre Une véritable plaidoirie pleine d'humanisme pour la Palestine et notamment pour la population de Ghaza aujourd'hui, menacée de disparaître, comme furent d'autres lieux auparavant. Notons que «Bye Bye Tibériade» sera aux côtés d'autres films arabes, inscrits en lice pour les Oscars, notamment du meilleur long métrage tourné en langue étrangère. On citera l'excellent «Les filles d'Olfa», de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania, qui a pris part cette année au festival international de Cannes, remportant un franc succès. Le film qui comprend, notamment Hind Sabri en tête d'affiche raconte la sombre et triste histoire d'Olfa, une Tunisienne et mère de quatre filles. «Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l'histoire d'Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d'espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés». Autre film arabe qui met la femme au coeur de l'intrigue est le film jordanien «Inchallah un garçon» de Amjad Al Rasheed. Il s'agit du premier film jordanien à être présenté cette année, à Cannes. Il a été en outre lauréat du Prix de la Fondation Gan à la Semaine de la Critique. Ce film raconte le combat d'une femme désespérée pour ses droits à l'héritage, après le décès de son mari.