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La bataille de l'eau continue
Bouira
Publié dans L'Expression le 30 - 07 - 2024

Vue du ciel et par satellite, la wilaya doit avoir l'aspect d'un fromage de gruyère. C'est l'idée qui s'est imposée à nous au salon d'honneur de la wilaya, alors que le wali s'apprêtait à en sortir pour une visite qui a pour objectif la mise en service de trois nouveaux forages, ce mercredi après- midi. Cette idée peut paraître comique, voire complètement loufoque lorsqu'on y pense, mais quand on a le nombre total des forages réalisés dans la wilaya et quand on connaît leur profondeur, on la trouve finalement moins exagérée, moins sotte. Une autre idée... mais n'anticipons pas et laissons-nous entraîner par le mouvement de ces déplacements, dont l'enjeu est ô combien vital! Il sera toujours temps de s'essayer plus tard à la métaphore filée et à faire de l'esprit pour paraître en avoir.
La directrice de l'hydraulique, interrogée par nos soins le 4 juin, à partir de la chambre froide Zoéid, lors de la visite du ministre de l'Agriculture nous faisait cette réponse: l'eau ne manquera pas cet été dans aucune des 45 communes. Ce qui rendait ainsi cette responsable optimiste, c'était l'état des trois barrages: Koudiet Acerdoune, presque à sec en janvier et février, et menacé d'être mis au repos, était à 37 millions de m3, et Tilzdit et Oued Lakhel à 69 et 3 millions de m3. Au 24 de ce mois, soit plus d'un mois et demi plus tard, le pronostic fait par la directrice se révèle exact. Koudiet Asserdoune qui alimente, depuis Maâla, quatre wilayas, en plus 26 communes, a perdu 11 millions de m3. Tilzdit, situé dans la daïra de Bechloul, voit son niveau baisser dans les mêmes proportions. Oued Lakhel a perdu quelque
200000 m3.
Le coup de génie des autorités a consisté à aller chercher le précieux liquide, dont dépend toute vie végétale et animale, dans les profondeurs de la terre. Certains forages, comme celui de Ridane, inauguré l'année dernière s'arrêtait à 130m. Mais d'autres, comme les trois forages, mis en service ce mercredi, dans la commune de Bouira, descendent à 240 m. La moyenne générale du débit se situe entre 0,5 l/s. et 12 l/s.
Les trois forages mis dernièrement en service en fin de semaine au niveau de Gorias1 et Gorias2 sont de ceux dont le débit est le plus élevé.
En hiver, il peut passer de 12 à 30 litres par seconde. Ils vont alimenter en eau potable toute la commune d'Aïn Turk. Cette dernière, souffrant des affres de la sécheresse, ne buvait de l'eau que tous les 9 jours. Avec ces deux forages qui portent le nom du lieudit, une petite localité de 40 habitants, selon les estimations de l'un d'eux, les robinets couleront 1 jour sur deux, sinon tous les jours, selon Mme Bougoffa. Ce n'est pas tout. À ce projet, s'ajoute celui de la Sntv, à un jet de pierre de la Gare routière. Même coût du projet (400000000 de DA) et même débit: 12 litres par seconde. La tension qui pèse sur ces deux communes (Bouira et Aïn Turk) s'en trouve donc résorbée. Et le quota qu'elles recevaient serait dirigé vers les 14 communes, lesquelles verraient les jours de distribution se rapprocher. Creusez la terre de manière «que la main ne passe et repasse», c'est l'eau «qui manque le moins».
Trois grands projets
Voilà comment on peut résumer la stratégie développée par le premier responsable pour suppléer au déficit enregistré au niveau des trois barrages. Peu satisfait des explications de l'intervenante, le wali a apporté des précisions de premier ordre sur l'impact de ces trois forages qui s'inscrivent dans le cadre du programme de l'amélioration de la sécurité de l'alimentation en eau potable. Il faut noter que ces trois projets ont été, depuis janvier autant dire, portés à bout de bras par ce responsable. À cette période de l'année où le barrage de Koudiet Acerdoune, le plus important des trois connaissait une situation si difficile que l'on avait envisagé carrément sa mise au repos. Voyant que sa subordonnée hiérarchique ne parlait, pour les trois projets mis en service, que des enveloppes financières concernant chacun d'eux, il lui reprocha de demeurer au niveau du détail en oubliant les efforts consentis par l'Etat de façon globale. Cette opération, à l'origine de la réalisation des trois forages fait partie d'un programme lancé en 2023 comportant 33 projets, dont 22 sont achevés. Ainsi, ce n'est pas seulement trois forages qui ont été réalisés en six mois, mais sur les 33 forages lancés en 2023, ce sont 22 qui ont été achevés et mis en service. Et ce n'est pas seulement 400 millions de dinars fois trois qui ont été débloqués, mais 650 milliards pour les 22 forages mis en service.
Mais cette métaphore, filée ou non, comment pouvait-elle naître d'un aussi petit nombre? Vingt- deux forages, cela ne fait même pas un demi-forage par commune. En d'autres termes, comment la wilaya peut-elle ressembler à un fromage criblé de trous? C'est oublier que cette dernière dispose au total de 198 forages. Même si 50 d'entre eux sont à l'abandon selon les services de l'hydraulique auxquels nous devons ces détails.
Nous ne pensons pas que ce jour-là le wali ait eu envie de faire de la littérature et de s'inspirer du rôle de quelque personnage que ce soit, mais nous croyons que cet après-midi, en se présentant sur le site de Gorias1, il évoquait Jean Valjean, le principal personnage des Misérables de Victor Hugo. Pas naturellement le Jean Valjean des chandeliers, mais le Jean Valjean de Montreuil sur Mer. Il n'a pas construit d'usine, certes. Mais il pense à une solution qui pourrait faire de ce lieudit Gorias, aux constructions précaires, à deux ou trois km à l'ouest de Bouira, un vrai petit village. Il pourrait même étudier la possibilité de lui changer de nom, celui qu'il porte actuellement n'étant pas du goût de ses habitants. Ces derniers ont proposé Haouch Enasr. Haouch ne cadrant pas avec le progrès, il pourrait soit porter le nom d'un chahid, soit s'appeler tout simplement le village de la victoire.
La promesse d'un nouveau village, ou du moins le recasement de ses habitants, la mise en service des 3 forages qui apportent la vie et l'espoir dans une commune qui en manque cruellement, cela pourrait déjà paraître beaucoup. Pas pour notre nouveau Jean Valjean. Pendant la mise en marche de Gorias1, une bande d'enfants assistent, les yeux agrandis par l'étonnement et l'admiration, à cette opération.
Le wali qui a écouté et noté les doléances des citoyens en promettant une réponse rapide qui les agréerait, voit les quatre ou cinq petits gavroches aussi débrouillards, mais aussi pauvres que le titi parisien. Il va vers eux et commence à leur parler de la seule chose capable de les intéresser pendant les vacances: le foot. Heureux de cette marque d'attention, d'autant plus flattés que leur interlocuteur de marque leur donne à chacun le nom d'un joueur algérien connu, ils vont se retirer, quand le wali leur demande de rester: «Vous allez venir avec nous. Nous allons faire un tour du côté des magasins.» Et voilà les cinq gavroches au comble de la joie de pouvoir échanger leurs vêtements usés jusqu'à la corde contre des costumes neufs.
Un peu plus tard, comme nous prenions par une piste en direction du forage Gorias2, une piste inondée d'eau, suite à un essai de ce forage, le cortège s'arrête. Une jeune femme se tient à bord. Le wali l'a vue et envoie son protocole pour recueillir ses doléances. Est-ce sa vue qui a inspiré cette réflexion à notre collègue? Est-ce son pied fracturé durant ce printemps qui l'élance comme cela lui arrive souvent à la suite d'efforts physiques violents? Toujours est-il que son apologie de la femme au foyer ne trouve pas d'écho dans le fourgon où nous étions entassés par une chaleur accablante. «Regarde cette femme, dit une voix parmi nous. Nous ne savons pas ce qu'elle dit au protocole. Mais nous sommes certains qu'elle lui expose ses problèmes. Songeons un moment à ce qu'elle aurait perdu si elle s'était cantonnée au strict rôle de femme au foyer.» Notre collègue s'est tue, jugeant sans doute l'argument imparable. De son côté, la femme, satisfaite d'elle-même et de son acte plein d'audace est allée rejoindre son mari qu'elle a laissé loin derrière elle sur la route. «C'est l'homme qui devrait être au foyer», ajoute la même voix en guise de commentaire.
Un nouveau programme ambitieux
Le wali était débarrassé d'un gros souci: celui causé par une commune (Aïn Turk, en l'occurrence), où la crise de l'eau était ressentie de manière cuisante. Cette crise, si elle se prolongeait dans les conditions actuelles caractérisées par des températures élevées, elle pourrait toucher sévèrement les 14 autres communes, dépendantes encore du barrage de Koudiet Acerdoune, au plus bas de son niveau, et qui, malgré tout, continue à donner 25000 m3/j. Un souci donc de moins. Restait cependant celui du stockage. Car ce n'est pas tout de produire. Il faut aussi stocker. Et ce qui vaut pour l'agriculture qui cherche à se doter de gros moyens comme les centres de stockage de proximité et les silos, vaut également pour le secteur des ressources en eau. Un nouveau programme de conservation prévoit la construction de quatre grands réservoirs de 10000 m3 chacun. Le wali qui a revêtu, à nouveau, son costume de premier responsable de la wilaya, en mettant la main au dernier forage pour le mettre en marche, a annoncé séance tenante, la pose de la première pierre dès le lendemain d'un réservoir de 10000 m3 sur ce site. Les trois autres, de mêmes dimensions, suivront de près. Ces quatre énormes réservoirs viendront renforcer le dispositif mis en place qui en compte déjà 670, d'une capacité totale estimée à 275053 m3. S'étendant sur 6200 km. Si, après cela, ne vient pas se placer automatiquement l'autre figure de style que nous avons jusqu'ici repoussée avec quelque succès, c'est que nos informations sur les hydrocarbures, les moyens mis en oeuvre pour les extraire, les transporter, les stocker dans des fûts et les raffiner ne nous auraient servi à rien. Plus d'un des assistants, ce jour-là, en voyant l'eau, claire et glacée, jaillir du fond de la terre a dû être frappé par la comparaison: le même procédé pour amener à la surface l'eau des nappes souterraines préside à l'extraction du liquide noir à partir des nappes de pétrole. Au besoin, en voyant l'eau jaillir avec cette puissance du tube d'acier, ce mercredi après-midi, c'est cette image que chacun a dû sentir se lever dans son imagination. C'est de l'eau, c'est de l'eau, juraient cependant les dizaines d'yeux émus par cette simple opération consistant en la mise en service de trois nouveaux forages, Le wali ne criait pas sa joie. Ne riait pas comme un enfant devant ce miracle. Il ne manifestait pas moins son enthousiasme en plongeant ses mains dans le jet d'eau et en s'aspergeant à chaque halte de sa visite. Il a même goûté l'eau de chaque forage. Nos remerciements vont à monsieur le wali qui, malgré le manque de temps, a fourni une partie des informations qui ont permis de faire ce travail. Ils vont également aux différentes cheffes de service de la mobilisation des ressources en eau où nous nous sommes rendus, ce jeudi matin, et dont l'aide nous a été si précieuse dans l'accomplissement de notre tâche. Ce déplacement nous aurait été épargné si la direction de l'hydraulique avait eu l'idée d'afficher ces données essentielles concernant un secteur stratégique de notre économie locale.


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