Le nouveau ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad Al-Shaibani, a entamé hier une visite officielle au Qatar, sa première dans le pays du Golfe depuis l'éviction du président Bachar al-Assad il y a près d'un mois, selon l'agence de presse syrienne. Le chef de la diplomatie est arrivé à Doha, accompagné du ministre syrien de la Défense, Morhaf Abou Qasra, et du chef des services de renseignement, Anas Khattab, pour «discuter des perspectives de coopération et de coordination entre les deux pays», a indiqué Sana. Leur arrivée dans la capitale qatarie avait été annoncée plus tôt par un diplomate syrien à Doha et un responsable qatari. Le Qatar a été le deuxième pays, après la Turquie, a avoir officiellement annoncé la réouverture de son ambassade dans la capitale syrienne depuis l'arrivée au pouvoir en Syrie le 8 décembre d'une coalition de groupes armés menée par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS). M. Al-Shaibani avait indiqué samedi qu'il se rendrait cette semaine au Qatar, aux Emirats arabes unis et en Jordanie, après son premier voyage officiel en Arabie Saoudite. «Nous attendons avec impatience que ces visites contribuent à soutenir la stabilité, la sécurité, la reprise économique et à bâtir de bons partenariats», avait-il affirmé dans un communiqué sur le réseau social X. Doha avait fermé sa mission diplomatique à Damas et rappelé son ambassadeur en juillet 2011, quelques mois après le début de la répression de manifestations par les forces syriennes. Contrairement à d'autres pays arabes, le Qatar, qui soutenait l'opposition syrienne pendant la guerre, n'a jamais rétabli ses relations diplomatiques avec Damas depuis. Plus de 100 combattants ont été tués ces deux derniers jours dans les affrontements dans le nord de la Syrie entre factions armées soutenues par la Turquie et forces kurdes syriennes, a indiqué hier l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Depuis vendredi soir, les combats dans des villages aux alentours de la ville de Manbij ont fait 101 morts, 85 membres des factions syriennes pro turques et 16 des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes), a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Dans un communiqué, les FDS ont affirmé avoir repoussé «toutes les attaques des mercenaires de la Turquie appuyés par les drones et l'aviation turcs». Les factions pro turques ont repris leurs attaques contre les FDS, au moment même où des groupes rebelles islamistes lançaient le 27 novembre leur offensive contre les forces du président Bachar al-Assad, chassé du pouvoir onze jours plus tard. Elles ont pris aux FDS les villes de Manbij et Tal Rifaat, dans le nord de la province d'Alep. Et les combats continuent depuis avec de lourds bilans humains. Selon l'OSDH, l'objectif des pro Turcs est de prendre ensuite les villes de Kobani et Tabaqa, puis celle de Raqqa et au final chasser les FDS des territoires sous leur contrôle. Les FDS contrôlent de vastes zones du Nord-Est et une partie de la province de Deir Ezzor (est), où les Kurdes ont installé une administration autonome après le retrait des forces du pouvoir au début de la guerre civile en Syrie en 2011. La Turquie voisine considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc). Et son armée cible régulièrement les combattants kurdes en Syrie et en Irak voisin. Le nouveau dirigeant syrien, chef du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmad al-Chareh, a affirmé que les FDS devraient être intégrées à la future armée syrienne. Le groupe HTS a dirigé la coalition des groupes rebelles qui a annoncé le 8 décembre, après son entrée à Damas, la chute du pouvoir Assad. Cette coalition contrôle la grande partie du pays.