Rodman avait aussi indiqué qu'il appréciait au plus haut degré le rôle de l'Algérie dans la lutte antiterroriste. «Nous sommes intéressés par un partenariat stratégique et militaire, par la formation d'officiers et une coopération en matière de sécurité, les exercices militaires communs, les échanges d'informations, les achats d'équipements militaires et les échanges entre nos officiers», avait précisé le secrétaire d'Etat adjoint américain à la Défense chargé des questions de sécurité internationale, Peter Rodman, aux chefs de l'Armée algérienne avant de quitter Alger, au terme de sa visite de trois jours. Selon une source du ministère de la Défense nationale, Rodman avait notamment exprimé la crainte de son pays devant la collusion confirmée entre le Groupe salafite pour la prédication et le combat algérien et l'organisation transnationale Al Qaîda. Le secrétaire d'Etat adjoint américain à la Défense chargé des questions de sécurité internationale a informé le gouvernement algérien de l'approbation de Washington d'approvisionner l'Algérie en équipements militaires destinés à la lutte antiterroriste, incluant des véhicules et des appareils de vision nocturne. Rodman, qui a rapporté que l'administration Bush «appréciait beaucoup l'adhésion active de l'Algérie dans la lutte antiterroriste», avait notamment insisté sur le rôle de l'Algérie dans la région au plan sécuritaire. Le volet concernant la lutte antiterroriste dans la Méditerranéen, et le Sahel africain a été une source constante de souci pour Rodman et a pris une importante place dans les rencontres entre les experts du Pentagone accompagnant le responsable américain et les experts de la Défense et de la Sécurité au niveau du ministère de la Défense nationale. Les experts du Pentagone ont montré un grand intérêt concernant l'alliance annoncée entre El Qaîda et le Groupe salafite pour la prédication et le combat, et ont échangé des points de vue avec leurs homologues de la Défense algérienne autour des conséquences d'une telle alliance sur la sécurité dans la région et sur les intérêts des Etats-Unis, et les deux parties «se sont concertées sur l'activation du système d'échange des renseignements concernant les développements de la situation au Sahel africain, à la lumière de l'activité du Gspc dans le grand Sahara». Rodman avait aussi indiqué qu'il appréciait au plus degré le rôle de l'Algérie dans la lutte antiterroriste, indiquant que Bouteflika lui a exprimé «sa volonté d'établir une coopération dans les questions de sécurité et de défense, il y a près de trois ans». Les relations que visait Rodman s'articulent autour de trois axes principaux, et qui sont les priorités étasuniennes en Algérie: le dialogue militaire, les relations stratégiques et la coopération de haut rang entre les deux armées. Ce grand connaisseur du Maghreb, qu'il a visité à plusieurs reprises, nouveau théoricien de la politique américaine au Maghreb, avait bien détaillé ses objectifs: «Les Etats-Unis ne veulent pas de bases militaires en Algérie. Nous voulons augmenter les capacités des forces locales, pas ouvrir des bases. Nous sommes intéressés par un partenariat stratégique et militaire, par la formation d'officiers et une coopération en matière de sécurité, les exercices militaires communs, les échanges d'informations, les achats d'équipements militaires et les échanges entre nos officiers». En termes clairs, Washington pourrait, aujourd'hui, armer l'ANP, chose qu'elle s'était interdite de faire avant les événements du 11 septembre 2001. Devenu «Monsieur Maghreb» depuis quelques années déjà, il a visité la région, à plusieurs reprises, accédant de ce fait au statut de concepteur de la politique américaine au Maghreb, Rodman tente d'inscrire la politique militaire américaine dans le temps, et surtout la maintenir à l'abri des changements qui sont en train d'être opérés au plan interne aux USA, notamment depuis la défaite des républicains aux élections américaines de mi-mandat, largement imputée à la gestion de la crise en Irak, et les résultats de politique internationale et de sécurité qui pourraient en découler. La «guerre totale contre le terrorisme» avait depuis 2001 définitivement planté le décor d'une présence américaine discrète, certes, mais qui va certainement s'inscrire dans le temps dans la région saharo-sahélienne, et on estime «très faibles», hormis celle concernant le dossier irakien, les chances de voir Washington revoir sa politique sécuritaire dans le monde.