Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, élu fin mars, se rend jeudi au Mali et au Burkina Faso, sa première visite dans des pays de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) qui ont récemment tourné le dos à l'organisation ouest-africaine Cedeao. Il est arrivé en fin de matinée à Bamako et doit s'entretenir avec le chef de la junte le colonel Assimi Goïta, selon une source au sein de la présidence malienne. «Ces visites s'inscrivent dans une dynamique de renforcement des liens historiques de bon voisinage, d'amitié fraternelle, de solidarité et de coopération multiforme», a dit mercredi la présidence sénégalaise dans un communiqué. Le chef de l'Etat sénégalais bouclera jeudi sa 10e visite de pays africains depuis son investiture début avril, «une option qui en dit long sur la place de choix qu'occupent le renforcement du panafricanisme et la redynamisation de l'intégration sous-régionale dans ses priorités diplomatiques», dit un autre communiqué du gouvernement. Son déplacement jeudi sera sa première visite au sein de l'AES, une alliance qui regroupe le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays gouvernés par des régimes militaires arrivés au pouvoir par des coups d'Etat. En janvier, ces trois pays, qui ont tourné le dos à la France, ex-puissance coloniale, avaient annoncé leur retrait de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) qu'ils accusent notamment d'être inféodée à Paris et de ne pas assez les soutenir dans la lutte contre les terroristes. Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a été élu en promettant la rupture avec l'ancien système. Il a dit vouloir faire revenir au sein de la Cedeao ces trois pays. La semaine dernière, lors d'une visite à Accra, le président ghanéen Nana Akufo-Addo lui a demandé de jouer un rôle dans la résolution de la crise entre l'AES et l'organisation régionale. Samedi, il s'était rendu en Guinée, où il a rencontré le général Mamadi Doumbouya qui a pris le pouvoir en septembre 2021 par un coup d'Etat. Le président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye a jugé possible jeudi à Bamako une réconciliation entre la Communauté des Etats ouest-africains et les trois pays du Sahel qui ont rompu avec la Cedeao sous la conduite des juntes qui les dirigent. M. Faye, investi en avril, s'est rendu jeudi chez le voisin malien avant d'atterrir au Burkina Faso, effectuant sa première visite dans deux des trois Etats qui, avec le Niger, ont annoncé en janvier leur sortie de la Cedeao, l'accusant d'être inféodée à l'ancienne puissance coloniale française et de ne pas les avoir assez soutenus contre le terrorisme. Les trois pays ont formé l'Alliance des Etats du Sahel (AES) et fondé une force antiterroriste conjointe. M. Faye a dit avoir longuement parlé de la Cedeao avec le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta. La position malienne, «quoique rigide, n'est pas totalement inflexible», a-t-il dit à la presse au côté du colonel Goïta. La Cedeao est «très malmenée», mais «nous ne devons pas nous résigner et dire qu'on ne peut plus rien faire. Il y a des difficultés, il faut parler aux uns et aux autres et les comprendre et à partir du niveau de compréhension et des écarts de position, voir ce qu'il est possible de bâtir à partir du socle qui est existant», a-t-il dit. «Je ne désespère pas de voir la Cedeao repartir sur des bases nouvelles qui nous évitent la situation que nous traversons aujourd'hui», a-t-il dit sans préciser la forme d'une éventuelle réconciliation.