Trois mosquées ont été profanées dimanche en France et en Russie. Les phénomènes du racisme et de la xénophobie resurgissent une nouvelle fois en Europe. Les musulmans sont souvent les plus visés. En France, deux mosquées ont été profanées dimanche par des croix gammées et des slogans racistes inscrits sur leurs murs et l'une d'elles, à Quimper (nord-ouest), a été la cible d'un incendie criminel, ont indiqué les autorités. La mosquée de Quimper, à la pointe ouest de la Bretagne, a été endommagée par un incendie, dimanche matin, et six croix gammées ont été dessinées sur ses murs extérieurs, selon la préfecture locale. «Les traces d'effraction, le nombre de départs de feu et les croix gammées confirment qu'il s'agit d'un incendie volontaire pour lequel une enquête est ouverte», a indiqué la préfecture. A Carcassonne, des croix gammées et des slogans racistes comme La France aux Français, Les Bougnouls dehors ou Mort à l'Islam, ont été inscrits le même jour sur les murs de la mosquée de Carcassonne. Tous les murs de l'établissement religieux situé non loin de la mairie de la ville ont été recouverts de ces inscriptions, a indiqué une source policière. Tous ont été recouverts d'inscriptions réalisées avec minutie, probablement au milieu de la nuit, selon le responsable départemental de la sécurité publique, Thierry Senichault. Une enquête a été ouverte pour déterminer «si une ou plusieurs personnes sont les auteurs des faits». En Russie, à Moscou, des agresseurs non identifiés ont lancé des cocktails Molotov contre une mosquée de Iaroslavl (centre) dans la nuit de samedi à dimanche, sans parvenir à y mettre le feu, selon le président de l'organisation musulmane locale, Kiouri Khalimov. Un service religieux était en cours et les fidèles présents dans la salle, mais les bouteilles sont restées bloquées par le cadre des fenêtres et n'ont pas explosé, a-t-il précisé. Les attaquants ont aussi lancé des pierres, brisant plusieurs fenêtres de la mosquée et des vitres de véhicules qui stationnaient dans la cour. La chef du service de presse du conseil des muftis de Russie, Goulnour Gazieva, a appelé la communauté musulmane de Russie «à ne céder à aucune provocation, à garder son calme et à passer le mois de Ramadhan dans les bienfaits du jeûne». Le président du Conseil français du culte musulman (Cfcm), Dalil Boubakeur, a « condamné très vivement» ces actes commis au premier jour du Ramadhan. «C'est odieux parce que c'est bête et méchant et c'est manifester une ignorance radicale de l'Islam», a déclaré M.Boubakeur, également recteur de la Mosquée de Paris, en rappelant que le premier jour du Ramadhan «n'a pas de valeur symbolique pour les musulmans, sauf dans l'esprit de l'ignorant». L'association française «mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples» (Mrap) a exprimé, pour sa part, sa «solidarité» aux «musulmans provoqués et souillés». Les raisons de ces actes peuvent être liées aux derniers événements qui ont secoué le monde musulman suite aux déclarations du pape Benoît XVI. Une vague d'indignation a été provoquée par le discours du pape prononcé, le 12 juillet dernier, à Ratisbonne, en Allemagne, dans lequel il évoquait les rapports entre foi, violence et raison dans le christianisme et dans l'islam. La propagation de ces agressions peut être expliquée également par le fait que les gouvernements européens sont plus familiers de la lutte antiterroriste que de celle contre les discriminations. Les attentats en Europe ont, d'ailleurs, rendu plus difficile la vie des immigrés et des autres minorités, comme celle des musulmans. Et les politiques contre le racisme témoignent d'un net relâchement. Par exemple, en France, malgré la présence évidente de l'Islam durant la France coloniale, cette religion continue d'être considérée comme étrangère. Rappelons que six mosquées, en France, ont subi le même sort, en janvier 2003. Des jets de peinture bleue, blanche et rouge ont été perpétrés contre des mosquées de Lille-Sud, Nanterre, Bordeaux, Melun, Paris 11e (rue Jean-Pierre Timbaud) et Paris 19e. Ces actions, qui se sont déroulées sur trois jours, samedi 25, dimanche 26 et lundi 27 janvier, ont été revendiquées par un groupuscule d'extrême-droite, les comités Canal résistance, sur le site Internet SOS Racaille. Ce groupe s'était fait connaître en décembre 2002, lors de l'agression similaire qui avait touché la mosquée de Lyon.